A la sortie du centre d'entraînement de la Commanderie, Benoît Cheyrou se confie en exclusivité pour le 10sport sur sa non-convocation en équipe de France, et le début de saison marseillais.
Benoît, vous n'avez pas encore été appelé chez les Bleus, comment vivez-vous cela ?
Vous savez, tout se passe bien pour moi à Marseille, je m'éclate dans ce club, j'ai la chance de bénéficier de la confiance de chaque entraîneurs qui sont passés ici, je joue la Ligue des champions? Il n'y a aucune frustration, c'est sûr que lorsqu'on est ambitieux on lorgne vers l'équipe de France. Mais je ne maîtrise que mes prestations, le sélectionneur fait ses choix, si il ne m'appelle pas c'est que des joueurs sont plus forts que moi.
Vous devez tout de même penser à la coupe du Monde?
Dans la mesure où le sélectionneur ne m'a jamais appelé, je me concentre uniquement sur mes prestations à l'OM. Je suis supporter des Bleus, j'ai beaucoup de potes qui évoluent en équipe de France, dont Steve Mandanda, mais l'important c'est l'OM.
Cela vous étonne cet élan médiatique autour de vous, cette envie de vous voir revêtir le maillot bleu ?
Cela fait toujours plaisir, il vaut mieux que cela soit dans ce sens là que dans l'autre ! Il n'y a qu'une seule personne qui décide en équipe de France cependant, c'est le sélectionneur. Ce n'est pas ma famille, encore moins mes amis, le public ou autre.
«Trois défaites de suite à l'OM? Ce n'est pas normal!»
Evoquons à présent la situation de votre club, avec le recul, comment analysez-vous la défaite de l'OM face à Monaco ?
On se prend deux buts bêtes, sur un coup-franc dévié, alors qu'il n'y avait pas coup-franc, et sur une balle en profondeur de cinquante mètres, on prend le même but quasiment que face au Real. On a moins bien tenu le match que les Monégasques mais en deuxième mi-temps on a bien réagi, cela n'a pas suffit. Il aurait fallu entamer la rencontre avec cet allant, cette détermination.
Rien à voir avec un éventuel problème physique?
Non pas du tout, nous avons produit une très bonne seconde période, on a beaucoup travaillé sans compter nos efforts, donc cela ne vient pas d'un souci physique de notre côté.
La défense, force de l'OM au début de saison, ne l'est plus aujourd'hui, comment expliquez-vous cela ?
Il ne faut pas jeter la pierre uniquement sur les défenseurs. On défend tous ensemble, donc quand on a un souci défensif comme en ce moment où on se prend beaucoup de buts, c'est un problème collectif, des attaquants jusqu'au gardien. C'est sûr qu'il y a des erreurs commises individuellement, mais en ce moment à part le Real Madrid, nous évoluons face à des équipes qui pratiquent en contres, à force d'attaquer, on laisse des espaces dans notre dos et cela donne donc plus de possibilités à nos adversaires de marquer.
Ce début de saison ne doit pas vous satisfaire?
Trois défaites d'affilées, quand on joue à l'Olympique de Marseille, ça n'est pas normal. Maintenant, par rapport au début de saison l'année dernière, nous ne sommes pas loin du compte en terme de points. On ne fait pas un si mauvais début de saison que cela, mais c'est évident qu'il faut à tout prix enrailler cette mauvaise série.
«Heinze-Diawara, l'une des meilleures défense centrale de Ligue 1»
Didier Deschamps hésite entre un 4-4-2 en losange et un 4-3-3, quel schéma tactique vous convient le mieux ?
Quelque soit le schéma on doit répondre aux exigences de l'entraîneur, on a le devoir de répondre présent. Le coach fait ses choix, à nous d'animer au mieux les schémas tactiques qu'il concocte.
Comment décririez-vous la méthode Deschamps ?
Chaque entraîneur a ses convictions tactiques. C'est un coach qui est proche de ses joueurs, il adore chambrer à l'entraînement, son expérience est précieuse pour le groupe.
Avec les arrivées de Lucho Gonzalez et Fernando Morientes, l'OM dispose d'un potentiel offensif impressionnant cette saison?
C'est sûr que quand on possède Niang, Brandao, Ben Arfa, Koné plus les nouveaux cela donne beaucoup de possibilités. Mais encore une fois, c'est la même chose que lorsqu'on prend beaucoup de buts, l'animation offensive concerne chacun d'entre nous.
Quel regard portez-vous sur la paire Heinze-Diawara en défense centrale ?
Ce sont deux très bons joueurs, ils ont plus de trente ans, ont disputé la Ligue des champions. Défensivement, ils sont très agressifs sur l'homme et très costauds dans les duels, c'est l'une des meilleures paires défensives de notre championnat à n'en pas douter.
Gabriel Heinze est-il toujours aussi rugueux lors des entraînements ?
Il a dû se calmer avec l'âge, il est beaucoup plus sage aujourd'hui (rires).
«Prendre du recul, c'est ce qui fait que je suis à l'aise à Marseille»
Lyon et Bordeaux se portent bien depuis l'entame du championnat, la lutte pour le titre s'annonce intense?
Il reste encore beaucoup de matches, plein de rebondissements vont se dérouler. C'est bénéfique pour notre championnat, les grosses écuries sont devant, tout cela est très bien pour le niveau du football français.
Les arrivées de joueurs internationaux en France comme Lucho, Lisandro, Cissokho, Heinze peuvent-elles hausser le niveau de la Ligue 1 sur la durée ?
Ce sont des joueurs qui ont évolué dans des grands clubs, qui ont disputé de grandes compétitions, ils vont apporter une valeur ajoutée chez nous, ils vont faire progresser leurs équipes respectives et en faire profiter notre championnat par la même occasion.
Vous entamez votre troisième saison à Marseille, vous vous êtes imposés comme le métronome de l'équipe, vous qui êtes plutôt discret de nature?
Métronome je ne sais pas, j'ai la chance d'enchaîner les matches, d'avoir la confiance des mes entraîneurs à Marseille. Ce n'est pas parce qu'on est discret et calme qu'on n'est pas un joueur de caractère. La vérité du terrain est la plus importante, et non pas en s'étalant dans les journaux.
Vous avez prolongé votre contrat récemment, vous êtes comme un poisson dans l'eau dans un contexte plutôt chaud à Marseille?
C'est peut-être parce que justement je prends pas mal de recul par rapport au contexte marseillais, que cela se passe bien ou pas. C'est ce qui me permet de me sentir à l'aise à Marseille et de m'y épanouir.
«On ne s'avoue pas vaincu pour la qualification»
Revenons sur la Ligue des champions et votre match face au Real Madrid, cette rencontre doit vous laissez un sentiment d'inachevé?
Le score est assez sévère. Nous avons effectué une très bonne heure de jeu, on a bien défendu, en bloc, on s'est crée des occasions, mais on s'est aperçu que le Real au niveau du réalisme tout comme le Milan AC, c'est un cran au-dessus, il nous reste encore ce pallier à franchir pour faire parti des grands d'Europe. On ne s'avoue pas encore vaincu en ce qui concerne la qualification, même si on sait qu'en commençant avec deux défaites cela va être compliqué.
On se dit qu'il existe une possibilité pour faire chuter le Real au Vélodrome après votre performance à Bernabeu?
Que cela soit le Real ou le Milan, on a montré qu'on pouvait faire jeu égal, à présent il faut progresser dans la gestion de ses petits détails qui font la différence sur les matches de haut niveau. On a eu deux belles leçons en tout cas qui doivent nous servir pour la suite de la compétition.
Qu'est ce qui manque selon vous aux clubs français pour aller plus loin en Ligue des champions ?
C'est la gestion de ces petits détails, maîtriser les temps forts et faibles d'un match, cette culture de la gagne également, et une intelligence tactique plus prononcée chez les clubs étrangers. L'aspect financier tient aussi une part importante, c'est plus facile d'attirer les meilleurs joueurs quand on a les moyens?
Pour finir Benoît, un mot sur la situation de Lille votre club formateur?
Il y a eu des bouleversements à l'intersaison, c'était assez spécial? Tout est rentré dans l'ordre à présent, le groupe est de qualité, je suis persuadé qu'ils vont effectuer une bonne saison. J'ai passé sept ans de ma vie au LOSC, ça ne s'oublie pas, c'est un club qui m'est cher, c'est toujours particulier pour moi.
Propos recueillis par