Qui veut la peau de Pellegrini
La rédaction

Le coup de sifflet final, mettant fin à l'aventure madrilène en Ligue des champions (éliminé par Lyon), n'avait pas encore retentit hier soir, que la presse espagnole tirait déjà à boulets rouges sur le Real Madrid. Mais surtout sur un homme : Manuel Pellegrini.

Avant même le coup de sifflet final, la presse espagnole avait déjà désigné son coupable : Manuel Pellegrini, le coach des Merengue. Marca titrait : « Adios Champions, adios Pellegrini » (Adieu la Ligue des champions, adieu Pellegrini). Il est vrai que la sixième élimination consécutive du Real, en huitièmes de finale de la Ligue des Champions, peut légitimement inquiéter le technicien chilien sur son avenir personnel à la tête du club madrilène. Surtout quand on sait que la durée de vie d'un entraîneur sur le banc madrilène ne dépasse pas un an, depuis le licenciement de Vicente Del Bosque en 2003. Car l'objectif numéro un de Florentino Perez était bien sûr de remporter la Ligue des Champions, dont la finale se déroulera le 22 mai prochain à Santiago Bernabeu. Avec le recrutement pour 250 millions d'euros de joueurs comme Cristiano Ronaldo et Kaka, il s'était donné les moyens de sa politique.

Capello à la rescousse

Après l'humiliante élimination de la Coupe du Roi par Alcorcon, modeste formation de Segunda B, ce nouvel échec commence à faire beaucoup pour un club qui voulait tout rafler cette saison. Et quand tout va mal, l'homme qu'on place systématiquement au centre du viseur, c'est l'entraîneur. En l'occurrence Manuel Pellegrini, déjà fortement critiqué par la presse espagnole, au soir de la défaite (1-0) à Gerland, lors du match aller. Preuve de la situation délicate de l'entraîneur chilien, mardi sur Radio Marca, Fabio Capello, qui lui aussi n'a pas vécu que des heures heureuses sur le banc du Real, apportait son soutien à Pellegrini : « Pellegrini fait un travail fantastique. Il avait besoin de temps pour assembler l'équipe. Il a apporté de la confiance aux joueurs ».

« Il a signé son acte de décès en tant que technicien »

Mais malgré la pléiade de stars dont il dispose, « l'Ingénieur » n'a toujours pas trouvé la bonne formule et n'arrive pas à mettre les exceptionnelles individualités comme Cristiano Ronaldo ou Kaka au service d'un collectif. La presse ibérique n'hésite donc pas à critiquer ouvertement ses choix, comme El Mundo Deportivo, juste après le coup de sifflet final : « Pellegrini avait signé l'acte de son décès comme technicien en faisant rentrer Raul à la place de Kaka. L'ultime solution de l'entraîneur chilien fut de faire rentrer Mahamadou Diarra. Les Lyonnais s'en régalaient à l'avance ». Sur son Twitter, ce matin, Diogo Kotscho, le directeur de communication de Kaka, visiblement irrité par le remplacement de son poulain, s'en est lui aussi pris publiquement à Pellegrini : « Un technicien lâche désigne toujours un joueur pour masquer sa propre incompétence ».

Pellegrini : « Je ne démissionnerai pas »

Il faut dire qu'en conférence d'après-match, en justifiant cette élimination par le faible niveau de la Liga, Manuel Pellegrini n'a certainement pas retourné l'opinion médiatique en sa faveur. L'entraîneur madrilène a cependant réaffirmé son intention de continuer son travail sur le banc du Real Madrid : « Je l'ai déjà dit par le passé : je ne démissionnerai pas. Ce n'est que le début de l'aventure. Nous avons des objectifs communs qui vont plus loin que cela. Je ne pense pas que le projet soit fait sur un an. Il faut tourner la page. Mes prédécesseurs, comme Capello, ont perdu aussi en 8es de finale avant de gagner le championnat. C'est un projet sur la durée, on ne va pas limoger quelqu'un, on voit plus loin. Si je continue l'année prochaine ? Il faut le demander au comité directeur ».

Valdano : « Pas de licenciement »

Le directeur sportif du club, Jorge Valdano, cible lui aussi privilégiée des médias et des supporters, a en tout cas tenu à démentir toute intention de licenciement : « C'est un immense plantage mais il a un contrat. Les projets du club prévoient que Manuel Pellegrini reste l'entraîneur du Real Madrid. Il est l'entraîneur du Real, on le respecte et nous faisons confiance à son travail ». Si la presse espagnole est très critique à l'égard du coach madrilène, l'opinion publique l'est beaucoup moins. Dans un sondage, elle impute cet échec principalement aux joueurs (54 %), à Florentino Perez (36 %) puis à Manuel Pellegrini (6 %) et Jorge Valdano (4%). Selon un autre sondage, 88 % des votants ne pensent pas que Pellegrini soit responsable de cette élimination. Pour eux le véritable coupable, c'est Gonzalo Higuain, responsable à 74% de cet échec. On voit mal tout de même Manuel Pellegrini rester à la tête du Real s'il ne remporte pas dès cette année la Liga. C'est désormais sa seule chance de conserver son poste.

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