Benfica a un gros point faible
La rédaction

Hôte de l'OM, jeudi, le Benfica Lisbonne part favori en 8es de finale aller de la Ligue Europa au Stade de la Luz. Le club portugais dispose de nombreux atouts mais connaît un gros point noir depuis le début de la saison.

Les points forts

2,6 buts de moyenne par match : Oscar Cardozo est le joueur le plus méconnu de cette équipe pour nous Français. Mais il s’agit du joueur le plus efficace de Benfica. A 26 ans, le Paraguayen a marqué 48 buts en championnat depuis son arrivée en 2007 au Portugal il y a trois ans. Cette saison, il tourne à 0,8 but par match ! Pour ne rien gâcher à ces chiffres, ce profil à la John Carew (1,93 pour 83kg) est l’attaquant benfiquiste le plus prolifique du XXIe siècle avec 26 buts toutes compétitions confondues cette saison. Il devance des pointures comme Pierre van Hooijdonk (23 unités en 2000-2001), Simão Sabrosa (22 en 2004-2005). Surtout, il est le parfait complément de Javier Saviola, qui ouvre les espaces par sa profondeur et sa rapidité pour lui laisser le champ libre dans la surface de vérité. Résultat : 96 buts ont été inscrits cette saison toutes compétitions confondues, soit un ratio de 2,6 unités par match. A titre de comparaison, l’OM en a inscrit 73 (47 en Ligue 1, 7 en Coupe de la Ligue, 3 en Coupe de France, 10 en Ligue des Champions et 6 en Ligue Europa League). «Ils ont un jeu typiquement portugais, très technique, rapide avec beaucoup de qualité. Di Maria est très impressionnant, très rapide et il effectue des débordements qui font des ravages.», assure Chris Waddle, attentif contre Everton. 

Une équipe type immuable : La dernière défaite du Benfica Lisbonne date du 31 octobre 2009, sur le terrain du Sporting Braga (0-2). Il s’agit ici de la troisième et dernière défaite du club lisboète cette saison. La première, il faut aller la chercher au tour préliminaire retour de la Ligue Europa contre les Ukrainiens de Vorskla Poltava (2-1). Et encore, l’aller avait déjà été assuré (4-0). Enfin, l’AEK Athènes avait dominé les Portugais le 1er octobre en phase de poules (1-0). Depuis, le Benfica impressionne par son équilibre attaque-défense. Deuxième défense de la Liga Sagres (11 buts encaissés en 20 matches), Benfica n’en a encaissé que 6 en 10 matches sur la scène européenne, où le club compte le meilleur buteur (Oscar Cardozo, 6 buts) et le meilleur passeur (Angel Di Maria, 6 passes). Sur ses cinq matches disputés à domicile en Europa League cette saison, Benfica a marqué 17 unités. Contrairement à l’OM, son équipe type est immuable (Cesar – Amorim, Luisão, Luiz, Peixoto – Garcia, Ramires, Di Maria, Aimar, Saviola, Cardozo) et compose un 4-4-2 en losange qui offre une vraie liberté à leurs deux milieux latéraux, excentrés comme des ailiers. «J’ai vu leurs deux matches contre le Hertha et c’est une équipe de grande qualité européenne, un adversaire de très haut niveau, souligne Didier Deschamps. C’est un club avec un très gros vécu, une grosse histoire que l’on n’a pas trop vu ces dernières années mais qui fait partie des grosses écuries de cette Europa League.»

Un entraîneur à la Mourinho : Jorge Jesus porte bien son nom. Pour contester la suprématie de Jesualdo Ferreira et du FC Porto, l’actuel entraîneur du club lisboète a été débauché à Braga l’été dernier et il est déjà comparé à José Mourinho. Dans sa manière de gérer son effectif et d’essayer de produire du beau jeu, il semble même un cran au-dessus. A 55 ans, il a un contrat jusqu’à la saison prochaine mais il attire déjà la convoitisede plusieurs clubs européens.

Les points faibles

Manque de caractère : Cette saison, le Benfica Lisbonne n'a jamais gagné une rencontre où il n'a pas défloré le tableau d'affichage. Si les Marseillais ouvrent la marque, ils auront donc toutes les chances de l'emporter. Cet aspect met en lumière le manque de capacité de réaction des Portugais, qui ont perdu l’habitude d’être menés au score. Un domaine où les Marseillais excellent cette saison. «L'an dernier, par exemple, s'ils menaient au score, ils avaient tendance à se relâcher, ils se contentaient de gagner 1-0, affirme dans La Provence Nicolas Godemèche, Marseillais de naissance qui joue actuellement à Naval. Cette année, s'ils peuvent en mettre 3, 4, 5, ils poussent jusqu'au bout, ils ne gèrent pas».

Des latéraux très offensifs : Si la charnière Luisão -David Luiz donne des gages de satisfaction certains, elle ne peut compenser certaines carences propres à tout défenseur d’axe central. La faille du club portugais semble se trouver ici-même puisque Luisão, grand, costaud et très habile dans le placement, souffre dans le domaine de la vivacité. David Luiz doit donc s’arracher pour colmater les rares brèches. Nicolas Godemèche donne une autre piste : «Leurs latéraux montent beaucoup, l'Uruguayen Maxi Perreira à droite et Cesar Peixoto ou Fabio Coentrao à gauche. Alors il y a des coups à jouer au moment de la récupération du ballon. L'OM doit réussir à vite se projeter vers l'avant, car Benfica n'a qu'un seul milieu récupérateur, Javi Garcia, et les joueurs offensifs tardent souvent à se replacer».

Victime de son succès : «Il n’y a quasiment que des internationaux dans cette équipe», admet Lucho Gonzalez. Sortir et exposer des joueurs de talent est toujours flatteur pour un club mais l’inconvénient, c’est qu’ils jouent beaucoup plus que les autres. Ils vont donc commencer, tôt ou tard, à tirer la langue, à être cuits. «En Ligue Europa, toutes les équipes sont pratiquement au niveau Champions League, le seul problème est que les matches se jouent le jeudi et il y aura un problème de récupération par rapport au championnat», confirme Didier Deschamps. Par exemple, Di Maria a fait un match énorme mercredi dernier avec l’Argentine de Diego Maradona contre l’Allemagne. Ramires, ancienne star de Cruzeiro transféré l’été dernier, a également fait un match plein avec le Brésil contre l’Irlande à Londres en multipliant les courses vers l’avant.

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