Au cœur du soulèvement de l’Olympique de Marseille qui occupe actuellement la place de leader du championnat, José Anigo explique qu’il n’a pas endossé le rôle de patron et met l’accent sur le travail collectif réalisé en coulisse.
Nous posions le débat avec l’œil de notre consultant Daniel Bravo jeudi, José Anigo est-il l’élément-clé du renouveau de l’OM en championnat, alors que le club n’avait pas réalisé un aussi bon début de saison depuis 80 ans ? Le principal intéressé a tenu à éclaircir le sujet dans les colonnes de L’Equipe et s’agace de ce genre d’insinuation. Pourtant, le départ de son rival Didier Deschamps a considérablement apaisé les tensions internes au club et le mercato s’est déroulé dans une certaine sérénité.
« Ca m’énerve ! »
José Anigo n’a pas repris le pouvoir à l’OM et il le fait savoir. Le directeur sportif phocéen, qui se félicite de l’excellent début de saison ainsi que du mercato réalisé par le club, précise que ce résultat n’est pas le fruit de son seul travail et qu’il n’est pas le « boss » à l’OM : « Ca m’énerve ! Le patron s’appelle Margarita Louis-Dreyfus. Ensuite, il y a Vincent Labrune, qui gère le club au quotidien. Moi, je suis un salarié du club. On pense toujours que je fais la pluie et le beau temps, mais c’est faux. La meilleure des preuves, c’est que l’an dernier j’ai passé sept mois en retrait ! Je fais mon job et j’essaie de le faire le mieux possible », affirme Anigo. Pourtant, l’ancien entraîneur local semble avoir indéniablement changé de position depuis le départ de Didier Deschamps et a retrouvé une certaine proximité avec les joueurs.
Le retour au premier plan
Un directeur sportif, qu’il soit ou non apprécié par le vestiaire de son équipe, se doit d’être directement impliqué dans la vie du groupe au quotidien. C’est peut-être ce qui avait manqué à l’OM la saison passée, puisque José Anigo avait décidé de prendre un léger recul en raison de la présence de Deschamps : « J’ai retrouvé du plaisir, tout simplement. Bien sûr, ce n’est pas agréable. J’ai trouvé ça un peu injuste, mais dans le foot ça va vite et je préfère passer à autre chose. Je l’ai vécu, voilà, explique t-il avant d’évoquer le départ du champion du monde 98. Un soulagement, non. Parce que, de toute façon, je n’aurais pas continué comme ça. Tu ne peux pas vivre à l’écart pendant des années. La situation ne pouvait pas perdurer. À un moment, il faut être heureux et je ne l’étais pas. Mais ça m’a endurci. Je travaille à nouveau dans tous les domaines sportifs, auprès des joueurs, avec Élie, dans le recrutement. Tout ce qui fait qu’un directeur sportif se sent utile ». Un retour aux fondamentaux, qui a notamment permis à l’OM de réaliser un mercato plutôt ambitieux malgré un manque de moyens évident.
Barton, Azpi, Rémy : Anigo a su gérer
Fin connaisseur des subtilités du mercato, José Anigo connait mieux les quiconque le genre de profil qui pourrait faire sensation du côté du Vélodrome. Joey Barton semble clairement faire partie de cette catégorie : « J’ai trouvé un homme sympathique et intelligent. Il peut te parler de tout. Quand on a discuté avec lui, on n’a pas eu l’impression qu’il était fou. J’espère qu’il pourra se relancer chez nous », explique Anigo avant de poursuivre les cas Loïc Rémy et César Azpilicueta : « Loïc est là et on sait bien qu’il n’y a jamais de joueurs intransférables. On verra en janvier. Peut-être partira-t-il, peut-être pas. Ça dépend des offres qu’on aura ou pas [...] On a perdu Azpilicueta, qui était un joueur de très haut niveau. Mais il fallait le faire, on n’avait pas d’autre choix ». Désormais, avec son statut de leader intouchable du championnat, l’OM fait de l’ombre à son ennemi parisien.
Quand le démuni passe favori...
Relégué à six points de l’OM, le PSG devra rapidement faire son retard s’il souhaite passer l’hiver dans une situation plus confortable que l’actuelle. Mais José Anigo ne craint pas l’ogre parisien armé de ses stars et entend même lui donner une leçon cette saison : « Cette équipe est bâtie avec des stars. S’ils ne sont pas champions, c’est une faute professionnelle. Ils ont tellement de talents. Ibra, quand tu le vois se développer… Il te gagne le match à lui seul. Ici, on l’a toujours (NDLR : La pression). Marseille reste Marseille, on ne nous demandera jamais de jouer le milieu de tableau. Et on sait aussi qu’on a du talent. On n’arrive pas avec une équipe cacahuète. Une fois qu’on enlève Paris, on est là pour jouer le reste », annonce Anigo qui espère donc conserver le plus longtemps possible son avance sur le PSG et ainsi continuer à rebâtir peu à peu les fondations du club marseillais.
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