Et si domenech nous ecoutait
La rédaction

Avec les forfaits d'Eric Abidal et Jérémy Toulalan, les bonnes performances de Lloris ou Anelka, et la copie moyenne rendue par Henry, tout est fait pour que la composition que nous défendions dès vendredi dans le 10 Sport Hebdo puisse être alignée mercredi soir?

Le système : influence bordelaise. Érigé en modèle « domenechien » depuis un jour de 2005 où Zinédine Zidane, Claude Makelele et Lilian Thuram ont décidé de sortir de leur maison de retraite, le 4-5-1 que l'on devrait, sauf séisme, voir aligné à Croke Park, sent bon la naphtaline? Un seul attaquant, alors que l'on dispose d'au moins quatre pointes de niveau mondial, cela ressemble fort à du gâchis. Contre 90'% des nations de football, l'équipe de France a la maîtrise du ballon. Pourquoi ne pas bâtir un système plus joueur, pas moins équilibré pour autant'? Ce qui permettrait aux Bleus de se mettre dans les meilleures dispositions pour produire ce que la France du football attend depuis trop longtemps : du jeu. La référence française du moment en matière de beau football, c'est Bordeaux, et leur 4-4-2 en losange semble parfaitement adaptable aux Bleus. Le meneur de jeu, habitué au système qui plus est, nous l'avons. Les attaquants pour aligner un duo compétitif, nous les avons. De quoi constituer un trident au milieu, ce n'est pas ce qui manque. Alors, osons'! Le gardien : Lloris, le grand pardon. Sans cette frappe de Benoît Cheyrou, sans cette tête de Souleymane Diawara, il n'y aurait eu aucune discussion et Hugo Lloris aurait plusieurs longueurs d'avance sur Steve Mandanda. Pour sa palette complète, pour sa forme des dernières rencontres, pour son festival, surtout, face à Liverpool, le Lyonnais a démontré qu'il avait la taille internationale. Alors oui, il y a cette petite faute de main face à l'Autriche et cette expulsion face à la Serbie. Oui, il reste sur une énorme contre-performance face à l'OM. Mais à ce que l'on sache, la musette de Steve Mandanda à Gerland n'était pas moins vide, et le Marseillais n'a pas non plus montré une assurance débordante en Bleu. Et comme, au 10 Sport, on a le pardon facile, et que face à l'Eire, sa prestation s'est révélée de haute voltige, le choix de Hugo Lloris, pour nous le plus talentueux des deux, sonne comme une évidence. La défense : Squillaci, parole au spécialiste. Raymond Domenech essaie-t-il de faire passer Pep Guardiola pour un incompétent'? Si tel est le cas, il faudrait lui dire que c'est peine perdue? En se résignant à aligner éric Abidal dans l'axe, le sélectionneur des Bleus choisit une option que l'entraîneur qui a tout remporté l'an passé n'envisage pas autrement qu'en dernier recours. Alors oui, choisir un gaucher dans l'axe gauche semble frappé d'une certaine logique. Sauf que (dites-nous Raymond si l'on se trompe) Chelsea, Barcelone, Manchester United ou, plus proche de nous, Bordeaux et Lyon assurent très bien avec deux droitiers. Pour évoluer à côté d'un Gallas que l'on estime à nouveau incontournable, tout comme les deux latéraux Evra et Sagna, rompus au football britannique, le 10 Sport vote Sébastien Squillaci'! Le « Prince de Séville » devient une référence en Liga, et Raymond était bien heureux de compter sur lui contre Lituanie avant d'avoir un trou de mémoire quand la rentrée fut venue. Et petit bonus appréciable, son jeu de tête, qui nous serait bien utile pour cette confrontation? Le milieu : la bagarre et le génie. La bataille du milieu de terrain ne sera pas qu'une expression consacrée face aux grands hommes verts et il va falloir des hommes pour aller au charbon. Dans notre trident de bagarreurs, Alou Diarra s'impose au détriment de Jérémy Toulalan. Pour la connaissance qu'il a de ce poste depuis deux ans, pour le fait que lui ne pige pas en défense centrale depuis plusieurs semaines et parce qu'il est, de notre aveu, sous côté au vu de ses performances exceptionnelles tant en Ligue 1 qu'en Ligue des champions, cette place de sentinelle (n'est-ce pas Lolo'') lui revient de droit. À ses côtés, Florent Malouda à gauche et « Lass » à droite ont le profil parfait et la caisse suffisante pour aller à la guerre tout en se projetant devant si nécessaire. Quant à Yoann Gourcuff, ce système est tout simplement fait pour lui. À lui, le chef d'orchestre, de faire jouer la partition sans fausse note. L'attaque : le fantasme Anelka-Benzema. Un vrai problème de riches, ce système. Henry, Gignac, Anelka, Benzema, Rémy, voire Govou. Pour deux places, cela fait du monde, mais toujours plus de place à offrir que le triste 4-5-1 que d'autres sélectionneurs moins audacieux proposent. Du coup, les duos à composer sont tous aussi alléchants les uns que les autres. Au vu de leur forme du moment et leur habitude d'évoluer au quotidien à un poste axial, le trio Gignac-Anelka-Benzema se détache néanmoins du reste de la meute. Le débat aurait pu durer longtemps pour trancher, d'autant plus que le Toulousain, avec ses trois buts sur les deux derniers matches avec les Bleus, a des arguments à revendre. Mais avoir dans ses rangs les attaquants de Chelsea et du Real Madrid et se passer d'un d'entre eux est un crève-c'ur auquel Le 10 Sport se refuse. Malgré quelques difficultés, on en reste persuadé, l'ancien Lyonnais est notre meilleur numéro 9. Et Anelka, actuellement, est peut-être ce qui se fait de mieux pour accompagner un vrai buteur. Benzema-Anelka, comme duo d'attaquants des Bleus. Avouez que vous aussi, ça vous fait rêver. Le choix : Henry sur le banc. Du Malouda, du Benzema, du Anelka mais, vous l'avez vu, pas de Thierry Henry. Une hérésie pour les habitués de l'équipe de France depuis une dizaine d'années. Mais le 10 Sport, qui aime bien bousculer les habitudes, s'est posé une question toute simple : au nom de quelle loi un attaquant serait assuré de sa place de titulaire, d'autant plus quand la concurrence à son poste est si importante'? Excepté un hypothétique coup de gueule avant d'affronter la Roumanie, démenti par ses soins au journal télévisé, Capitaine Henry a trop rarement justifié son brassard. Le charisme n'est donc pas vraiment un argument valable. Et ne parlez pas de sa forme du moment, qui n'est qu'une pièce de plus à charge. Seulement titulaire depuis le week-end dernier après plusieurs semaines sur le flanc, « Titi » est plus que discuté à Barcelone, où il se murmure que ses relations avec son entraîneur, Pep Guardiola ne seraient plus forcément au beau fixe. Enfin, force est de constater que ce système ne le met pas en valeur. En milieu gauche si reculé, Henry n'a pas sa place. Et, soyons honnêtes. Vous vous passeriez de Nicolas Anelka, de Karim Benzema ou d'André-Pierre Gignac pour Thierry Henry'? Nous, franchement, non.