En tentant de déplacer le débat sur le racisme envers les gros, Pierre Ménès s'est trompé. Retour et clap de fin sur cette «grosse»polémique...
« Ce qui me sidère, c'est que la flèche la plus acérée vienne de l'intérieur ». Alors oui, Pierre Ménès et Lionel Dutemple ont le même employeur, Canal+, mais les deux hommes ne se croisent pas tous les midis à la cantine. Il faut savoir que les équipes des Guignols travaillent à l’écart et en vase-clos, dans des studios de la plaine St-Denis, loin du siège de la chaîne. « Pierre Ménès, il ne connait même pas mon visage. Et ça ne veut pas dire que je me cache, c’est juste que nous ne travaillons pas ensemble, nous ne fréquentons pas les mêmes endroits. » m’expliqua Lionel Dutemple. Difficile dès lors d’imaginer un règlement de compte interne par média interposé, pour la simple et bonne raison que les deux hommes ne se sont jamais vu ! « Notre métier à nous, a-t-il ajouté, ce n’est pas de régler nos comptes perso. On regarde tout, on lit tout, on analyse puis on s’amuse de l’image que les personnages médiatiques tentent de se créer et de renvoyer au grand public. Et basta ! ».
« Dans "beauf", il y a tout de suite "gros" devant. Ce n'est ni plus ni moins que du pur racisme. » Lionel Dutemple n’a pourtant jamais traité Pierre Ménès de gros, ni de beauf, encore moins de gros beauf. Il a simplement émis le constat que « Pierre Ménès a beaufisé l’antenne de Canal+ ». Un constat qui lui est propre et que tout à chacun est libre de contester, mais qui ne justifie en rien la sortie d’un argument aussi extrême que le racisme. Surtout qu’il ne parle même pas d’un racisme anti-beauf, qui s’apparenterait à un certain élitisme ou parisianisme. Non, il évoque le racisme envers les gros qui doit forcément exister, puisque pour y avoir recours, l’ami Pierrot a du (doit') en être la victime… Il aurait été, de toute façon, très malvenu pour Pierre Ménès de polémiquer sur le mot « beauf », lui qui dans le So Foot d’octobre dernier déclarait : « Il y aura toujours plus de beaufs que de bobos dans le foot, je pense avoir les gens de mon côté ». C’est un peu gros quand même, non '
Les auteurs des Guignols se font rares dans les médias, et ce n’est pas cette polémique qui va les inciter à changer leurs habitudes. Et à quoi bon, d’ailleurs, parler dans les médias lorsqu’on a pour tribune un journal télévisé ou l’on peut dire à peu près tout ce que l’on veut ? « Tout ce que l’on veut, oui, mais on s’interdit d’aborder la vie privée et le plus possible, de critiquer le physique… » m’avait prévenu, comme une prémonition, Lionel Dutemple. Mais en aucun cas, les auteurs ne s’interdisent de mordre, quand ils le jugent nécessaires, la main qui les nourrit. Un signe, s’il en fallait un, de leur indépendance éditoriale qui fait toute leur force. Mais l’histoire entre les Guignols et les « animateurs stars » de Canal+ est parsemée de conflits (Guillaume Durand et Baffie ne diront pas le contraire), certains d’entre eux n’acceptant de se faire critiquer au sein même de la chaîne. Ils n’en font plus partie désormais, alors que les Guignols eux, sont toujours là. Finalement, c’est peut-être celle-là la meilleure des réponses…
Mes explications dans l'émission de Jean-Marc Morandini sur Direct 8, le lundi 14 décembre (à partir de la 52 ")