Plutôt à l'apaisement depuis quelques jours, le climat entre les Algériens et les Egyptiens risque de se dégrader à nouveau après la sortie médiatique de Mohamed Zidan, certain de la supériorité de son équipe.
Conscient des risques que suscite cette demi-finale entre "frères arabes", l'attaquant égyptien du Borussia Dortmund, Mohamed Zidan y est allé,
aujourd'hui
, d'une nouvelle provocation à l'encontre des Algériens, après celles qu'il avait orchestrées ennovembre
dernier, à la veille de la confrontation de Khartoum, en match barrage qualificatif pour le Mondial.Interrogé sur un éventuel esprit revanchard des Egyptiens, Zidan s'est montré on ne peut plus clair. "Ce match c'est comme une guerre. Nous allons devoir gagner coûte que coûte. Nous sommes meilleurs que les Algériens et nous allons prouver au monde entier que nous méritions d'aller au Mondial", nous a confiés le sulfureux stratège égyptien. Très motivée, la sélection égyptienne s'est surtout attelée à une préparation psychologique plus que tactique. "Nous n'avons jamais battu les Algériens sur terrain neutre, c'est un avantage psychologique certain pour eux. Mais, notre
jeu
est bien plus séduisant, il faut désormais préparer les joueurs sur le plan mental. Noue ne pourrons pas revivre une désillusion comme celle de Khartoum" prévient un membre du staff technique égyptien.Très peu d'engouement à Benguela...
Côté coulisses, l'affiche algéro-égyptienne est bien loin de susciter l'intérêt des habitants de Benguela, située à près de 700 kilomètres de la capitale angolaise, Luanda. Point de supporters algériens ou égyptiens dans les rues, aucune publicité apparente promouvant le match et encore moins de signes de ferveur chez les responsables locaux. "Nous connaissons le contentieux qui oppose les deux pays, mais, ici, c'est l'Angola, nous sommes bien loin de l'Algérie et de l'Egypte. Si des supporters affluent des deux pays, ils seront les bienvenus d'autant plus qu'ils feront marcher le commerce local. S'il l'idée de s'affronter au stade leur traverse l'esprit, nous saurons réagir" assure un officiel du COCAN, dépêché sur les lieux.
Seule inquiétude toutefois, les officiels de la Confédération africaine de football (CAF) ainsi que les forces de police angolaises sont sur la défensive, limite agressifs à un peu plus de 24 heures de la rencontre.
Hier
, la tension est montée de plusieurs crans entre une cinquantaine de journalistes venus du monde entier et les agents se sécurité postés devant le stade de l'Académie Petroles de Lobito, où s'entraînaient les Fennecs. Interdits d'accès dans un premier temps, les reporters et les photographes ont finalement été autorisés à assister à la séance seulement quinze minutes.Mais, en réalité, les journalistes ont été expulsés manu militari au bout de huit minutes ! "Ils essayent de nous provoquer comme ils l'ont déjà fait avec les journalistes ghanéens, la veille du quart de finale entre le Ghana et l'Angola. Mais, malheureusement pour eux, nous (les Algériens) sommes plus nombreux. Ils ne parviendront pas à nous casser ni à provoquer des affrontements avec l'Egypte" protestait un reporter algérien à la sortie du stade.
Conscientes de l'engouement que suscite cette rencontre au pays, les autorités algériennes ont décidé de participer financièrement à l'envoi d'un millier de supporters via l'agence d'Air Algérie, la seule en mesure d'assurer plusieurs vols dès
demain
matin. Revu à la baisse, le prix du billet comprenant également l'accès au stade et le transport reviendra à 600 euros par personne. Prévu un temps, la possibilité d'un nouveau pont aérien, cette fois entre Alger et Luanda, a finalement été abandonnée en raison du coût excessif des billets d'avion et de l'hébergement (300 à 500 dollars en moyenne par chambre). Mais il en faudra bien plus pour décourager les nombreux supporters des Fennecs, comme l'ont prouvé Anis, Sid Ahmed, Sofiane et Malika.Ces quatre ressortissants canado-algériens n'ont pas hésité à se déplacer de Montréal pour assister au quart de finale. "Nous avons trouvé des billets aller-retour pour 2000 euros chacun, deux nuits d'hôtel pour 500 dollars par tête et la location d'un véhicule pour 180 dollars la journée. Sinon, tout va bien..." plaisantait la petite troupe, rencontrée cet après midi dans un supermarché de Benguela.
Même moral d'acier pour Lamri, commercial algérien établi au Congo-Kinshasa et fervent admirateur de Mourad Meghni. "Je m'étais juré de venir en Angola si l'Algérie et l'Egypte se rencontraient à nouveau. Sincèrement, même si j'aime mon équipe, je ne pensais vraiment pas que nous allions dominer la Côte-d'Ivoire de Drogba. Mais, maintenant, je suis sûr que nous remporterons cette deuxièmes CAN qui nous fuit depuis vingt ans !"
Texte et photos : Farouk Doukhi à Benguela