L'éthique sportive ne tient qu'à un fil. Elle se situe à la frontière du fair-play et de la culture de la gagne. Lorsqu'un joueur de football entre sur la pelouse, il ne doit avoir en tête qu'un seul objectif : gagner.
En revanche, il faut s’imposer à l’adversaire, il faut aller chercher la victoire, il faut « lui marcher dessus », en gardant intact l’esprit sportif. Qu’est ce que le fair-play ?
Le terme est souvent employé pour saluer une conduite loyale. Cela va de quelque chose de très simple comme sortir le ballon en touche quand un adversaire est blessé à des faits de jeu assez exceptionnels. On se souvient, lors du match OM-Auxerre, de l’auxerrois Birsa qui, victime d’un coup de coude de la part de Koné alors expulsé, avait aussitôt demandé à l’arbitre de réviser son jugement en lui expliquant que le marseillais n’avait pas agi volontairement. De telles attitudes méritent des applaudissements. Mais, ne rêvons pas… Le fair-play a aussi ses travers. Quand les joueurs perdent l’envie de gagner, il devient frauduleux. Ce week-end, le football européen a été à la merci d’une fiction intitulée : « Petits arrangements entre amis ». Il fut l’objet d’un fair-play poussé à la caricature qui a anéanti le jeu. A se dégoûter du football ! Nous avons assisté à des matchs de gala : 22 acteurs sur le terrain œuvrant, dans un même élan, pour la victoire d’une seule et même équipe. Outre-Manche, c’est Liverpool qui a fait dans le social ! Le capitaine Gerrard a servi gracieusement Drogba qui a pu ouvrir le score et permettre à Chelsea de s’imposer. Pourquoi ? Enfin, c’est évident… Afin que Manchester United, leur ennemi juré, au coude à coude avec Chelsea à la tête du classement, ne soit pas champion. A ce propos, Patrice Evra le mancunien, avait vu juste avant le match : « j’espérais une victoire des Reds mais je n’y croyais pas vraiment ». Tu m’étonnes ! En Italie, le match entre la Lazio de Rome et l’Inter Milan a tourné au comique. Un gros gag ! Je me suis crue victime d’hallucinations en entendant les supporters romains du Stadio Olimpico chanter et demander au gardien laziale, Muslera : « il faut perdre, enlève toi du but ». Alors que la défense romaine fut un boulevard où les intéristes se sont engouffrés comme dans du beurre ! Voir leur rival, l’AS Roma, remporter le titre de champion de Série A, la Lazio ne le supporterait pas. Et le comble c’est que mathématiquement, la Lazio n’est pas encore sauvée. Je ne parle pas de l’Atletico Madrid face au FC Séville, sinon je vais me rendre malade. L’éthique sportive a été bafouée par un fair-play caritatif contre nature. Face à ces spectacles affligeants, j’ai failli appeler Titi et le féliciter pour son but de la main face à l’Irlande. Lui au moins, ce jour là, n’avait pas perdu de vue l’enjeu sportif : une qualification en Coupe du Monde.