Souvent décrié durant la Coupe du Monde, Jabulani, le ballon officiel du Mondial ne se dégonfle pas. Malgré les critiques et les quolibets, il croit encore en ses chances de figurer en Ligue des Champions.
Jabulani, comment vous sentez-vous au terme de cette difficile Coupe du Monde ?
D’abord fatigué ! Soixante-quatre fois quatre-vingt-dix minutes sans compter les prolongations et les penalties dans certains matches, je peux vous assurer qu’il faut être costaud. Ensuite, un peu énervé, car les critiques n’ont pas cessé durant le Mondial. Mais ne croyez pas que je vais en rester là, il va y avoir des règlements de compte…
Que voulez-vous dire ?
Les critiques ont débuté bien avant le début de la compétition. On parlait déjà de ma légèreté, de mes trajectoires. Les entraîneurs et les gardiens se sont plains, les tireurs de coup-franc également. Mais vous pensez vraiment que c’est de ma faute si les portiers ont des gants en peau de pèche ou si les joueurs ne savent plus tirer les corners ? Sans compter que j’étais disponible pour toutes les équipes du Mondial bien avant le début de la compétition. Ils avaient donc assez de temps pour s’y habituer.
Vous pensez donc que la faute vient des joueurs ?
Evidemment ! Vous avez vu tous les buts casquettes qui ont été marqué durant ce Mondial. Je n’ai jamais vu ça ! Tous les gardiens étaient en mousse. Pas un pour rattraper l’autre. Idem pour les coups francs. Je n’ai jamais vu autant de ballon envoyer au troisième poteau. C’est évidemment plus simple de rejeter la faute sur moi. Mais le problème est ailleurs.
Mais vous concevez quand même que votre trajectoire n’est pas identique aux autres ballons ?
Et alors… (Pris de chaleur, il enlève sa veste en cuir) Excusez-moi de proposer de la nouveauté. Je peux vous assurer que certains ne s’en plaignent pas. Grâce à moi, plusieurs mauvais tireurs de coup-franc vont se trouver bon. Une simple frappe coup de pied très fort et hop, le but est possible. Encore faut-il cadrer ! Mais ça, ce n’est pas de mon ressort. ! (Rires bondissants)
Récemment, les scientifiques de la NASA ont fait des études sur vous. Leurs résultats ne sont pas très flatteurs. Ils considèrent que vous êtes imprévisible, notamment à cause de votre poids, 440 grammes. Vous en pensez quoi ?
Honnêtement, que vient faire la NASA dans le football ? Qu’est ce qu’ils y connaissent ? Je ne préfère pas m’intéresser à ce style d’étude. Moi je fais confiance à Adidas qui m’a toujours soutenu. Ensuite, les problèmes de poids, c’est dans l’air du temps. C’est souvent de la jalousie. J’ai connu ça avec Europass, le ballon de l’Euro 2008. Lui pèse 444 grammes. Vous me croirez ou pas, mais les 4 grammes d’écart l’ont toujours fait chier. C’est comme ça, c’est la vie.
Il paraît pourtant qu’à partir de 72km/h, vous êtes totalement incontrôlable ?
Encore une belle bêtise ! Maintes fois, j’ai dépassé cette vitesse sur le périph’ au guidon de mon scooter et jamais je n’ai perdu le contrôle. De plus, sachez monsieur, que je n’appartiens à cette famille de ballons de plage qui s’envolent aux quatre vents. Cette famille est une véritable honte pour notre confrérie. Moi je suis un ballon de football, un vrai. On ne rebondit pas dans la même catégorie.
Plusieurs joueurs et même plusieurs spectateurs ont dit que vous étiez un ballon maudit qui virevolte au gré de son humeur versatile. Alors permettez-moi de vous poser la question : Est-ce que vous vous dopez ?
Vous savez, ce n’est pas parce que je suis joyeux* que je consomme des drogues illicites. Même si je ne crache pas sur un petit joint de temps en temps, je n’ai jamais pris de produit. Les aiguilles que j’ai utilisées ne provenaient que de mon gonfleur. Et tout ça, dans une hygiène totale.
Le Mondial se termine, comment voyez-vous votre avenir ?
Ne croyez pas que je vais me dégonfler aujourd’hui, je compte bien rebondir dans d’autres compétitions. J’ai écrit à Michel Platini, le président de l’UEFA, pour me proposer comme ballon officiel de la prochaine Ligue des Champions. J’attends sa réponse, on verra bien. Sinon, j’ai prévu de prendre un peu de vacances. Mais je m’entretiens. Un peu de gonflette de temps en temps pour rester en forme. Car ne l’oubliez pas, je reste le plus rond de tous.
*Jabulani signifie "être joyeux" en zoulou