Fraîchement nommé à la tête du Montpellier Hérault Rugby, Mohed Altrad veut faire table rase du passé. Le nouveau président a repris avec convictions les rênes du club.
Quelles sont vos ambitions avec le MHR ?
D'un point de vue sportif, tout va bien. La participation à la dernière finale du Top 14 le prouve, surtout pour un club si jeune. On va tenter de consolider les acquis avec une politiquement de recrutement astucieuse avec un effectif plus riche en quantité et en qualité. En revanche, sur le reste, rien ne marche. Sur le plan financier, à deux jours près, le club aurait été rétrogradé. On n’était même pas loin du dépôt de bilan. Idem sur le plan de la gestion et de l'organisation. Notre vocation est d'amener de la rigueur. Mais il a fallu le faire très vite et en très peu de temps. La tâche est énorme.
Alors que Montpellier a atteint la première finale de son histoire, le plus dur comme finalement...
Que Montpellier arrive en finale était une surprise, même si l'équipe n'a pas volé sa place. Notre ambition sportive est d'essayer de conserver notre place dans le Top 6. Mais je considère que pour être un grand club, il faut le sportif, là on est bien, et le reste. Et là, tout reste à faire. Car fin avril, on ne savait pas si on pouvait payer les salaires des joueurs à la fin du mois. Les joueurs ne savaient pas si le club allait déposer le bilan ou si Altrad allait arriver.
"J'ai déjà injecté 5 millions en deux mois"
On parle d'un apport financier de 6 millions d'euros sur 3 ans. Qu'en est-il ?
L'engagement prévu était bien de 6 millions sur 3 ans, mais je vais vous dire ce que j'ai déjà dépensé au bout de deux mois... Nous avons injecté 2,4 millions sous forme d'augmentation de capital pour prendre le contrôle du club et devenir actionnaire majoritaire. Sauf qu'à peine notre arrivée actée, la DNACG est revenu vers nous concernant le budget envoyé par nos prédécesseurs (Jean-Pierre Massine) en émettant des doutes sur telles et telles recettes. Nous avons apporté certains éléments de réponse sur certaines interrogations, mais pas toutes car il n'y avait pas réponses cohérentes pour tout. Le budget était incohérent car il avait validé comme si deux sponsors, dont Nicollin, allaient reconduire leurs engagements. Sauf que ce n'était pas le cas. Altrad a dû s'engager contractuellement à sponsoriser le club à hauteur de 600 000 euros supplémentaires. On est déjà à plus de 3 millions. Puis, il a fallu garantir 10% de la masse salariale à la DNACG sous peine de voir dix contrats de joueurs bloqués. J'ai dû bloquer 1,6 million. Ce qui nous amène à presque 5 millions déjà engagé après seulement deux mois... Aujourd'hui le club est bien financièrement, il n'y a rien à dire. Nous sommes dans une logique d'assainissement de la gestion. Chez Altrad, on ne dépense pas les sous qu'on n'a pas. Après, les problèmes ne sont pas tous réglés. Il existe encore des problèmes de personnes et de clans...
Le contexte montpelliérain, sous fond de lutte d'influence politique, ne vous a-t-il freiné ?
C'est une certitude. Mais j'ai rencontré les différentes décideurs politiques, et notamment Monsieur Moure, le président de l'agglomération, un des plus gros contributeurs financiers. Nous avons été très clair : Ils ont leur mot à dire, mais ils n'ont pas à gérer le club. C'était une des conditions de notre venue. Cela a été acté. Ils peuvent passer des messages, mais ça ne veut pas dire qu'ils seront appliqués. Notre avantage, c'est qu'Altrad n'est pas marqué politiquement. On roule pour personne et tout le monde à la fois. Sans oublier que la disparition malheureuse de George Frêche a néanmoins permis d'apaiser un peu les tensions et de renouer le dialogue.
Fabien Galthié semble être le favori pour succéder à Marc Lièvremont après le Mondial. Avez-vous anticipé cette éventualité ?
Fabien est un très grand entraîneur. Les choses ont été très claires entre nous. Nous en avons discuté en tête à tête avant son départ en vacances. Il tiendra ses engagements et vice versa. Ensuite, je pars du principe que personne n'est irremplaçable et une sélection au plan national ne se refuse pas. Et je ne suis pas là pour le bloquer. Ce sera son choix. Même si mon souhait est qu'il reste avec nous. D'ailleurs, d'autres noms circulent pour remplacer Lièvremont. Fabien est un homme responsable et je suis certain qu'il ne quittera pas le navire sans trouver de solution.
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