Après plus de quinze saisons passées en Ligue 1, Mickaël Landreau ne compte pas prendre sa retraite de sitôt. Toujours aussi déterminé et ambitieux qu’à ses débuts, le gardien du LOSC a confié au 10 Sport le prochain challenge qu’il aimerait relever.
Cela fait plus de 15 ans que vous êtes dans le circuit, vous ne ressentez pas de lassitude au moment de vous lever pour aller à l’entraînement ? Je n’ai jamais ressenti de lassitude pour aller faire mon boulot, pour aller jouer au foot, participer à un projet… Après, c’est sûr qu’une saison c’est très long. Enchaîner 50 matchs c’est très difficile donc il y a des périodes où on est moins dynamique. Mais je ne ressens pas plus cela aujourd’hui qu’il y a 5 ans ou 10 ans. Aujourd’hui, au contraire, je profite encore plus de tous ces moments parce que j’aime mon métier. Je ne vis pas cela comme un privilégié mais comme quelqu’un qui est très heureux de vivre cette aventure.
Le record du nombre de matchs en Ligue 1 est détenu par Jean-Luc Ettori (602 matchs), vous n’en êtes plus très loin (536 matchs), c’est un objectif pour vous ? Ça me motive bien sûr. Les records me motivent. Il faut toujours trouver des moteurs, des objectifs, il faut toujours se fixer des buts. Quand on est au haut niveau c’est obligatoire. Je m’en fixe, tous les jours, tous les week-ends. Les atteindre, c’est autre chose (rires). Notre poste fait que nous pouvons être amenés à faire des erreurs de temps en temps parce que nous sommes plus exposés. Mais ce record d’Ettori, je le veux ! Quand on en parle, les gens me disent : « C’est bon tu n’es pas loin » mais deux saisons, c’est énorme ! Rester au plus haut niveau, c’est une remise en question perpétuelle et, si je veux l’atteindre, je n’ai pas le droit de me relâcher.
« Rejouer à Nantes ? Pas forcément mais on ne sait jamais »
Pour battre ce record, il va falloir aussi rester en France… Aujourd’hui, j’ai davantage envie de faire des choix de carrière qui me permettront d’atteindre ce record. Je suis motivé par un épanouissement dans un projet qui me corresponde, avec des hommes et des valeurs de travail. C’est pour cela que j’ai choisi à un moment de vivre autre chose en quittant Paris pour aller à Lille.
Le FC Nantes a toujours une place particulière pour vous ? Envisagez-vous de boucler la boucle ? Je n’aime pas cette expression « boucler la boucle » parce que je ne le vis pas comme ça. On a toujours quelque chose à écrire, peu importe le rôle. Je ne me vois pas forcément rejouer à Nantes même si on ne sait jamais. Mais, oui, quand on passe 13 ans dans un endroit ça marque et je pourrais avoir l’envie de m’impliquer dans l’avenir. Mais ce sera toujours en fonction des hommes, des projets, de plein de choses…
« Anormal que Mavuba ne soit pas en équipe de France »
Ne jamais vous être totalement imposé en bleu, c’est un regret pour vous ? Non. Quand je vis un projet, je le fais à fond. En équipe de France, j’ai donné ce que j’avais à donner pour le rôle qu’on me demandait de tenir. J’en garde de bons souvenirs. J’ai vécu un championnat d’Europe, une coupe du Monde. Quand j’étais troisième, j’étais à la disposition des joueurs, des gardiens et ça s’est plutôt bien passé. Quand j’ai joué la fin des phases qualificatives (ndlr : de l’Euro 2008), on a eu de bons résultats. Sur 11 sélections, je n’ai connu qu’une défaite et j’ai pris trois buts en tout. Mes stats sont positives. Quand on est sélectionnable, on dépend des gens qui sélectionnent et il faut respecter leur avis même si on se dit qu’on aurait pu apporter d’autres choses…
Ne pas avoir 50 ou 60 sélections n’est pas un manque pour vous ? Franchement non. Aujourd’hui, je pense qu’il y a meilleur que moi. Quand Fabien Barthez fait quatre phases finales et qu’il est au sommet, je trouve tout ça logique. Ma carrière s’est écrite comme cela, il y en a d’autres qui ne sont jamais sélectionnés alors qu’ils auraient mérité de l’être. Je pense à un gars comme Nico Penneteau qui fait une carrière exceptionnelle. On en parle beaucoup moins mais c’est une des valeurs sûres de notre championnat. Il joue à Valenciennes et continue à apporter toutes ses qualités et toute son expérience. Franchement, je ne me dis pas qu’il m’a manqué des choses, j’ai l’impression d’être allé chercher le maximum de ce que je pouvais.
« Si on finit 3e, ce sera très, très bien… »
Mavuba n’est plus appelé en équipe de France, cela vous semble normal ? Bien sûr que non, mais je ne vais jamais trouver ça normal pour tous mes coéquipiers (rires). J’aimerais qu’ils vivent ça et je pense aussi à Florent Balmont ou à Franck Béria. J’aimerais qu’un maximum de joueurs vivent cette aventure et en plus ce sont de bons mecs. J’aimerais qu’ils puissent y goûter.
Il y a eu beaucoup de mouvements à Lille durant ce mercato d’hiver, ce n’est pas forcément une bonne chose pour cette deuxième partie de saison… Oui, je suis assez d’accord. Quand il y a trop de mouvements, ce n’est pas bon. Compte tenu de tout ce que nous avons eu à gérer à Lille je pense que c’est très bien d’être là où nous sommes aujourd’hui. Au-delà du cas de Moussa (Sow), nous avons déjà eu 8 changements à la dernière intersaison. Perdre Ludo (Obraniak) et Moussa en plus… Franchement, nous sommes dans le projet du club et gérer cela fait partie du football. Il faut continuer à avoir de l’ambition tout en ayant conscience de tout ce qu’il s’est passé. Si nous finissons troisièmes, ce sera très, très bien…
Plus grand nombre de matchs en Ligue 1 :
1- Jean-Luc Ettori (602)
2- Dominique Dropsy (596)
3- Dominique Baratelli (593)
4- Alain Giresse (587)
5- Sylvain Kastendeuch (577)
6- Patrick Battiston (558)
7- Jacques Novi (545)
8- Roger Marche (542)
9- Mickaël Landreau (536)
10 – Henri Michel (532) – Jean-Paul Bertrand-Demanes (532)