Plus ça va et plus je m'aperçois que l'on tient un véritable concept TV autour de l'équipe de France. Après la sitcom d'adolescents à Knysna, voilà que cette semaine, on retrouve les Bleus au Château à Clairefontaine pour pondre un nouveau scénario de télé-réalité !
Chargé de la production et de la réalisation : Laurent Blanc, nouveau sélectionneur. L’idée : convoquer d’anciens internationaux ayant écrit l’histoire de la sélection française. L’objectif : galvaniser les joueurs et faire des émules avant le premier match de qualification pour l’Euro 2012. L’invité : Zinédine Zidane. Il ouvre le bal avec de vrais messages à faire passer, paraît-il… Encore faudrait-il qu’il parvienne, non pas à hisser son niveau de jeu, mais à élever le son de sa voix !
Se faire entendre en chuchotant, bien que les casques sur les oreilles soient désormais interdits, n’a jamais été évident. Du moins, je ne pense pas que le Général De Gaulle ait procédé ainsi le 18 juin 1940 pour remobiliser les troupes et fonder la Résistance française. Laurent Blanc a du se souvenir de l’impact qu’avait eu Yannick Noah sur les joueurs du PSG, en 1996, avant la finale de la Coupe des coupes tandis que le club était en proie au doute suite à de mauvais résultats. Mais peut-on sérieusement assimiler un discours construit et éloquent de Noah à une bafouille zidanesque ? Bref, nous avons assisté cette semaine à une réplique de la « Star Academy », en version sportive. Est-ce la bonne solution pour espérer voir l’équipe de France se transcender et obtenir des résultats ?
Je ne crois pas… Les amateurs du programme de TF1 savent où je veux en venir ! On s’enthousiasme à l’idée de faire évoluer des jeunes en devenir à côté des plus grands et on imagine, par je ne sais quelle formule magique, qu’ils vont progresser voire parvenir à les égaler. Or on a vu ce que cela a donné à la Star Ac’… Souvenez-vous de ce pauvre Sevan qui s’imaginait devenir le nouveau MC Solaar en mieux, après l’avoir cotoyé le temps d’une chanson (qu’il a d’ailleurs massacrée) sur un prime ! Ou de Magalie Vaé qui a vendu 3 malheureux CD alors qu’elle avait été boostée par Céline Dion au Château. Cela ne l’a pas aidée à chanter autrement que comme une gamelle ! Vous l’aurez compris, je ne suis pas convaincue que le défilé de stars du ballon rond prévu par Laurent Blanc lors des rendez-vous à Clairefontaine installe l’équipe de France dans une dynamique positive. On me dit : « oui mais c’est pour le symbole, Zidane représente la France qui gagne… » Justement ! Cela a un côté déprimant voire dégradant cette mise en scène. Vous croyez vraiment que les néo-bleus, désireux de faire table rase du passé, ont besoin d’être confrontés à un monument du football français. La réaction de Yann M’Vila, un des meilleurs bleus face à la Norvège en amical le mois dernier, est révélatrice à ce sujet. « On va essayer de ne pas se prendre un petit pont ou une roulette ». A l’instant même où il s’agit de permettre aux joueurs de se rassurer et de limiter au maximum la pression qu’ils ont sur les épaules, on leur met dans les pattes Zidane. Rien que ça ! C’est le meilleur moyen pour qu’ils développent un sentiment d’infériorité. Le seul objectif d’une telle démarche est politique. En affichant Zidane en bleu de travail sur le terrain aux côtés de Boghossian, Barthez et Laurent Blanc, d’abord cela fait vendre, et ensuite cela nous rappelle, à nous français, que la France a connu une époque glorieuse. En attendant, on évite de repenser au fiasco sud-africain. Sarkozy a entrepris le même coup en nous faisant trembler, durant des mois, avec le virus H1N1 et la grippe aviaire afin de nous faire oublier que très bientôt nous travaillerons jusqu’à 70 baluches ! Pour conclure, j’estime que la nostalgie appartient aux supporters mais qu’elle devient nuisible quand elle s’infiltre dans la tête d’un joueur qui cherche à se relancer et à retrouver un état d’esprit de compétiteur. Selon moi, construire l’avenir ne se fait pas avec le fantôme du passé aux trousses… Évidemment, il leur reste du chemin à parcourir à nos bleus avant qu’ils puissent mettre un coup de boule sans passer par la case « commission de discipline » et surtout en étant applaudis des deux mains par la France entière. Mais était-ce le bon moment de leur rappeler '! Je suppose que non…