Quelques mois après le scandale provoqué par la défaillance de MédiaPro, le monde du sport s’inquièterait d’un nouveau couac. Il concerne le récent contrat de sponsoring signé par les équipes de France pour les Jeux Olympiques 2024 avec l’équipementier Le Coq Sportif.
Dans les couloirs des fédérations des équipes de France, on commence sérieusement à s’inquiéter. Le récent partenariat signé entre les Bleus et Le Coq Sportif, permettant à la marque française d’équiper officiellement l’ensemble des athlètes pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, s’entourerait de zones d’ombre. Selon nos sources, de plus en plus de dirigeants commenceraient à se poser des questions sur la fragilité de la société française qui a remporté l’appel d’offre. Car après une année 2020 marquée par le Covid, les comptes du Coq Sportifsont dans le rouge. Une perte sèche de 20 millions d’euros sur l’année 2020, avec un chiffre d’affaire en recul de 34%. Repris en 2005 par la société d’investissement suisse Aeris, le groupe a réussi à renaître de ses cendres et à devenir une marque made in France de premier plan. Sponsor du Tour de France (maillot vert), de l’AS Saint-Etienne ou encore de l’équipe de France de rugby, Le Coq Sportif semblait parvenir à retrouver son lustre d’antan. Mais l’envers du décor, c’est une situation financière plus que complexe. Et l’inquiétude grandit au sein des fédérations engagées dans l’aventure Paris 2024.
La peur d’un MédiaPro bis
Si les personnalités sollicitées par Le 10 Sport n’ont pas souhaité s’exprimer publiquement, elles nous ont fait part de leur vive inquiétude au regard des données économiques de la marque Le Coq Sportif. La peur d’un MédiaPro bis gagne le camp des fédérations françaises qui sont toutes focalisées sur Paris 2024. La crainte de voir leur sponsor perdre pied et de devoir gérer un couac très important en pleine préparation des Jeux. Selon nos informations, pour remporter l’appel d’offre des équipes de France Olympiques et Paralympiques, Le Coq Sportif a dû signer un chèque avoisinant les 20 millions d’euros. Pour ce choix, le comité semble s’être appuyé sur l’Histoire de la marque, qui a habillé les Bleus entre 1912 et 1972. Mais également pour son engagement fort autour des thématiques RSE. Le souci, comme pour l’affaire MédiaPro, c’est qu’aucune garantie bancaire ne figure dans les comptes déposés par la marque. Comme le10sport.com l’avait révélé en avril 2019, la chaîne MédiaPro, qui avait remporté les droits de diffusion de la Ligue 1, n’avait fourni aucune garantie bancaire à la LFP, malgré un montant record et un passif délicat (la chaîne n’a pas honoré plusieurs contrats avec celui de la LFP, notamment en Italie). Le fiasco généré par la défaillance de MédiaPro est encore dans bien des têtes et du côté des fédérations, on s’inquiète de la santé financière du CoqSportif. Avec un chiffre d’affaire approchant les 100 millions d’euros et 20 millions d’euros de perte sur 2020, l’investissement du sponsoring pour les équipes de France, de l’ordre de 20 millions d’euros, dépasse clairement les standards d’entreprise en la matière. Les sociétés utilisent généralement 2% de leur chiffre d’affaire pour de tel contrat et non 20%. Et pour nourrir les inquiétudes du moment, les fédérations s’appuient sur le cas de l’AS Saint-Etienne. Les Verts ont signé un partenariat avec le Coq Sportif depuis 2015. Mais selon les informations du site « Peuple Vert » (27 octobre 2020), une facture impayée de 3,5 millions d’euros précipite les parties à se diriger vers une fin de partenariat prématurée. L’ASSE a même déjà organisé la reprise de ses équipements, Puma et Macron seraient en course finale pour reprendre le contrat délaissé, un an avant la date du terme, par Le Coq Sportif.