Gérard Houllier a rendez-vous avec Liverpool à 21h. Mais au delà de l'émotion des retrouvailles, ce déplacement revêt une importance capitale pour le nouveau manager d'une équipe d'Aston Villa mal en point.
Un peu plus de six ans après l'avoir quitté, Anfield Road promet à Gérard Houllier une chaleureuse ovation. Personne sur les bords de la Mersey n'a en effet oublié celui qui a relancé les Reds sur la scène européenne. Arrivé dans un climat de scepticisme accompagnant son statut de premier entraineur étranger à prendre les rênes du club, Houllier restera finalement six années avec en point d'orgue une exceptionnelle saison 2001 qui verra Liverpool emporter pas moins de cinq trophées dont la Coupe de l'UEFA. Si la fin de son mandant fut moins glorieuse, le temps s'est chargé d'estomper cette fin de parcours pour qu'au final le nom de Gérard Houllier soit à jamais synonyme de succès dans la mémoire des supporters de Liverpool. Mais ce soir, sitôt le coup d'envoi donné, le retour à la réalité sera moins avantageux pour le nouvel entraineur d'Aston Villa.
Près de trois mois après son arrivée à Villa Park, son bilan laisse à désirer. Encore cinquième début septembre à l'arrivée de Gérard Houllier, Aston Villa a depuis disputé onze matchs pour seulement deux victoires, cinq nuls et quatre défaites. Au point que le club pointe aujourd'hui après deux défaites de rang à une inquiétante 16e place, incitant le technicien français sous pression à ressortir de sa panoplie ses techniques de gestion de crise habituelles. Alors que Martin O'Neil a quitté le club face au manque d'ambition de son président, Houllier a tenu à stigmatiser d'emblée un effectif dépouillé de son meilleur élément de la saison passée, James Milner parti à Manchester City. Peu importe si l'excellent Stephen Ireland a été recruté pour le remplacer. Déplorant également les nombreuses blessures qui déciment son effectif (notamment Petrov, Heskey ou Cuellar), l'ex DTN a déjà une excuse toute trouvée au déficit de résultats lorsqu'il déclare fin novembre au Birmingham Mail : « Nous avons besoin de sang frais au milieu de terrain. Si on peut avoir deux recrues, ce sera possible de terminer dans les six premiers".
Sixième. Un rang aux portes du Big Four, où son prédécesseur avait pourtant réussi à stabiliser le club ces trois dernières saisons. Autant dire que ces propos ne manqueront pas de heurter un vestiaire pas encore conquis (interrogé à l'arrivée d'Houllier sur ce que pourra apporter, Agbonlahor avait coupé court par un "next question” éloquent) . Pas sûr non plus qu'Ashley Young et Gary Agbonlahor voient d'un très bon œil le recrutement d'un Robert Pirès sur le retour, à un poste de milieu offensif désormais soumis à une rude concurrence. Ajouter à cela un règlement de compte par presse interposée avec son attaquant John Carew et l'on comprend aisément que le match de ce soir marque un véritable tournant dans la saison de Gérard Houllier.