Après l’échec des Jeux Olympiques, les critiques envers le sélectionneur du Brésil se sont accrues, au point qu’il est aujourd’hui ouvertement critiqué à deux ans de la Coupe du Monde. Mano Menezes compte sans doute sur Lucas Moura pour lui donner un peu de répit.
Lucas est le transfert le plus cher de l’histoire des clubs brésiliens. Pourtant, il ne sera titulaire pour la première fois que ce soir en sélection. Ce joueur annoncé comme grandiose voudra profiter de cette exposition pour montrer que c’est aussi lui, l’avenir de la sélection. Tout un pays l’espère, tant le joga bonito est en sommeil dans un pays qui en est malade depuis plus de 10 ans, et le dernier sacre mondial du pays du football.
Un profil différent des autres
Hulk, Neymar, Ganso, Oscar. Autant de joueurs techniquement affolants mais ont le défaut de leurs qualités, ils adorent garder la balle. La Seleçao a beau avoir des fulgurances, son jeu est trop individualiste et parfois lent, un comble. Le futur joueur du Paris Saint-Germain, Lucas Moura, est en revanche un joueur à la verticalité confirmée. Son jeu vers l’avant est hyper efficace, que ce soit en percussion ou en appel, il aime la profondeur. Pour autant, sa qualité technique n’est pas inférieure à celle de ses coéquipiers, sauf qu’elle s’exprime beaucoup en mouvement. Un constat qu’avait confirmé Omar Da Fonseca dans l’édition du 23 août du 10 sport. Selon l’ancien attaquant du PSG, Lucas « a une puissance physique extraordinaire (...) mais très fort techniquement. Il a un style plus européen. » Une aubaine pour le sélectionneur Menezes, à la recherche d’efficacité et pas de faiseur de grigris superflus. « Une fois qu’il est lancé, il est quasiment inarrêtable, ajoute Da Fonseca, consultant TV aujourd’hui. C’est typiquement le type de joueur qui pourrait s’adapter en Europe. » Lucas est donc tout ce que n’a pas le Brésil du moment. Un artiste capable de faire l’impasse sur son envie de spectacle si un pointu est le geste juste. Moins starifié dans le monde, moins « youtubisé » sur la toile, le futur joueur d’Ancelotti n’en est pas moins tout aussi coté auprès des spécialistes. C’est pour cela d’ailleurs que Le 10 Sport avait révélé les intérêts très pressants de Manchester United et autres Barça et Real. Le joueur, de son coté, ne veut pas croire que sa seule présence fera la différence. «C’est vrai qu’en ce moment, c’est difficile pour nous. Mais ce serait irrespectueux vis-à-vis de mes coéquipiers de croire que ma simple présence puisse tout changer. Moi, je n’aspire qu’à jouer et peut-être que mon heure viendra ce vendredi…» L’Afrique du Sud verra donc la première sélection du prodige paolista, un joueur qui de surcroît aura tout un stade acquis à sa cause.
Des débuts à la maison pour être à l’aise
Mano Menezes a fait les choses bien. Lucas débutera pour la première fois sous le maillot auriverde dans « son » stade, celui du Sao Paulo FC, le Morumbi. Un environnement qui décuple sans doute la motivation du joueur, et qui peut donner un peu de temps à un sélectionneur sous le feu des critiques. «Ce serait formidable si cela arrivait. Dans un endroit où j’ai mes repères, où je me sens tellement bien, c’est un avantage psychologique indéniable », confirme Moura. Autre facteur positif, l’adversaire faible présenté à la foule et à la Seleçao. L’Afrique du Sud est loin d’être un foudre de guerre, et entre le voyage et le décalage horaire, les Brésiliens pourraient donner l’illusion d’une vraie force de frappe avec un minimum de sérieux. Un sérieux dont Lucas est un habitué. Disposant d’un gros volume de jeu, il ira harceler les défenseurs présents face à lui. Porté par son public, le joueur voudra prouver que la mine à pépites du Brésil ne se trouve pas forcément du coté de Santos. Du moins pas celle qui produits des joyaux à l’exportation. Acheté plus de 40 millions par le PSG, Lucas Rodrigues Paulo Moreira da Sila voudra marcher dans les pas de Rai et Leonardo, son futur patron. Deux légendes de Sao Paulo devenues idoles du Parc et des auriverde. C’est tout le mal que Mano Menezes lui souhaite, pourvu que ça commence ce soir.
Ryad Ouslimani