A l'occasion du derby milanais, Marcel Desailly, joueur du Milan AC de 1993 à 1998, explique pourquoi il n'y a plus vraiment de rivalité entre le Milan AC et l'Inter Milan.
Marcel, pourquoi le derby milanais n’exacerbe plus autant les rivalités ? A mon époque, il y avait déjà beaucoup plus d’Italiens puisque les clubs n’avaient le droit qu’à trois joueurs étrangers maximum. Depuis l’arrêt Bosman, les migrations sont importantes et il y a beaucoup moins cette culture club, cette notion d’appartenance. L’effervescence est également beaucoup moins importante autour de ce derby parce que le championnat italien a perdu de son aura, de sa grandeur, contrairement aux championnats anglais et espagnol. Les clubs et les supporters se focalisent aussi avant tout sur la Ligue des champions qui fait davantage rêver.
Comprends-tu le fait qu’un joueur puisse passer du Milan AC à l’Inter ou inversement sans que cela ne dérange plus personne ? Oui. Les mentalités ont évolué dans le football. C’est devenu un business où le joueur se fixe avant tout sur l’offre et la demande pour mener sa carrière. Le joueur est devenu le représentant d’une société. C’est un salarié à part entière. Mais plus que l’amour du maillot, les joueurs ont simplement envie de jouer au football, pas d’appartenir à un club. Les supporters doivent donc s’attacher à leur club et non plus aux joueurs.
Aurais-tu imaginé un jour porter le maillot de l’Inter quand tu étais joueur ? A mon époque, c’était impensable que je puisse un jour porter le maillot de l’Inter ! Je ne l’aurais jamais fait. Aujourd’hui, je n’en suis pas si sûr. En fin de carrière par exemple, j’aurais peut-être jouer pu le faire car la logique est différente.