Le président de l'AC Ajaccio, Alain Orsoni, est toujours incarcéré à la prison du Pontet, près d'Avignon. Mis en examen dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Thierry Castola abattu en Corse du Sud le 3 janvier 2009, il a entamé une grève de la faim le 4 mars dernier.
Quelle est votre position sur ce qu’on vous reproche ? Je condamne ce crime odieux et je trouve tout simplement incroyable que l’on me retienne en détention depuis plus de 8 mois sans l’ombre d’une preuve. Simplement à partir d’une supputation intellectuelle ! Si il ne m’appartient pas de juger la JIRS (juridiction interrégionale spécialisé de Marseille), je ne peux que m’insurger contre les pratiques qui à mon sens sont indignes d’une justice démocratique. Pourquoi dans cette affaire tous les témoins à décharge sont-ils systématiquement placés en garde à vue ? Y compris une dame de 70 ans que l’on traumatise en agitant le spectre de l’incarcération de ses proches. Pourquoi fait-on pression sur certains témoins pour les faire changer de déclarations parce que celles-ci sont de nature à innocenter l’un des mis en examen ? Pourquoi faut-il que les avocats se battent pour obtenir avec la plus grande difficulté que le magistrat instructeur instruise aussi à décharge, ce qui est pourtant son rôle ? Quand la justice s’écarte du droit, qu’elles que soient ses raisons, elle ne commet pas seulement une injustice, elle trahit la noblesse de sa fonction. Est-ce pour ces raisons que vous avez entamé une grève de la faim ? Entre autre… depuis plus de 8 mois je n’ai vu le juge qu’une seule fois, j’ai sollicité auprès de lui une confrontation avec les personnes qui m’accusent, et à ce jour rien ! Sept demandes de remises en liberté ont été rejetées, et selon le parquet on me garde en détention pour me protéger. Mais de qui ? Pour toutes ces raisons j’estime qu’aujourd’hui l’attitude de cette juridiction désespérante, c’est pour cela que j’adopte une attitude désespérée en entamant une grève de la faim que j’ai commencé il y a cinq jours. Je suis conscient que ma famille et mes proches s’inquiètent mais ceux qui me connaissent savent ma détermination à aller jusqu’au bout. Après 15 années d’exil vous avez souhaité revenir en Corse il y a 2 ans environ, pourquoi ce retour ? J’ai été élevé dans mon village, cela me semblait le cadre de vie idéal pour l’épanouissement de ma fille cadette âgée de 7 ans. Je l’élève seul, cela me prend beaucoup de temps et me comble. Comme vous le savez la mort de mon ami le plus proche, Michel Moretti, président de l’AC Ajaccio, m’a incité à accepter de prendre la présidence du club. J’exerce cette fonction bénévolement… J’étais loin d’imaginer qu’un tel séisme viendrait détruire mon cercle familial. Ma fille cadette, depuis, se trouve à des milliers de kilomètres, je n’ai plus aucune nouvelle et ma famille, n’a aucun contact. Mon fils est dans une situation catastrophique. Quel votre quotidien en détention ? La vie carcérale se résume à un rituel immuable, 2 heures de promenade le matin, 1 heure 30 l’après midi. Le reste du temps on est enfermé en cellule. J’ai la chance d’être seul en cellule. Jusque là je m’astreignais à 2 heures de sport quotidien, j’élaborais des projets pour le club tout en suivant les résultats à la radio et à la télévision. En ce qui vous concerne, comment voyez-vous la suite ? Ce que je sais c’est que je suis déterminé à me battre envers et contre tout pour que la vérité éclate et pour retrouver la liberté.