Vata Matanu Garcia, bourreau de l'OM en demi-finale de la C1 en 1990 en marquant de la main pour le Benfica Lisbonne, s'est exilé en Australie. Qu'a-t-il fait depuis son acte peu scrupuleux d'il y a 20 ans ?
Quel souvenir garde-t-il de sa main contre l’OM ? Vata Matanu Garcia n’en démord pas. S’il est célèbre, il sait qu’il le doit à sa main et uniquement à cela. Mais quelle main d’ailleurs ? «C’est le genre d’événement qui vous marque jusqu’à la fin de votre vie. Ça me permet de vivre de drôles d’aventures. Un jour à l’aéroport d’Orly, un contrôleur a vu écrit «Vata» sur mon passeport et m’a demandé de me mettre sur le côté. J’ai demande s’il y avait un problème et il m’a répondu : «Non, on est supporters du Paris Saint-Germain et on veut seulement se moquer des Marseillais». On n’arrête pas de parler de la «main du diable» mais je n’ai pas marqué avec la main ! Sur l’action, je me rappelle de Di Meco à côté de moi. Il me poussait, me tirait le maillot et j’ai marqué de l’épaule. D’ailleurs, tous ceux à qui j’en parle avouent qu’on ne voit pas bien ce qu’il se passe sur l’action. J’ai la conscience tranquille», a-t-il dit sur les ondes de RMC.
Quelle carrière a-t-il eu après 1990 ? Vata est devenu un véritable globe trotter. Après avoir participé à la finale de la C1, perdue par Benfica face au Milan AC, l'international angolais prolonge son bail lisboète d’une saison. Il le termine sur un second titre de champion du Portugal, en 1991. Libre de tout contrat à l’issue de cette deuxième saison avec Benfica, il entend alors un appel de Nîmes. «Mon agent était français à l’époque, raconte Vata dans La Marseillaise. C’est lui qui m’a mis sur la piste de Nîmes où jouaient, je crois, Vercruysse et Cantona… Mais ça ne s’est pas fait. Et comme j’étais bien au Portugal, j’y suis retourné». Lors de la saison 1991-1992, il s’engage à Estrella Amadora et au SCU Torreense l’année suivante.
Sa célébrité en prend un coup, il retombe dans l’oubli. Ses penchants pour les voyages prennent tous leur sens puisqu’il déménage à Malte, à Floriana en 1993-1994, et y gagne une coupe nationale. Sa dernière saison de joueur, il la passe en Indonésie aux côtés d’un certain Roger Milla ! Je devais aller au Japon et je me suis arrêté à Bali. Pour des raisons familiales, j'ai choisi de m'établir. Avec Roger Milla nous avons été les premiers footballeurs de l'île, à Denpasar. On a souvent dit que j'étais au bout du monde, mais c'est là que j'étais heureux, tranquille avec mes enfants. J'y ai toujours ma maison», explique-t-il dans La Provence.
Pourquoi un exil en Australie ? Entraîneur-joueur à Gelora, Vata réussit sa reconversion. Après un bref passage aux Etats-Unis où il s'est essayé au futsal, il endosse définitivement la tenue d'entraîneur en 1999 avec Bali, et décroche un titre de champion pour sa première saison ! Il décide de s’installer en Australie, à Melbourne, où il enseigne aujourd'hui au sein de l'Institut Européen du Football et entraîne le club local de Geelong, en deuxième division. «Pendant la CAN, j'étais régulièrement interviewé au sujet de notre équipe nationale pour laquelle j'ai joué plus de soixante fois. Le foot européen, je n'en vois pas beaucoup, ici, c'est cricket, rugby, foot australien. Mais je sais quand même que Benfica et l'OM vont se retrouver...», admet-il.
Quel pronostic pour Benfica-OM ? Jeudi, Vata supportera Benfica. Quoi de plus logique ? «J’ai gardé à Benfica des contacts avec Sheu, Valdo, Mozer, Magnusson. J'aimerais beaucoup retrouver Ricardo.J'irai peut-être à Lisbonne si mon emploi du temps me le permet. J’'aime Benfica, mais je ne serais pas fâché si l'OM se qualifiait. Les Marseillais veulent une revanche. Ils ont une blessure à cicatriser. Et ce n'est que du football». Sauf que le football, à Marseille, dépasse le seul cadre du sport.