Dans un long entretien accordé à l'Equipe Magazine, Yohan Cabaye a fait le tour des sujets qui l'entourent. Sans langue de bois.
Newcastle, un choix logique Parti à un an de l'Euro de l'autre côté de la Manche alors que tout fonctionnait pour le mieux dans le Nord de la France, le choix de Yohan Cabaye a étonné pas mal de monde. Mais l'ancien Lillois n'a jamais douté ou regretté son choix : « Chacun est libre de penser ce qu'il veut. Je partais confiant, je savais qu'on misait vraiment sur moi, à Newcastle. Je savais où je mettais les pieds ». Oui, Cabaye a bien a tête sur les épaules et ce choix a été mûrement réfléchi, sans forcément se préoccuper de l'Equipe de France, la preuve d'une confiance en ses capacités : « Au moment de me décider, je n'ai pas du tout pensé aux Bleus. Je voulais surtout savoir comment ça allait se passer avec Alan Pardew, si la philosophie de jeu correspondait à celle de Lille. » Même s'il reconnaît que Lille et ses joueurs étaient quasiment inconnus en Angleterre, Yohan Cabaye s'est rapidement adapté grâce aux joueurs français déjà présents, à l'image de Ben Arfa, mais aussi grâce aux similitudes avec Lille : « Newcastle et son environnement ne sont pas si différents de la région lilloise. La mentalité, les briques, la météo, c'est la même chose! ».
Les Bleus dans la tête Alors qu'il a réussi à s'imposer du côté de St James Park, Cabaye fait figure de taulier dans cette Equipe de France version Deschamps. Sa première sélection remonte au 11 août 2010 et il a donc connu l'échec de l'Euro, tant sur le plan sportif que sur le plan de l'image. Il savoure alors le nul en Espagne à sa juste valeur : « Le groupe continue à progresser […] Ce nul nous donne confiance et nous prouve qu'on peut faire de bonnes choses contre de grandes équipes. Il faut rester les pieds sur terre. » Sur le plan personnel, il sait qu'il a acquis un statut plus important mais il ne veut pas se mettre en avant et fait tout pour continuer à mériter sa place : « Je ne revendique pas de statut particulier ni le besoin d'être rassuré par des discussions avec le coach. Je n'avais pas de rapport particulier avec Laurent Blanc, je discutais plutôt avec Jean-Louis Gasset. Si on me met sur le terrain, c'est qu'on aime ce que je fais. » Il a également profité de cet entretien pour donner son avis sur la différence de médiatisation entre le football et les autres sports:« On va parfois trop loin dans l'intimité des joueurs. Nous ne sommes pas irréprochables mais visiblement dans d'autres sports, il y a aussi des problèmes non ? […] Je ne cours pas après la médiatisation. On parle plus de l'extra-sportif que du sportif, c'est ça le problème ».
Une préparation spéciale Depuis trois ans, le milieu des Magpies dispute en moyenne 50 matchs par saison. Epargné par les blessures, le Français a révélé la clé de son succès : « Je travaille beaucoup avec mon préparateur physique personnel, Fabien Richard. Depuis quatre ans, on se voit quelques jours toutes les cinq à six semaines environ […] Je ne remets pas en cause le travail fait dans les deux clubs. Ce qu'on fait est toujours bien calculé, et Fabien s'adapte à ce que je bosse déjà en club ». Cabaye a tenu à souligner les différences entre la Ligue 1 et la Premier League : « A Lille, on bossait beaucoup les sorties de petit périmètre, les appuis sur les deux ou trois premiers mètres. Ici, on travaille davantage les longues courses à répétition pour prendre du coffre. Je fais aussi plus de musculation. »
Le Xavi français ? Cette préparation pointue a sans doute aider Cabaye à gravir les échelons du football européen. Mais sur le plan international, il ne laisse pas non plus insensible les grands spécialiste à l'instar de Vicente Del Bosque qui le comparait récemment à Xavi : « Ca fait plaisir forcément et ça donne confiance mais je sais aussi que j'ai encore beaucoup de boulot. J'étais très heureux de l'affronter mardi et je vais continuer à étudier ses matches pour apprendre encore ». L'international français a aussi tenu à souligner le rôle important qu'à jouer Claude Puel dans sa carrière : « Il m'a appris énormément de choses. Si j'en suis là aujourd'hui, c'est en grande partie grâce à lui. » A 26 ans, la progression de Yohan Cabaye ne risque pas de s'achever tout de suite.
Par Mathieu Lefevre