Jouer au Real Madrid, même si on a tous les talents footbalistiques du monde, est un défi très délicat. Karim Benzema l'apprend à ses dépens depuis le début du mois d'octobre. L'Espagne du football, inquiète, attend autre chose.
Le concert de louanges s'est arrêté net. Le chef d'orchestre Florentino Perez a bien dit de continuer mais son assistant Manuel Pellegrini a coupé son désir. Son turnover, instauré depuis le début de la saison, sera encore d'usage. Point barre. Tant pis sir Karim Benzema est lésé dans l'histoire. L'attaquant tricolore du Real Madrid, indiscutable pour son président, l'est devenu beaucoup moins pour son entraîneur. Et encore plus pour les medias espagnols. Ceux-ci se déchaînent sur lui depuis la victoire du Real contre Valladolid samedi soir (4-2). Benzema était aligné dans le onze de départ et n'a point marqué. Au contraire de Raul, auteur d'un superbe doublé, mais aussi de Gonzalo Higuain, fin exécutant d'une superbe pichenette.
Son détachement naturel agace «Il y a un problème Benzema», ouvre sur son site officiel le très écouté As ce mardi, qui poursuit : «L'attaquant inspire des doutes au staff madrilène concernant son rendement, beaucoup plus faible que prévu». L'avis du seul As pourrait ne pas être pris au sérieux sauf qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé. Le plus prestigieux El Pais avait déjà ouvert le débat en classant son homme dès lundi matin. Le journaliste Diego Torres avait craché son encre sur le détachement naturel de l'ancien Lyonnais hors du terrain : «Depuis quelques jours, Karim Benzema se fait discret, prudent, moins crédule. Sa page web n'est même plus actualisée. Après Valladolid, il était énervé parce que Manuel Pellegrini l'a changé pour la quatrième fois consécutive. Le football n'est pas un jeu, peut-être que Benzema est en train de le comprendre. C'est le 7e transfert le plus cher de l'histoire du club. Des géants comme Zidane et Ronaldo ont confirmé l'investissement mais de grandes promesses comme Anelka ou Prosinecki ont échoué».
En retard sur Raul, par exemple Finir au Real comme l'ancien attaquant barbu de l'Etoile Rouge de Belgrade n'est peut-être pas prévu tout de suite dans les plans de Benzema. Du côté de ces statistiques, rien de vraiment déshonorant mais rien de transcendant non plus. En 442 minutes jouées en compétition, il a inscrit 3 buts. Soit un de moins que l'inoxydable Raul, qui en a joué? 425. Puisque Ruud van Nistelrooy est blessé, le dernier larron concurrent de Benzema en n°9 se nomme donc Higuain (212 minutes pour un but), qui a le désavantage d'avoir été recruté par Ramon Calderon mais qui est saignant à chacune de ses entrées. Ce qui est reproché à Benzema, c'est de ne pas savoir se situer sur le front de l'attaque, à trouver des positions de tirs et ne pas plus participer au jeu collectif. Il l'a fait, mais seulement face à l'OM et Tenerife. C'est peu. Contre le Milan AC, mardi soir, l'attaquant tricolore ne devra sa titularisation qu'à une contracture de Gonzalo Higuain et sera attendu au tournant, lui qui n'a plus fait trembler les filets depuis la 5e journée, le 26 septembre et reste donc muet depuis trois matches. Alors oui, il faut lui laisser du temps pour parfaire son adaptation. Mais au Real, plus qu'ailleurs, le temps, c'est de l'argent. Et il le sait depuis le début.