Je vous en supplie, collègues du XV de France : que les Anglais ne nous sortent pas leur fameux « Good game ! » à la fin du match? Après la récréation italienne, la dernière échéance sérieuse est là. Le Graal est à 80 minutes. Ne laissez pas passer cette occasion, si belle et prometteuse.
Je sais de quoi je parle pour avoir décroché le Grand Chelem dans un stade mythique, Twickenham de surcroît. Je sens encore le grand Jean-Luc Joinel me sauter dessus et exprimer toute sa joie. Je me rappelle aussi d’un groupe qui avait bien fait son travail et qui n’avait pas cédé à la facilité de se cacher derrière l’arbitrage incohérent, ce jour-là, du décideur gallois. Je me souviens enfin de la belle nuit passée à Londres. Je me souviens avoir comparé Twickenham à Wimbledon avec Patrice Dominguez, en buvant quelques pintes de bières. Notre staff a pris de la bouteille. Je suis content de ce qui lui arrive car ce sont des personnes très respectables dans le monde du rugby. Un titre majeur va leur donner de la confiance dans leurs options de jeu mais aussi dans les compositions d’équipe. On ne change pas une équipe qui gagne. JOHNSON LYNCHÉ PAR LA VOX POPULI Mais attention, les Anglais sont là avec ce briscard de Martin Johnson. Adulé par son peuple en tant que capitaine, après avoir tout gagné, il est maintenant lynché par la vox populi et ses propres amis qui bossent pour la BBC ou le Sunday Telegraph. Il semble plus facile de trahir que de soutenir un frère. Même si l’Anglais ne m’a jamais attiré comme l’Irlandais, le Gallois ou l’Ecossais, ce Martin là mérite notre respect. On sait que sur un match, tout peut basculer. Les Anglais vont sans aucun doute se recentrer sur les fondamentaux et laisser les grandes envolées au vestiaire. Malheur à celui qui sera mené de plus de 10 points. L’autre mettra les barbelés et le match sera terminé. Aussi, espérons que notre belle équipe de France soit devant. Aujourd’hui, le XV de la Rose espère faire une deuxième faveur à ses joueurs. L’entraîneur peut très vite redevenir entraînant et ses joueurs, joueurs. Jonny Wilkinson n’a plus les même forces à ses côtés que lors des campagnes victorieuses mais un joueur de sa dimension peut provoquer de grandes choses. Même si je pense que sa fin est proche, à ses côtés, on sent de la jeunesse, l’envie de mordre. Les Anglais savent bien que c’est leur dernière chance de se retrouver. Après, il y aura de longs mois à affronter, de longs mois sans rugby, de longs mois d’incertitudes. Aussi, j’aimerais que notre capitaine, Thierry Dusautoir, aille voir son vis-à-vis pour lui taper sur l’épaule et lui dire simplement : « Good game ! »