Notre consultant évoque le cas Karim Benzema au Real Madrid et en équipe de France.
Karim Benzema, formé à l'OL, joue aujourd'hui aux côtés des Cristiano Ronaldo, Kaka et autre Raul. Il foule l'herbe taillée au millimètre d'un des plus beaux temples du football: Santiago Bernabeu. C'est une ascension fulgurante mais logique pour Karim. À Lyon, son talent n'est pas resté longtemps confidentiel. Tout pourrait être réuni pour que sa vie ne soit que joie et plaisir. Sauf que pour être au top, il faut devenir indiscutable en équipe nationale et c'est là où le bât blesse. Les rapports avec le sélectionneur n'ont jamais semblé faciles et Karim ne semble pas épanoui en Bleu. C'est vrai qu'il faut parfois du temps pour avoir, en équipe de France, les mêmes sensations qu'en club car les rassemblements sont espacés et les matches moins nombreux. La concurrence est plus rude et les repères moins précis. Il faut prouver qu'on est le meilleur dans la régularité. Et si comme cela semble le cas, on ne ressent pas la confiance du sélectionneur, et je suis bien placé pour en parler, on ne réussit pas réellement à montrer tout son potentiel.
Chez les Bleus, il semble si triste
Cette frustration a poussé Karim à cette déclaration après le match contre la Roumanie : « Je n'avais pas envie de jouer mais je me suis fait violence. » C'est la conséquence d'une situation étrange vécue par un jeune homme gâté qui ne comprend pas qu'il puisse se sentir aussi épanoui dans un des plus grands clubs au monde et aussi incompris en Bleu. Cela se voit aussi dans son comportement à Madrid. Il sourit, s'excuse pour une passe ratée et se bat. Quel contraste avec les Bleus où il est si triste ! Il réserve ses éclats de rire à Ribéry comme pour mieux marquer sa différence. Il n'a pas compris que, par fierté, la situation peut perdurer s'il ne fait pas d'efforts d'attitude, ou le premier pas. En Bleu, la tendance change en permanence et Anelka est actuellement irrésistible. La métamorphose de Nicolas, due à sa maturité, devrait inspirer Karim. Leur début de carrière se ressemble. Mais s'il veut gagner du temps, Karim doit l'imiter. Malheureusement, il n'y a souvent que l'expérience qui permet de bien analyser les situations. Je ne veux pas défendre à tout prix Karim mais il ne faut pas oublier son âge. De plus en plus, les jeunes joueurs ne pensent qu'à leur cas personnel et peu au collectif. C'est l'évolution négative d'un sport où l'argent guide des footballeurs profitant d'un système mal fait qui récompense avant de mériter. C'est le contraire de l'éducation. Se construire avec des valeurs et du respect est presque impossible. Rares sont les jeunes talents qui gardent la tête sur les épaules et leurs ambitions sportives intactes. Pour cela, il faut une grande maturité et parfois plus d'intelligence. Ceux qui écoutent les anciens comprennent plus vite mais ils sont rares. Raymond Domenech a du travail mais pas seulement avec Karim. La gestion des hommes est devenue compliquée et c'est peut-être dans ce domaine que le sélectionneur a le plus de mal. Dans celle du cas Benzema, c'est bien de lui pardonner, mais encore faut-il le faire par des actes. Car Domenech aime bien punir par l'usure mentale.