Incapable de prendre l'avion, l'attaquant péruvien de Hambourg est bloqué depuis un mois à Lima ! Sa mère, sa petite copine, son cousin, un psychologue? Personne ne peut le rassurer. Pendant ce temps, Ruud van Nistelrooy rigole bien.Aérophobie, pas aérophagie Ne pas confondre deux termes. L’aérophagie, syndrome entraînant ballonnements doublés de possibles flatulences. Et aérophobie, définie comme la crainte pathologique de l’air, et donc de l’avion. C’est ce mal dont souffre Paolo Guerrero, comme 10% de la population, chiffres comprenant l’ancien buteur d’Arsenal Dennis Bergkamp. Il faut bien ce petit rappel pour comprendre l'histoire de l’attaquant péruvien d’Hambourg, qui a réalisé un début de saison fracassant avec 4 buts en autant de matches avant de se rompre les ligaments croisés d’un genou en éliminatoires du Mondial en septembre contre le Venezuela. Pour le soigner du mieux possible, le HSV lui a alors donné le feu vert pour être opéré en Amérique du Sud. Depuis, le cauchemar a empiré. A la douleur physique est venue se greffer une souffrance psychologique.
Le cousin, pas le plus malin Toujours à Lima, Guerrero est ainsi attendu en Allemagne pour le mois de mars mais sa convalescence a avancé plus vite que prévu. Il a donc décidé de se faire violence et de prendre l’avion. Depuis un bon mois, rien à faire, sa peur est trop forte. Il a essayé à quatre reprises, toutes loupées. La première avec son frère, la seconde avec sa mère, la troisième avec sa copine, la journaliste Talia Echecopar et la dernière avec son cousin Martin Rojas, le moins malin puisqu’il s’est aperçu que son visa européen avait expiré. Mais quelle malédiction plane donc sur l’aéroport Jorge Chaves ? Pour régler le problème, le HSV a dépêché Christoph Meyer y Uwe Eplinuis, respectivement psychologue et physiothérapeute. Chou blanc, là aussi. Il faut dire que Guerrero a encore en mémoire l’accident tragique qui a coûté la vie à son oncle José Gonzalez Ganoza et à toute l’équipe d’Alianza Lima en 1987.
Des cris et un contrat à la hausse De plus, son inconscient est encore fragilisé par l’atterrissage en urgence de l’avion du club allemand à Paris en août dernier suite à un problème hydraulique. A cette occasion, il n’avait pu retenir des cris stridents. «Ce fut le pire moment de ma vie», avoua le «Depredador» (son surnom signifiant le prédateur). Maintenant, il faut trouver une solution. Hambourg, avec qui il était en pourparlers pour un salaire à la hausse (4M€ par an), envisage ainsi de le rapatrier par bateau. Ce qui prendra du temps et fait le jeu de Ruud van Nistelrooy, concurrent de Guerrero sur le front de l’attaque hambourgeoise. Bruno Labbadia, entraîneur du club allemand, relativise cette aberration : «Notre but n’est pas qu’il ressente de la pression mais qu’il se sente en paix».