Depuis dix ans, la Ligue 1 n'a jamais été aussi prolifique. Nombres de buts en hausse, spectacle de plus en plus attrayant, mentalités tournées vers le jeu et l'offensive... Décryptage de cet épiphénomène qui pourrait bien durer.
Valenciennes - comparé il y a peu au Barça du Nord, Montpellier - dauphin de Bordeaux, Lille - qui affole les compteurs ou encore Lorient, capable d'allier collectif et efficacité : la Ligue 1 est-elle en train de se métamorphoser ? Au regard des statistiques, la mue est bien réelle. (voir ci-dessus) Un regain offensif qui s'explique avant tout d'un point de vue technique. Si les défenses semblent moins solides cette saison, la hausse des buts sur coup de pied arrêtés est un facteur prépondérant, qui implique de surcroît des tireurs de meilleure qualité. La L1 a perdu Juninho, son maître en la matière, mais a récupéré Nenê (Monaco) et Costa (Montpellier), et peut toujours compter sur ses valeurs sûres : Wendel (Bordeaux), Obraniak (Lille)... Ces joueurs qui ont la dalle Et que dire du potentiel offensif bien plus conséquent des grosses cylindrées. « Avant, une équipe disposait en moyenne de trois attaquants, souligne Joël Muller, directeur technique de Metz. Aujourd'hui des équipes comme Lille ou Rennes peuvent largement doubler les postes en attaque. La concurrence évite de se reposer sur ses lauriers et impulse une motivation supplémentaire, à l'image de chaque rentrée de Valbuena. » Autre élément : les milieux de terrain ne sont plus seulement des pourvoyeurs de ballons. Les Marveaux, Gourcuff, Sissoko, Cabaye peuvent tout faire et de plus en plus se transformer en buteurs. Les discours et l'arrivée d'une nouvelle génération d'entraîneurs sur les bancs de l'élite semble aussi être une conséquence de cette embellie aux tableaux d'affichage. Des coachs plus jeunes qui prônent un jeu axé sur l'attaque et la possession de balle. Pablo Correa, en début de saison, voulait même révolutionner la manière de jouer de Nancy ! « Certes les discours sont novateurs, mais ils ne se traduisent pas forcément sur le terrain », tempère Olivier Rouyer, consultant pour Canal +. Et de nos jours, la communication est primordiale. Les discours ultra-défensifs ne sont plus dans la mouvance. Une évolution plus qu'une révolution Fini donc le temps où l'on se contentait du point pris au terme d'un 0-0. Où l'on préférait gérer plutôt qu'attaquer. Les équipes ont faim de jeu, de buts, d'émotions. « On est revenu à ce qui fait la force du football : prendre du plaisir et marquer des buts, remarque Joël Muller. Il y a une évolution des mentalités et la qualité des équipes et du jeu augmentent considérablement. Les joueurs sont plus ambitieux aussi bien dans la prise d'initiative que dans le résultat. » Et l'appétit de Lille, Bordeaux, Marseille ou encore Lorient rejaillit sur l'ensemble du football français. Ce sont des moteurs. On s'en inspire. On veut connaître la même réussite, les mêmes sensations. S'habituer à marquer souvent et régulièrement. Un renouveau du football hexagonal qui devra se vérifier sur plusieurs saisons mais qui commence à se voir à l'échelle européenne. Les clubs français sont en train de rattraper leur retard. Mieux, ils redeviennent compétitifs en Coupe d'Europe. Le Real Madrid peut vous en parler...
Zoom sur d'autres stats: Coups de pied arrêtés: Qui a dit que Bordeaux ne serait rien sans ses coups de pied arrêtés ? A la lecture des statistiques, il apparaît comme une évidence que les coups de patte de Wendel et autres Gourcuff ne sont pas la seule raison du succès bordelais. Les Girondins doivent en effet 34,1% de leurs buts aux phases arrêtées. Soit un peu plus d'un tiers. Un chiffre qui les place seulement en... dixième position en Ligue 1 ! Pour Monaco, leader incontesté (54,8%) et Marseille (50%), les coups de pied arrêtés représentent un but sur deux. Paris, de son côté, sait sur quoi travailler. Avec 18,2% de buts marqués sur ces phases, le club de la capitale fait figure de mauvais élèves, seulement battu par Toulouse (15,4%). Possession de balle: Là, en revanche, les Girondins ne surprennent pas. Les hommes de Laurent Blanc aiment le ballon, et les statistiques leur font honneur. Avec 58,5% de moyenne, les Bordelais sont ceux qui monopolisent le plus le ballon en Ligue 1. Et l'OM les talonne de près, avec 58,4%. Le Top 3 est d'ailleurs réservé aux cadors, puisque Lyon squatte la troisième marche du podium (56,8%). Derrière, pas surprenant de voir figurer en haut de l'affiche des équipes qui ont la réputation de bien jouer au ballon (Lille, Rennes, Montpellier, Valenciennes), même si l'on peut s'étonner de l'absence d'un Lorient (14e avec 49%) à la réputation pourtant flatteuse. Paris, de son côté, est encore du mauvais côté du classement (13e avec 49,2%).