Captain Pat avait tout misé sur cette saison pour tirer sa révérence internationale en haut de l'affiche. Privé de Mondial, il se retrouve avec de l'amertume plein la bouche. Et des regrets par-dessus les gencives.
Au même âge que le Christ, Patrick aura été crucifié. Cloué la liste de l'hôtel Pezuela (résidence des Bleus en Afrique du Sud) où figureront 23 malheureux noms, mais pas le sien, qui avait pourtant été déjà cité 107 fois en équipe de France avant ce tragédique 11 mai 2010. Sa déception est à la hauteur du défi qu'il s'était lancé voilà moins de six mois : se refaire une santé pour partir en balade dans sa quatrième Coupe du monde.
MAIS POURQUOI JE SUIS PARTI... Les saisons de Vieira à l'Inter Milan maigrissaient à vue d'œil (35 participations en 2006/2007 contre 16 durant l'exercice 2008/2009, toutes compétitions confondues!). L'ancien capitaine des Bleus, champion du Monde 1998 et d'Europe en 2000, choisit alors de plier bagage en début d'année. Direction le richissime club de Manchester City et ses vedettes Adebayor et Tevez. Objectif : trouver du temps de jeu et en finir - au moins pour six mois - avec les blessures à répétition. Ça commence plutôt (très) mal puisqu'il doit patienter 3 semaines avant de pouvoir faire son retour dans le championnat anglais (mollet douloureux). Le 6 février, ses crampons se posent enfin sur le gazon britannique (Entré en jeu face à Hull City). Pour sa première titularisation, trois jours plus tard contre Bolton, il délivre une passe décisive à Adebayor et les médias se mettent à rêver avec lui. Et s'il réussissait son pari ? Quatorze rencontres plus tard, entrecoupées d'une suspension et d'épisodiques blessures, la réponse est non.
Pendant ce temps, l'Inter Milan renverse l'Europe. Tombeurs du Barça, les Nerrazzuri de José Mourinho touchent du bout des doigts un triplé magique. La Coupe d'Italie est déjà dans l'armoire du club, en attendant le Scudetto ce week-end et très probablement la Ligue des champions, la semaine prochaine. S'il était resté, n'aurait-il pas pu goûter à quelques unes des nombreuses saveurs de cette saison mémorable ?
MAIS POURQUOI J'AI OUVERT MA BOUCHE... "Il n'y pas meilleur que moi en France à l'heure actuelle". C'est de lui... Le 6 novembre 2009, dans l'Equipe. Et il assume encore ses propos qu'il estime simplement "sincères". De son côté, Raymond Domenech a guetté tous les débordements d'égo. Pas question qu'un charisme plus grand que le sien ne vienne perturber l'ambiance du groupe France. Ok, Thierry Henry est passé entre les mailles du filet, mais n'oublions pas que Titi est venu au secours du coach au 20h de TF1 (ça devient une habitude...), après les chaotiques barrages de l'hiver. Raymond lui a donc renvoyé l'ascenseur. Pour Vieira, les maux/mots ont été trop forts. Pas sa place dans un onze titulaire et pas question de lui en faire sur le banc. "C'est un déchirement, a lâché son bourreau à sourcils face à Laurent Ferrari. J'ai estimé que c'était difficile par rapport à sa saison." Pour info, Thierry Henry a joué 2446 minutes cette saison (la Ligue des champions en plus), contre 1543 pour Vieira (et 1809 pour Jimmy Briand).
MAIS IL ME RESTE QUAND MÊME...Sportivement, Patrick Vieira a perdu au change en passant de l'Inter à City. Financièrement, c'est déjà moins triste... Selon The Sun, le milieu de terrain émargerait à 140 000 livres par semaine (environ 161 000 euros). 644 000 euros par mois, 8 millions d'euros l'année : c'est mieux que Thierry Henry à Barcelone (625 000 euros) et même Didier Drogba à Chelsea (615 000 euros).
La liste de Raymond est venue et Pat' la fourmi n'est pas pour autant dépourvue. Et en plus, cerise sur ce joli gâteau, malgré sa mise à l'écart des Bleus, l'ancien gunner va tout de même participer à la Coupe du monde. Il sera en effet consultant pour Canal+, aux côtés de Sylvain Wiltord et Claude Makelele. Un club de retraités pas comme les autres : tous ont encore des crampons visés sous les pieds. Mais attention Patrick, interdiction de s'en servir pour chatouiller les tibias Raymond. Lui ne joue plus. Enfin, plus au football.