Décontracté à l'approche de France-Angleterre, Sébastien Chabal a accepté de nous recevoir en « one to one ». Entre souvenirs d'outre-Manche et réflexions sur la rivalité franco-britannique, le sportif préféré des Français lance le « Crunch ».
Sébastien, vous serez remplaçant face à l'Angleterre… (Ferme) C’est une grosse déception. C’est toujours frustrant de débuter un match sur le banc. J’ai eu la chance de revenir après ma blessure, en début de Tournoi. Je me satisfais de ça. Cette rencontre a-t-elle une saveur particulière pour vous ? Oui, bien sûr. Notamment parce que j’ai joué avec et contre ces joueurs pendant cinq saisons. Pourquoi les anglais battent-ils si souvent la France ? (Rires) C’est marrant car eux aussi se posent beaucoup de questions quand ils abordent ces matches face à nous. Ils ne savent jamais comment on va jouer. Nous sommes imprévisibles, contrairement à eux qui sont très prévisibles et directs dans le jeu. Je pense que c’est leur discipline qui nous pose problème. Contre eux, on n’y arrive pas, on se perd. On se met sûrement une pression supplémentaire car on sait par avance que ce sera compliqué. Il y a des nations qui ne nous réussissent pas. L’équipe d’Angleterre en fait partie. Évoquons vos cinq années passées outre-Manche. Quel est le meilleur de l'Angleterre ? Tout ! Je me suis régalé à chaque instant. Découvrir leur culture, leur façon de travailler, leur approche des matches, c’était génial. Ils sont très détachés. Ils gardent beaucoup de distance jusqu’à leur entrée dans le vestiaire. Vous arrivez deux heures avant le match, vous faites ce que vous voulez de votre journée. En France, vous n’êtes pas libre. Là-bas, il n’y a pas cette impression d’être surveillé. Du coup, ça responsabilise les joueurs. C’est ce qui leur permet de se donner à fond dès qu’ils entrent sur le terrain. Et le pire de l’angleterre ? La bouffe ! Ça ne va surprendre personne. Autant être franc… Parmi tous les joueurs que vous avez affrontés en Angleterre, lequel est votre pire ennemi ? Celui qui pourrait caractériser cette rivalité France-Angleterre ? J’ai beaucoup de respect pour tous les joueurs. Je suis persuadé que c’est réciproque. Les Anglais ne nous détestent pas, ils nous craignent. Les matches France-Angleterre sont toujours très engagés et physiques. A quoi doit-on s’attendre ce samedi au Stade de France ? Ça va être dur. Ils ne vont rien lâcher. Ils sont comme ça. Il ne faut surtout pas regarder leurs précédentes prestations, ça n’a aucune signification par rapport à ce qu’ils vont nous proposer ce samedi. Ils ont une faculté à se remettre en question et à repartir de l’avant assez sidérante. On va affronter de nouveaux Anglais. Ils trouvent toujours des ressources pour se relancer. Ils vont nous proposer beaucoup de combat, un peu comme les Sud-Africains cet automne. C’est le même profil de joueurs. Il faudra répondre présent dans ce secteur pour espérer l’emporter. Priver la France du Grand Chelem peut-il être une motivation supplémentaire ? C’est certain. Indépendamment du Grand Chelem, ce match est important pour eux. Ils ne sont pas très bien, ils se posent des questions. Ce dernier match dans le Tournoi peut leur permettre de retrouver des certitudes et un peu de sérénité. Ce match est peut-être encore plus important pour l’équipe de France qui court après le Grand Chelem depuis 2004… Bien sûr. Ce Grand Chelem nous permettrait de valider le travail effectué depuis le début du Tournoi. Quatre victoires, obtenues avec la manière, ce n’est pas rien. Il faut terminer le travail. La raclée reçue l’an dernier à Twickenham est-elle encore dans les esprits ? Non. Le contexte est différent. On vise surtout le Grand Chelem. On se tromperait en cherchant à se venger de la défaite de l’an dernier. Un naufrage est-il possible ? Je ne pense pas même si on n’est à l’abri de rien. C’est le gros rendez-vous, on va essayer de bien finir.