LAfrique gagnera une Coupe du Monde
La rédaction

Quel choc ce fut d'apprendre que le bus de la délégation togolaise de football avait été mitraillé dans l'entrave de Cabinda, entre le Congo et l'Angola! Un véritable guet apens tendu par des rebelles indépendantistes. Cette triste nouvelle fait réfléchir.

Comment est-il possible d'organiser des matches de la Coupe d'Afrique des Nations dans une zone dangereuse? Les organisateurs n'avaient pas le droit de mettre en péril une équipe de football. Ces pauvres togolais ont essuyé des tirs nourris pendant une vingtaine de minutes, allongés sur le sol de l'autobus. Surréaliste. Le miracle, c'est qu'il n'y ait pas eu plus plus de mortd. A chaud, je me suis dit que c'était trop grave et qu'il fallait annuler la CAN. Mais avec plus de recul, je pense que c'est mieux de la jouer, car il ne faut pas donner du crédit aux terroristes. L'Afrique n'est pas un continent comme les autres. Le football est une religion et véhicule la passion, l'espoir et la joie. Mais toujours avec excès, et c'est pour cela que l'attente suscitée par la CAN est démesurée. Supprimer la compétition aurait déclenché un cataclysme. Malgré la gravité des faits, il est juste que le football reprenne le dessus pour le peuple et pas pour les intérêts économiques. Le Togo doublement puni Le football africain progresse constamment. Ses joueurs au physique souvent impressionnant apprennent dans les championnats européens la culture tactique et parfois celle de la gagne. De plus en plus d'entraineurs étrangers prennent les rênes des équipes nationales. Aujourd'hui, plus que jamais, plusieurs Africains comme Eto'o, Drogba ou Essien sont parmi les meilleurs du monde. C'est pour cela que je crois qu'un jour ils gagneront une Coupe du Monde, et peut-être plus vite qu'on ne le pense. La Cote d'Ivoire, le Cameroun où le Ghana en sont capables. L'Afrique, c'est aussi un continent où rien ne se passe comme ailleurs. Les problèmes d'organisation, de logistique sont plus durs à régler. J'ai souvent entendu les entraineurs français s'en plaindre. Henri Michel m'avait dit un jour qu'il avait du payer de sa poche l'essence du bus de la délégation marocaine.

Un peu à la Brésilienne Ce sont ces soucis-la qui ralentissent la progression du foot africain. C'est son mauvais visage. Mais il y a aussi l'image de ces équipes chantant dans le car qui les emmène au stade ou après le match. Cette façon d'appréhender l'événement avec recul, un peu a la Brésiliennne. Pour eux, on sent que le football est un jeu, qu'ils sont heureux d'être là, et c'est pourquoi je suis triste pour les Togolais. Car malgré le drame vécu par leur délégation, ils sont doublement punis: ils ne peuvent pas jouer cette Coupe d'Afrique des Nations. Pour eux et pour ceux qui sont morts.