René Girard est en train de réussir une grande saison avec Montpellier. Et pourtant, rien ne prédestinait l'entraîneur héraultais à découvrir la Ligue des champions.
René Girard va-t-il décrocher le gros lot ? A deux journées de la fin du championnat, Montpellier a le titre de champion de France qui lui tend les bras. Ce serait un joli pied de nez pour l’entraîneur héraultais, qui, il y a presque vingt ans, avait délaissé le monde du football pour ouvrir un presse-loto à Nîmes. Lassé, voire écœuré par trop de déceptions et même de trahisons, il avait donc pris une année sabbatique. Peut-être décisive à sa reconstruction.
Giresse : « Une coupure utile » « La vie est faite d’expériences juge son ancien coéquipier Alain Giresse. Cette coupure lui a été forcément utile, mais indispensable, je ne pense pas. Une carrière d’entraîneur n’est jamais rectiligne poursuit le sélectionneur du Mali. On traverse toujours des périodes délicates qui peuvent nous façonner. Quand il a fait ce choix de tourner le dos au football, ce n’était pas par renoncement ou abattement, il a juste eu besoin de digérer une situation difficile. » C’est au FC Pau (CFA) qu’il s'est relancé en 1996, avant de sauver Strasbourg de la relégation en première division l'année suivante. Mais c’est surtout un homme de convictions qui l’a remis dans le droit chemin. Un certain Aimé Jacquet qui venait de remporter la Coupe du monde et qui lui a ouvert les portes de la DTN. Il intégrera directement le staff de l’équipe de France dirigé par Roger Lemerre. Même Zinedine Ziadane y est allé de sa petite phrase : « Son parcours avec Montpellier ne me surprend pas. C’est un mec adorable, qui démontre ce qu’il sait faire. Ça a pris du temps, mais il n’a rien lâché, a travaillé, bossé, il est passé par toutes les étapes : son travail paie et est en train de le récompenser. » Un travail qui va le mener jusqu'à la Ligue des champions qu'il va découvrir, comme Montpellier.
Di Méco : « Girard a bien géré la crise » René Girard est un sanguin, un râleur, certains iront même jusqu'à dire une « tête de con ». « Il est actif et réactif. Mais c'est surtout un gagneur tempère Alain Giresse. On se souvient d'ailleurs de la brouille avec Louis Nicollin la saison dernière. « S'il veut faire la gueule, on changera. Il y en a un paquet qui veulent entraîner Montpellier » avait déclaré le président. Par bonheur, Girard est resté. Et dans ce dernier virage qui mène au sommet de la Ligue 1, son rôle va être primordial. « Psychologiquement, il ne faut pas craquer. Il faut du calme et de la sérénité. Il doit avoir cette capacité à détacher les joueurs de cette pression afin qu'ils gardent de la lucidité » poursuit l'ex-milieu des Bleus. Et selon Eric Di Méco, René Giarard a tout compris. « Il a bien géré la crise qui a secoué son équipe. Le « tout le monde nous en veut » ou « on ne veut pas qu'on soit champions », c'est un bon coup. En plus, René est fort pour ça. Il prend la pression sur lui en s'en prenant à la presse. » Mais en dehors des terrains, René Girard n'est plus le même homme. « C'est un homme de la nature, un homme de terroir. Il est authentique, entier » plaide son ami Alain Giresse. Dans deux matchs,quand la saison sera terminée, il pourra exulter. Et l'homme, longtemps resté dans l'ombre, pourra enfin prendre la lumière. Il pourra alors retourner tranquillement dans son presse-loto fétiche à Nîmes pour se ressourcer. Car la saison prochaine, les emmerdes vont reprendre de plus belles !