Pion essentiel depuis son arrivée au Real Madrid, Lassana Diarra était encore remplaçant face à l'OL, mardi en 8es de finale de la Ligue des Champions. Pourquoi n'est-il plus la solution première de Manuel Pellegrini ?Absent au mauvais moment C’est une donnée qui fait partie du football. Savoir être là quand il le faut. Lassana Diarra, joueur opportuniste par excellence, est passé de l'autre côté du miroir en ayant été absent au mauvais moment. Indisponible le 30 janvier à cause d’une blessure au talon, «Lass» a vu les siens s’imposer au Riazor face à La Corogne (1-3) avec un entrejeu composé de Xabi Alonso, Guti et Granero. A partir de là, il sera écarté presque systématiquement de l’équipe type de Manuel Pellegrini sans avoir commis la moindre erreur. Dur mais récurrent au Real Madrid.
Aspect créatif privilégié Suite au bon fonctionnement de l’équipe madrilène sans Diarra, un débat a surgi en Espagne sur le thème : «Le Real n’est-il pas meilleur sans lui ?» S’ils mettent en avant ses qualités de guerrier, les medias ibériques lui reprochent d’être moins créatif que des joueurs comme Esteban Granero et Guti. «Lass est un bon joueur mais pas un homme essentiel. Il oublie parfois ses limites techniques et sort de son rôle. Makelele, par exemple, se contentait de faire ce qu’il savait. Récupérer et donner très vite la balle», confiait récemment un proche du staff madrilène dans les colonnes de L’Équipe. Surtout, le directeur sportif Jorge Valdano met la pression sur Manuel Pellegrini pour imposer la présence de joueurs espagnols afin d'équilibrer la balance avec la légion étrangère composée par Kaka, Ronaldo, Marcelo, Higuain, etc.
La menace d’une suspension Dans ce contexte, Manuel Pellegrini a sorti une drôle d’excuse pour expliquer la présence de Lassana Diarra sur le banc face à Lyon mardi soir en 8e de finale aller de la Ligue des Champions. «J'ai préféré Mahamadou Diarra pour son jeu de tête face aux Lyonnais. De plus, Lass et Xabi Alonso étaient sous le coup d'une suspension. Je ne voulais pas prendre le risque de perdre les deux pour le match retour». Averti mardi soir, l’ancien joueur de Liverpool manquera le retour à Santiago Bernabeu et ouvrira la porte de la titularisation à «Lass». D’autant plus que Guti doit se remettre d’une blessure à la cheville. Granero, chouchou des socios, reste le grand rival de Diarra.
Une nouvelle Pellegrinada Selon la presse ibérique, l’«Ingeniero», surnom de Manuel Pellegrini, n’a pas de plan bien structuré depuis son arrivée au Real Madrid. Ces tâtonnements successifs sont même surnommés «Pellegrinada» de l’autre côté des Pyrénées. L’ancien technicien de Villarreal multiplie les systèmes tactiques, notamment au milieu du terrain. Dans un 4-2-3-1 de début de saison, Diarra était régulièrement aligné avec Xabi Alonso (défaite à Bilbao) ou dans un 4-3-3 à plat aux côtés de ce même Xabi Alonso et Kaka ou Granero.
Face à l’Espanyol Barcelone, Lass est remplaçant et entre à la place de Guti, à gauche. A partir de la victoire, solide, à La Corogne, patatras. Pellegrini initie un 4-4-2 en losange avec Xabi Alonso devant la défense, Kaka épaulant ses deux attaquants alors que Guti et Granero officient au milieu du terrain. A Jerez, pour un net succès le week-end dernier (3-0), «Lass» est de retour dans le onze de départ merengue avec Mahamadou Diarra sur la même ligne que lui. Granero était encore là.
Diarra est-il perturbé par son nouveau statut ? Fidèle à sa ligne de conduite, «Lass» ne semble pas touché. Fin janvier, il déclarait ainsi : «Je ne pense rien de tout cela. J'ai été blessé, il s'est passé des choses pendant que je n'étais pas là. L'équipe a bien tourné. Maintenant, les cartes sont dans les mains du coach qui sait que je donne tout à chaque match».
Devant les échéances du club espagnol, Manuel Pellegrini sait qu’il devra avoir tout son monde à disposition et chacun aura sa chance : «J’ai établi plusieurs schémas tactiques car je cherche un milieu de terrain compact sans me préoccuper des noms des joueurs. Nous avons gagné 3-0 face à l’Espanyol sans Lass mais nous avions battu Saragosse 6-0 avec un système différent où il était présent. L’important, c’est d’arriver entre mars et avril avec un maximum de joueurs à leur meilleur niveau. Et pour cela, il faut qu’ils jouent». Sauf que Diarra, qui touche 416 000 euros mensuels (soit 5 millions d’euros annuels), n’a jamais vraiment supporté d’être remplaçant dans les équipes où il est passé, à Chelsea puis à Arsenal.