Christian Jeanpierre est à la polémique ce que Pierre Ménès est à l'objectivité. En gros. Mais cela ne m'a pas empêché de tout tenter pour l'énerver.Mêmesi j'étais tres curieux de connaitre l'avis de Christian Jeanpierre sur lanouvelle équipe de France, je ne vais pas vous cacher qu’au moment de l’interview, j'avais au fond de moi le secret espoir de le faire sortir de ses gonds,pour une fois au moins dans sa vie ! Et ce ne sont pas les sujets quimanquaient entre les tensions présumées avec David Astorga et l’obtentiondu micro de Plomb décerné par les Cahiers du Football… Mais si on reprochesouvent au successeur de Thierry Gilardi d’être un peu trop lisse, cedéfaut a au moins le mérite de faire glisser sur lui toutes les polémiques. « Quandje suis devenu le commentateur n°1 sur TF1, Arsène m’a tout de suiteprévenu : tu verras, tout le monde va vouloir ta mort » explique-t-il.Si la réflexion n’est pas très heureuse quand on connait les conditions decette succession, elle a le mérite de la clarté. Pour lui, l'explication à cescritiques est simple : « TF1 est la chaîne numéro un en Europe enterme d’audience, le football est le sport le plus populaire, donc forcementmon poste est envié par de nombreux journalistes. » Des propos confirméspar l’ensemble de la rédaction du 10sport.
La fibre patriotique
Maisest-ce vraiment cela que l’on reproche à notre cher Christian ? Neserait-ce pas plutôt son côté supporter de base, limite candide, qui n’est passans vous rappeler la vision du football de votre petit cousin ? Uneapproche qu’il ne renie pas. Mieux il l’assume et la revendique : « Onest partenaire de l’équipe de France, on se doit d’être derrière elle. Il y ades choses qu’on peut se permettre sur le câble ou le satellite, pas surTF1. » Si on lit entre les lignes, on voit bien qu’il préfère vendre durêve aux téléspectateurs plutôt que de leur offrir des stats’. Une ambitionhonorable, mais délicate comme lorsque la France affronte le Luxembourg audébut du mois : « On a quand même réuni 9 millions de téléspectateurs.Il y a une vraie attente de la part du public ». Un engouement sur lequelil aime s’appuyer, jusqu’à se lancer dans de véritables envolées lyriques etpatriotiques alors que Gourcuff venait seulement de dribbler deux Luxembourgeoisdans le rond central. Même Bixente Lizarazu s’est senti obligé de modérer sonenthousiasme en direct : « Le public de Metz chantait laMarseillaise, c’est vrai que je me suis peut-être un peu emballé mais on atellement souffert pendant le Mondial. Et puis on m’aime aussi pour ça à TF1. Enfait, je suis simplement dans mon rôle, le rôle que mes patrons me demandent dejouer. »
Une marionnette Christian ?
Onla tient notre phrase choc ! Christian Jeanpierre ne serait qu’une marionnetteque Nonce Paolini agite comme il l’entend. Sans me prendre pour PsychologieMagazine, je lui ai donc gentiment proposé de s’allonger sur le divan du 10sportafin d’obtenir des « confessions intimes » : « Mais pas dutout. Ma passion du sport n’est pas du tout galvaudée. Ma bonne humeur n’estpas un jeu de ma part. Je suis juste moi-même, sans calcul. Ceux qui en faisaient,je les ai vu se casser la gueule les uns après les autres…» Loin des polémiquesjournalistiques –« Il y a 10 ans cela m’aurait traumatisé, plusaujourd’hui »-, Christian Jeanpierre préfère se référer à l’avis de sessupérieurs comme Nonce Paolini « qui regarde les matchs et lesaudiences et pas ce qu’on écrit (sur moi) à côté », et destéléspectateurs. Son grand jeu consistant, dès qu’il a un peu de temps libre, àrépondre (parfois par téléphone) aux téléspectateurs mécontents pour comprendre les motifs de leursreproches : « au bout de deux minutes, il tournekazakh ! » me dit-il, rieur. Au final, je n'ai pas atteint mon objectif initial, qui était ambitieux: énerver le Jeanpierre. Ce fut unéchec mais je sais désormais pourquoi personne n'y arrivera probablementjamais.