La Nouvelle-Zélande n'a pas qu'une équipe de rugby. Après avoir accroché l'Italie (1-1) et la Slovaquie (1-1), les Néo-Zélandais peuvent décrocher face au Paraguay leur billet pour les huitièmes. Historique?
Jamais un maillot (noir) n’a inspiré tant de crainte et d’engouement. Le rugby, en Nouvelle-Zélande, dépasse tout. C’est un mythe, une obsession. Hormis la voile, les autres disciplines sportives ont dû grandir et vivre seules, loin des foules et des regards. Depuis quelques mois pourtant, et surtout depuis quelques semaines, le football semble, enfin, sortir de l’ombre des All Blacks. Le match nul du XI kiwis face à l’Italie (1-1) qui fait suite à celui obtenu aux Slovaques (1-1, but de Winston Reid) leur offre de nouvelles couleurs. Les deux premiers points de la Nouvelle Zélande dans une Coupe du monde. « Nouvelle-Zélande bat Italie 1-partout », titrait un quotidien néo-zélandais, le lendemain du match face aux champions du monde italien. Considérée, sur le papier, comme l’équipe la plus faible de la compétition, avec la Corée du Nord, la sélection néo-zélandaise a déjà rempli sa mission : se faire (re)connaître… chez elle !
Si le ballon rond commence, aujourd’hui, à se faire une petite place au soleil des antipodes, c’est que son cousin ovale a, progressivement, perdu de sa superbe. « Quand j’étais jeune, on pouvait faire n’importe quel sport, du moment que c’était du rugby. Mais la société a changé, le choix s’est élargi, et il faut maintenant convaincre les jeunes de venir à nous plutôt que d’aller vers le football, le cricket », analyse l’ancien All Black, Va’aiga Tuigamala.
«Les gosses veulent s’y mettre »
Déclin des audiences TV, baisse de la fréquentation des stades, une certaine lassitude semble, aussi, avoir gagné le public néo-zélandais (qui attend, sans doute, la Coupe du monde de rugby, l’an prochain sur son sol). Un peu moins de 15 000 personnes, en moyenne, ont assisté, au printemps, à l’agonie des Hurricanes de Wellington en Super 14 au Westpac Stadium. A la même période et dans la même enceinte, l’équipe de foot locale – les Phoenix – a disputé ses deux derniers matchs devant 24 000 et 33 000 spectateurs. Quant à la sélection nationale, les All Whites, elle a joué, fin 2009, sa qualification pour le Mondial face au Bahreïn, à guichets fermés. Jamais un match de foot n’avait attiré autant de monde (35 000 personnes). « Qui aurait pu imaginer ça il y a dix ans ? Tout le pays s’est subitement pris de passion pour le football. Les gosses veulent s’y mettre et quand ils jouent au parc, ils ne se prennent plus pour Dan Carter mais pour Ryan Nelsen ou Rory Fallon (deux joueurs de League anglaise) », explique l’international défenseur Andy Barron. Ce dernier est un des deux derniers All Whites à avoir conservé le statut amateur. Employé de banque, il a pris un congé sans solde pour jouer cette Coupe du monde « C’est un gros challenge, c’est certain, mais comme vous avez pu le voir, on n’est pas là pour faire le nombre, prévient-il. L’équipe a changé de mentalité. On n’entre plus sur le terrain pour se prendre une valise. Comme face à la Slovaquie ou l’Italie, on attaque, aujourd’hui, les matchs pour les gagner, quel que soit l’adversaire ».
La réussite d'Herbert
Qualifiée grâce à la décision australienne de disputer les qualifications de la zone Asie, la Nouvelle-Zélande participe à un Mondial pour la deuxième fois seulement de son histoire. La « réussite » du football néo-zélandais, est surtout celle d’un homme, l’entraîneur Ricki Herbert, ancien défenseur lors de la première phase finale de l’histoire de son pays, en 1982 en Espagne (trois défaites). A la tête de la sélection depuis février 2005, Herbert, 49 ans, est optimiste avant le match de cet après-midi face au Paraguay : « On a tout à gagner ici. Tout est possible», affirme celui qui est, également, l’entraîneur du Wellington Phoenix, le seul club pro du pays, où jouent la plupart des sélectionnés. « Lors du tirage au sort, tout le monde voulait tomber sur la Nouvelle-Zélande, disait-il avant ce Mondial. A nous de leur faire regretter». Le Paraguay est prévenu. En Nouvelle-Zélande où l’on rêve d’une victoire qui qualifierait l’équipe pour les 8es, en tout cas, jamais un maillot blanc n’avait inspiré autant d’engouement…