Stéphane Guy est aux commandes de « J+1 » depuis 3 saisons. Un succès évident qui positionne le dernier bijou de Canal+ comme un rendez-vous incontournable de l’actualité de la Ligue 1. Le patron en dévoile quelques secrets.
Êtes-vous surpris du succès, on peut le dire sans avoir honte d’en faire trop, retentissant de « J+1 » ? Surpris, oui. On l’est toujours quand on propose quelque chose de nouveau, on ne sait jamais si le programme va rencontrer son public. Mais la réussite est là, oui. Grâce au buzz que l’on peut faire régulièrement, comme la récente parodie du périscope de Serge Aurier, revisité par notre ami Pascal Dupraz (rire). C’est ce qui a permis à l’émission d’avoir un impact, même limité. Il y a un rythme, des séquences qui deviennent parfois culte, comme le rendez-vous très attendu de Julien Cazarre. On a l’impression que vous découvrez chaque semaine, en même temps que les téléspectateurs, ce que va produire ce terrible abonné de Julien Cazarre. Peut-être parce que c’est vraiment le cas ? Je vous assure que je ne sais rien sur sa chronique. La seule personne qui connaît tout de l’émission, c’est notre formidable rédacteur en chef, Laurent Salvaudon. Mais pour Cazarre, oui, je découvre. Et vous n’avez jamais peur ? Il ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît. Aucune inquiétude quand il débarque et que vous ne savez pas ce qu’il va faire ? Si j’avais peur, ça ne marcherait pas. J’ai une totale confiance en lui. Et je dois respecter cette liberté qui est la sienne, sinon ça ne serait pas possible. Julien Cazarre, c’est un génie. Il trouve des images, on lui en donne et l’inspiration fait le reste. Je ne le coupe pas, je laisse la magie opérer. Il a cette incroyable capacité de rebond, il est énorme… En le choisissant, vous pensiez qu’il était en mesure d’exploser comme il l’a fait dans « J+1 » ? Je savais qu’il était drôle, il sévissait déjà dans d’autres médias avant. Il fallait simplement trouver le moyen de l’amener ailleurs. Et il a parfaitement réussi à se renouveler. C’est une machine… Mais une machine humaine, avec un esprit et une capacité de travail. Je suis fan de lui. Pour tout vous dire, je suis même admiratif ! Quand on regarde l’émission, on sent que vous prenez un pied monumental. C’est aussi ça, la recette : vous kiffez ? C’est la base : vous ne pouvez pas donner du plaisir aux gens si vous n’en prenez pas vous-même. Ce plaisir, ce feeling et cette joie que l’on a de faire cette émission, elle se voit, elle se sent. Ça remplace toutes les études marketing qui pourront être faites pour savoir ce qui est bien, pas bien, bon, pas bon… En lançant « J+1 », on avait la volonté d’aller sur un terrain inexploité, de défricher l’existant. Canal a senti qu’il y avait une attente pour quelque chose. Et ça a fait mouche. Dernièrement, je me suis surpris en pleine émission à regarder Cazarre et à me dire : « il est vraiment génial, ce con ». Avec une affection particulière, vous l’imaginez bien, et le bonheur d’être là, au moment présent, dans cette émission. Ça se prépare comment « J+1 » : ça s’anticipe beaucoup ou ça s’improvise surtout ? Les deux mon capitaine ! Bien évidemment, les équipes regardent à 2/3 semaines au loin pour se dire « Tiens, là il y a tel match, ce serait pas mal de faire ça ». Mais l’émission est aussi liée à l’actualité. Quand la vidéo de Serge Aurier explose, c’est dans la nuit du samedi au dimanche, on ne peut pas anticiper ce genre de chose (sourire). Il y a de la préparation, c’est obligatoire, mais il y a une grosse part d’improvisation aussi. On est écrit pas tout 4 jours à l’avance, on laisse aussi l’instant faire effet. Les consultants comme Pascal Dupraz, Eric Carrière et plus récemment Djibril Cissé, c’est vous qui choisissez ? À l’image de l’émission, c’est un travail collectif. On agrège les savoir-faire, les idées et on avance comme ça. Frédéric Antonetti, c’est moi. J’y tenais. Je voulais que l’on voit qui il est vraiment, que l’on sorte de cette image de grande gueule parce que ce n’est pas que ça, c’est aussi une grande connaissance technique. Eric Carrière, c’est exceptionnel… Sur l’exercice de la palette, il n’y a pas mieux. Il confronte sa vision du football avec ce qu’il voit. Sa capacité analytique, son sens pédagogique, c’est un bonheur. Et puis Pascal Dupraz, c’est une opportunité, c’est quelqu’un qui a beaucoup joué le jeu avec nous quand il était en poste à Évian. Ca été notre devoir de lui tendre la main, de saisir cette chance. Il progresse à chaque émission, sans pression, c’est très bien. L’avenir de « J+1 », on en parle ? L’an prochain, Canal n’a plus les droits, la case du lundi que vous occupez ne sera plus là mais rassurez, vous allez rester ? Je peux difficilement vous cacher que nous sommes sollicités pour exporter le concept dans le monde entier : le Bahreïn est là, Cuba nous veut… (rire) Plus sérieusement, « J+1 » dépend en effet d’un contrat avec la Ligue. La saison 2016-2017 ouvrira une nouvelle porte, je l’espère, à l’émission. Sur un autre créneau peut-être. À l’heure actuelle, aucune décision n’est prise mais il y a plus de raison de continuer que d’arrêter. Plusieurs options existent, on va prendre le temps de faire ça bien. Mais ce qui me plaît, c’est qu’il y a une espèce d’addiction autour de l’émission. Les gens attendent, espèrent, s’impatientent. Quel bonheur ! Alexis Bernard Pour retrouver, ou découvrir, l’émission « J+1 », rendez-vous chaque lundi, à 22h50, sur Canal+Sport. Pour les non-abonnés, des extraits sont disponibles en replay sur canalplus.fr.