La France a gagné en Ecosse pour l'ouverture du Tournoi des VI Nations. Mais les Bleus n'ont pas convaincu. Ils devront donner plus samedi pour dominer l'Irlande.Les Bleus n’ont pas vraiment eu à forcer leur talent pour l’emporter en Ecosse lors de l’ouverture du Tournoi des VI Nations. Des Ecossais au grand coeur, pleins de générosité et de courage mais qui manquèrent totalement d’efficacité. L’équipe de France a parfaitement géré son match comme une partie d’échecs, avançant pion par pion pour affirmer sa stratégie, étouffant le XV du chardon, l’explosant en mêlée fermée et le perforant quand bon lui semblait via un certain « Bastarocket ».
Mais gare au prochain adversaire, l’Irlande, bien plus redoutable que cette équipe écossaise avec, au centre de l’attaque, le meilleur trois-quarts centre du monde, j’ai nommé « Sir » Brian O’Driscoll. Il fut époustouflant face aux Italiens le week-end dernier. Remercions ce cher Brian qui dit de l’équipe de France qu’elle est « la meilleure au monde » ! Et n’en croyons rien. Même si notre mêlée a été royale dimanche dernier, elle va devoir, ce samedi, se frotter à l’un des meilleurs packs du Tournoi avec, en deuxième ligne, la poutre maîtresse irlandaise, le capitaine Paul O’Connell.
NE PAS GÉRER MAIS JOUER
Face à l’Irlande, il ne sera plus question de calculer ou de gérer le score comme on l’a fait en Ecosse. Il faudra tout simplement jouer. Jouer au rugby pour prendre de vitesse des Irlandais qui n’en manquent pas. Dans le cas contraire, on se dirigera vers une grosse désillusion. Ces Irlandais, forts de leur expérience, ont remporté le Grand Chelem 2009. Plus de la moitié des joueurs ont été sacrés champions d’Europe avec le Leinster l’an dernier. Les Irlandais possèdent aujourd’hui une grande maîtrise collective, articulée autour de l’axe 2-8-9-10-13. Leur alignement en touche est l’un des plus performants au monde, notamment sur lancers adverses.
Quant à la mêlée, elle n’a pas pour habitude de se faire marcher sur les pieds. N’oublions pas que les Irlandais sont des hommes fiers avant d’être des joueurs de rugby, animés du légendaire fighting spirit. L’équipe de France est prévenue. Elle devra hausser son niveau de jeu si elle veut l’emporter ce samedi au Stade de France. Elle doit, aussi, retrouver le collectif qui lui avait permis de surclasser les champions du monde sud-africains à l’automne. Elle devra enfin se montrer plus agressive offensivement, notamment grâce à l’arme redoutable qu’est Mathieu Bastareaud. Faut-il encore exploiter son énorme potentiel pour perturber la défense irlandaise ?Oui ! Et puis Mathieu Bastareaud a beaucoup progressé techniquement la saison dernière. Le centre parisien n’est pas uniquement un perce-muraille.
J’ai toujours retenu cette phrase de Pierre Villepreux qui m’a tant inspiré : « Attaquez depuis les vestiaires ! » Mais restons sérieux. Samedi, c’est le bleu de chauffe qu’il va falloir enfiler avant d’envoyer la cavalerie !