Interrogé dans les colonnes de Libération, Max, le speaker du Stade de France, est revenu sur la soirée qu’il a vécue vendredi soir. Une soirée qu’il n’oubliera jamais.
Ils étaient 80.000, tous pendus à ses lèvres. Vendredi soir, vers 22h45, et alors que la plupart des personnes n’est au courant de ce qu’il s’est passé une heure auparavant, le speaker du Stade de France doit annoncer au public présent la procédure à suivre pour sortir de l’enceinte de la Seine Saint-Denis. Le but est alors simple : n’affoler personne, ne pas semer un vent de panique pour éviter un mouvement de foule. C’est Max, le speaker du Stade de France, qui en est chargé. Il raconte pour Libération.
« Le silence est religieux, un blanc traverse le stade »
« On a dépassé la 70e minute de jeu, et j’apprends la gravité des incidents. Le circuit est précis : les dirigeants de la Fédération française de football et le PC sécurité vont me transmettre un texte pour une annonce finale, via la régie. Je ne suis jamais en contact direct avec les grands décideurs. (…) On me donne la feuille, je dois la lire à la virgule près, au mot près, elle a été validée par les plus hautes instances. Il faut absolument évacuer le stade sans qu’un mouvement de foule ne se crée. Le coup de sifflet final a retenti, les joueurs vont s’agglutiner près des écrans télé dans les couloirs et prendre conscience du drame. Je lis mon annonce, et c’est assez dingue : le silence est religieux, un blanc traverse le stade. Je n’ai jamais été préparé à ce type de situations, on fait bien sonner les alarmes avant les rencontres, mais ce sont des exercices de pure forme », explique tout d’abord Max.
« Il ne faut pas affoler les spectateurs »
« J’ai bien compris l’importance du message, et du ton, qui n’est pas celui, très grave, des hommages aux disparus lors des avant-matchs. Il ne faut pas affoler les spectateurs, être sobre, audible, bien choisir son vocabulaire, ne pas faire le rigolo. Les gens ont bien compris que le mal était fait, mais il faut leur faire comprendre que, justement, tout est sous contrôle, sécurisé. Les spectateurs, à ce moment-là, et je m’inclus dedans, sont dans une situation paradoxale : dans le stade, on rêve d’être dehors, libre de nos mouvements, et même de courir loin ; mais dehors, on se dit qu’en fait, on était peut-être plus en sécurité à l’intérieur », a-t-il conclut.