Au coup de sifflet final, sur le visage de Jean-Pierre Romeu, l'illustre international de Clermont, coulait des larmes d'un bonheur rare.
De grosses larmes qui venaient effacer des années de désillusions, de déceptions et de cauchemardesques défaites en finale du championnat de France. Même le coach néo-zélandais Vern Cotter craqua sous la pression, après trois finales consécutives perdues.
Brock James, homme du match Dans le stade, où je me trouvais, on ressentit beaucoup d’émotion partagée. Comme une vraie délivrance. Le spectre de la malédiction s’envola d’un seul coup, après tant d’années de disette. J’étais vraiment heureux pour Clermont et tout son peuple qui criait, hurlait et chantait dans ce Stade de France où flottait une nuée de drapeaux jaunes et bleus. La qualité de cette finale ne fut pas à la hauteur de la joie ressentie mais les Clermontois avaient assuré l’essentiel. Grâce, surtout, à la performance de leur ouvreur australien Broke James, l’homme du match. Il a pesé constamment, alternant le jeu au pied et le jeu à la main comme un vrai chef d’orchestre, prenant l’initiative d’attaquer la ligne et perforant la défense catalane à chacune de ses prises de balle. Lors de la demi-finale contre Toulon, on l’avait déjà vu à son avantage, réussissant un drop phénoménal des soixante mètres. Il doit peut-être sa métamorphose à un certain Morgan Parra qui a apporté de la pérennité mais aussi l’insouciance de ses 20 ans. C’est une belle revanche pour ce beau joueur, si décrié et souvent crispé sous la pression d’un grand événement. Il était devenu le joueur des rendez-vous manqués. Mais son jour de gloire est arrivé et Clermont pourra lui ériger une belle statue sur la place de Jaude, pas loin de celle du guerrier Vercingétorix.
Clermont sur le toit de l'Europe? L’USAP, le champion en titre, était à peine malheureux tant il était passé à côté du sujet. Le public catalan salua dignement le sacre clermontois. Comme si, finalement, toute la France du rugby était soulagée de voir l’ASM enfin championne. J’ai une pensée pour tous ces joueurs clermontois qui ont échoué, pour quelques secondes parfois, au pied du titre suprême et une pensée particulière pour un certain Philippe Saint-André qui fut longtemps l’âme du club. Il est certain que l’identité de cette équipe est unique dans le paysage rugbystique. Quand on naît Auvergnat, c’est pour la vie. Ce titre va incontestablement en appeler d’autres et il ne m’étonnerait pas de voir Clermont très rapidement sur le toit de l’Europe.