Puyol forfait, et c’est toute l’Espagne qui tremble. Sans son indéracinable chevelu, la Roja se retrouve dans l’obligation d’aligner Sergio Ramos et Gerard Pique en charnière centrale. Deux des meilleurs à leur poste, oui. Mais surtout, deux mecs qui ne peuvent pas se saquer.
« Il y a eu un moment, dans les affrontements entre le Barça-Real, où la tension entre les deux équipes a été très forte, ce qui a pu faire penser que nos relations s'étaient détériorées, mais ce n'est pas vrai. Je suis très fier de faire partie de cette équipe et de jouer aux côtés de Sergio ». Voilà comment, à quelques heures de débuter l’Euro ukraino-polonais, le longiligne défenseur catalan avait tenté de désamorcer les doutes qui planaient sur son entente avec le Madrilène Sergio Ramos. Pour la langue de bois, on lui donne 20/20. La vérité, elle, est bien différente. Depuis les clasicos acharnés que se sont livrés les deux grands rivaux d’Espagne, la tension est palpable entre les deux entités. Et encore plus entre Ramos et les Barcelonais. Ramos n’aime pas perdre. Et encore moins contre le Barça. Alors, quand lors de leurs dernières confrontations, le Barça venait jouer à la baballe contre son club, Sergio pétait un câble. On l’a vu tacler vaillamment. On l’a aussi vu échanger des noms d’oiseaux avec Xavi. Et même vouloir en venir aux mains avec Carles Puyol. Aujourd’hui pourtant, toutes ces chamailleries doivent être mises de côté. La Roja a toutes les cartes en mains pour entrer dans l’Histoire en remportant son troisième titre majeur consécutif. Mais avec le forfait de Puyol, elle doit composer avec une charnière centrale métissée, avec l’immaculé Ramos et le Blaugrana Pique.
« Les Espagnols n’ont pas besoin de s’apprécier »
Comment deux joueurs qui se détestent peuvent collaborer à un poste où la complicité et le dialogue sont presque aussi importants que les qualités footballistiques ? C’est la question que nous avons posé à deux défenseurs de métier. Cédric Hengbart, latéral droit de formation, livre son avis sur la question : « Je pense que c’est un plus de bien s’entendre. Après, les joueurs sont assez intelligents pour mettre leurs problèmes de côté. Cela peut être plus problématique en club, pour des joueurs qui se côtoient toute l’année mais dans une sélection, avec des objectif si élevés, les différends sont oubliés ». Oubliés, mais pas complètement effacés. Pour entrée en lice face à l’Italie, la charnière n’a pas vraiment rassuré. L’élégant Maxime Bossis, qui formait avec Trésor l’une des plus belles défenses de l’histoire de l’équipe de France, livre un sentiment identique : « C’est mieux de bien s’entendre, surtout en défense centrale. On a beaucoup parlé, en bien ou en mal, de Rami et Mexès. Ils s’apprécient, et c’est très important, on l’a ressenti contre l’Angleterre. Les Espagnols n’ont pas autant le besoin de s’apprécier, car l’équipe reste performante. Mais cela reste tout de même un petit handicap, car il faut se parler, pour le placement, les marquages ».
Avec leurs indéniables qualités, Pique et Ramos sont en mesure de tenir la baraque face à n’importe qui. Reste à voir leur réaction dans la difficulté. Et dans la passé, Ramos a montré qu’il pouvait rapidement perdre sa lucidité…