La Formule 1 reprend du service le 25 mars avec le Grand Prix d’Australie. Une saison 2018 à suivre en intégralité sur les antennes de Canal+. Pilotes à suivre, écuries à surveiller, nouveautés du règlement : le duo de commentateurs des Grands Prix, Julien Fébreau et Jacques Villeneuve, prennent les commandes pour vous présenter tous les enjeux à venir.
Quel pilote allez-vous regarder attentivement cette saison ?
Julien FEBREAU : Il y en a deux qui se détachent clairement. Tout d’abord, le Français Esteban Ocon. Il a montré de très belles choses l’année dernière, on attend bien évidemment sa confirmation. Pour un si jeune pilote, avec une faible expérience, il a réalisé une saison incroyable. Il s’est montré régulier, il a réalisé de très belles performances, jusqu’à faire douter son coéquipier chez Force India, Sergio Pérez. Ça va être sa première saison complète donc on va suivre attentivement ce qu’il va faire. A lui de montrer deux choses : être capable de maintenir le niveau affiché l’an dernier et enfoncer le clou, avec des performances encore plus importantes. L’autre pilote, c’est bien évidemment Fernando Alonso. Il galère vraiment depuis trois ans avec un moteur Honda qui n’a pas arrêté pas de casser. Cette saison, McLaren repasse sur un moteur Renault donc on a hâte de le voir faire son grand retour. En tout cas, il faudra le surveiller de très près… Jacques VILLENEUVE : Lewis Hamilton. Parce que Vettel est toujours top, toujours. Il se tient sur sa ligne, il est toujours là, au combat. Hamilton, lui, c’est différent. Il a des périodes. Chaque saison, il les traverse par petites vagues. Quand il est en haut, il est imbattable. Mais quand il est moins bien, c’est plus compliqué. J’ai hâte de voir comment il va gérer cette nouvelle saison, à quel moment il va être vraiment fort. J’aurai aussi un regard sur Verstappen. Plus particulièrement sur l’équilibre Ricciardo/Verstappen. On n’arrête pas de dire que Verstappen est le nouveau Senna depuis plusieurs années. Red Bull mise à fond sur lui mais on attend encore de voir s’il peut passer le cap et être le grand champion qu’on attend.
Voir briller un pilote français cette saison, c’est possible ?
Julien FEBREAU : Bien sûr ! J’ai déjà parlé d’Esteban Ocon mais on connaît la valeur de Romain Grosjean et Pierre Gasly. Romain Grosjean a prouvé qu’avec une bonne voiture entre les mains, il peut être performant. L’an passé, il a eu une saison compliquée car son écurie a fait l’erreur de très vite basculer ses ressources sur la saison 2018. Sa voiture a pâti et il n’a pas pu s’exprimer comme il l’aurait voulu. On va voir si les choix de son écurie ont été judicieux. Mais on sait que si Romain a une voiture performante, il peut signer une victoire dans un Grand-Prix. Quant à Pierre Gasly, ce sera aussi sa première saison complète. Il a pu goûter, l’an passé, à la Formule 1. C’est vrai qu’il hérite du moteur Honda de Fernando Alonso donc il est possible que ce soit compliqué pour lui. Mais on espère que Honda a fait des progrès et qu’il pourra s’exprimer. On sait qu’il a du talent mais s’il n’a pas la voiture, ça sera compliqué… Mais plus il passera de temps sur la piste, plus il pourra poursuivre son apprentissage. Et ça sera bien pour son futur. Jacques VILLENEUVE : Briller, c’est gagner un Grand Prix ou jouer la gagne pour le titre de Champion du Monde ? Briller le temps d’une course, oui. Mais pour le reste, clairement, c’est non. Il n’y a aucun pilote français qui est dans une équipe pour la gagne. Alors oui, nous avons des pilotes avec du talent, notamment Esteban Ocon. Il a fait de bonnes choses l’année dernière et il a donné du fil à retordre à son coéquipier, Sergio Pérez. Mais aujourd’hui, c’est plus un Valtteri Bottas qu’un Lewis Hamilton…
Lewis Hamilton doit-il avoir peur de son coéquipier, Valtterri Bottas ?
Julien FEBREAU: Non, pour moi, Bottas n’est pas une menace. C’est le coéquipier parfait pour Mercedes parce qu’il a de l’expérience, il est compétent, il fait beaucoup de retours techniques aux équipes et c’est un bon pilote. Mais il est un cran au-dessous de Lewis Hamilton. C’est très différent par rapport à la rivalité Hamilton/Rosberg. Bottas est suffisamment fort pour booster Hamilton mais pas assez pour le dépasser. Je serai très surpris qu’il devienne meilleur, en tout cas. Car pour moi, Hamilton est quasiment imbattable. Jacques VILLENEUVE : Bottas, c’est sa 6e saison en Formule 1. Et il n’a jamais progressé. Il est arrivé très fort, à un bon niveau. Mais depuis, je ne vois pas ses progrès. Pourtant, il a Lewis Hamilton à ses côtés ! Il pourrait apprendre et progresser énormément… Bottas, il va aller vite en Russie et sur un autre circuit qui m’échappe mais il ne fera rien d’autre. Il brille quand Hamilton n’est pas là, quand il est avec ses chiens (rire). Mais sinon, non, Bottas n’est pas dangereux.
Entre la disparition des Grid Girls et l'apparition du Halo, qu'est-ce qui vous chagrine le plus ?
Julien FEBREAU : L’inverse aurait été préférable, c’est vrai (rire). Pour les Grid Girls, ces charmantes demoiselles que l’on voyait sur la ligne de départ, je trouve cela dommage. Pour moi, cela n’avait rien de vulgaire. Certains ont confondu élégance avec vulgarité et c’est dommage. Elles ont d’ailleurs pris la parole pour dire qu’elles se sentaient très bien dans ce rôle et qu’à aucun moment elles ne se considéraient comme potiche ou autre. On va en parler quelques minutes lors du premier Grand-Prix et puis après, ça sera terminé. A la place, il y aura des enfants. Si ça peut permettre à des gamins de réaliser un rêve en approchant leurs idoles ou de déclencher des vocations, c’est tant mieux. En ce qui concerne le Halo, le débat est quasiment philosophique. Que vont dire les parents quand on leur annoncera qu’un pilote, qui a été percuté par un pneu en pleine course, dans son casque, a été sauvé par le Halo ? Ils diront que c’est une excellente chose, ils diront merci au Halo. Certains pensent que ça défigure la voiture. L’œil humain s’adapte à beaucoup de choses… En 2009, je me souviens de nouveaux ailerons à l’avant qui étaient très moches. On aurait dit des armoires Ikea… On les a vite oubliés ! Ça sera pareil avec le Halo… Jacques VILLENEUVE : Dans les deux cas, c’est d’une tristesse… Les Grid Girls, ça dérange ou ça dérangeait qui ? Je ne vois pas ce qu’il y avait de mal à mettre des jolies filles sur une ligne de départ, franchement ! Quand j’étais pilote, je préférai voir des Grid Girls que rien du tout. Et puis, surtout, ça fait partie du spectacle. Là, on va mettre 20 enfants sur la ligne. C’est bien pour eux, c’est super, mais on préfère penser à 20 gamins plutôt qu’aux millions de téléspectateurs ? Je ne sais pas, ça m’échappe… Je fais partie de cette génération qui considère que le folklore n’est pas quelque chose de négatif et les Gird Girls font partie de la F1. C’est du modernisme mal placé, comme pour le Halo. On veut faire semblant de sauver la race humaine, d’empêcher qu’il nous arrive quelque chose de grave. Mais au final, on dénature le sport ! Un pilote de Formule 1, c’est un guerrier, un gladiateur. C’est quelqu’un qui brave le danger, qui a eu du courage. Pourquoi les gens regardent autant les skieurs descendre le mur de Kitzbühel ? Parce que c’est exceptionnel, parce qu’il y a un danger. Quand on regarde Valentino Rossi à la lutte avec ses adversaires, prendre des risques et faire des prouesses incroyables, on vibre, on a peur, on ressent des choses. Là, on va mettre un cerceau sur les voitures… C’est peut-être pour être rigolo ? On peut aussi mettre un toit, directement, et faire comme les voitures qui sont au Mans. C’est de la demi-mesure qui ne sert à rien. Ça ne va rien changé à la course, aux résultats. J’espère juste qu’il n’y aura pas d’accident à cause du Halo. Parce que c’est une possibilité…