JO RIO 2016 – Stravius : «J’ai envie de rêver en grand !»
Alexis Bernard -
Rédacteur en chef
Footballeur presque raté, j’ai choisi le journalisme car c’est l’unique profession qui permet de critiquer ceux qui ont réussi. Après avoir réalisé mon rêve de disputer la Coupe du Monde 2010 (en tribune de presse), je vis de ma passion avec le mercato et les grands événements sportifs comme deuxième famille.

Jérémy Stravius a frappé fort aux derniers championnats de France de natation. Avec deux tickets pour les Jeux Olympiques sur 100 et 200 mètres nage libre, le Français est sorti de l’eau gorgé d’ambition. A Rio, le nageur du Team Caisse d’Epargne compte bien jouer sa carte à fond et ne se fixe aucune limite.

La particularité du Team Caisse d’Epargne, c’est de réunir des sportifs issus d’horizons différents et de disciplines différentes. C’est ce qui vous plaît dans ce projet ? C’est toujours un événement que de faire rencontrer des sportifs issus de disciplines différentes. Pour nous, c’est un moment rare, on n’a pas souvent l’occasion de pouvoir échanger. C’est toujours un moment agréable, très convivial. Après, c’est difficile de se voir physiquement, chacun repart dans sa région, mais on se suit mutuellement sur les réseaux sociaux. Ça permet de garder le contact et de suivre les performances de chacun. Pour souder le groupe, la Caisse d’Epargne vous a offert un super moment : le clip « Si tu vas à Rio ». Parfait pour renforcer les liens du Team… C’était un super moment, on s’est bien amusé. On a d’abord été mis en groupe, pour enregistrer, puis ensuite, ils nous ont réuni. Et là, il fallait mettre les casques pour ne pas entendre certaines voix, je vous assure, c’était un peu le chaos (rire). Mais c’était vraiment sympa. On a pu se lâcher un peu plus que la première fois, ça permet de mieux se connaître, de plus oser. Pour la cohésion du groupe, vraiment, c’était top. Je ne sais pas si on avait besoin de ça mais ça nous a bien servi pour « briser la glace » (rire). Ce qui vous réunit tous, c’est le rêve olympique. Même quand on y a déjà participé, comme vous, on peut encore parler de rêve ? Les Jeux Olympiques sont et resteront toujours un rêve. Quand on est gosse, on rêve d’y participer. La deuxième fois, on rêve d’y briller… Pour ma part, j’ai déjà participé à ceux de Londres mais ce seront mes premiers Jeux en individuel. Ça aura une saveur encore différente. J’irai avec de toutes autres ambitions.

« J’ai envie d’y aller au culot et de tout tenter pour aller chercher quelque chose de beau »

Et quand on lève la tête vers ces Jeux, est-ce qu’il est permis de rêver à l’impossible, à l’incroyable… ? Oui, j’ai envie de rêver en grand (sourire). Ça me parait impossible d’aller aux Jeux Olympiques en se fixant des limites. S’il y a un endroit, une compétition où tout est possible, ce sont les Jeux. Être qualifié et y aller en reculant, ce n’est pas la meilleure des choses… Non, moi j’ai envie d’y aller au culot et de tout tenter pour aller chercher quelque chose de beau. Ces Jeux, je vais les vivre à fond et n’avoir aucun regret. Ce discours, cette attitude de winner assumé, c’est nouveau chez vous. Quel a été le déclic ? Il n’y a pas eu de déclic particulier. Je pense seulement que ce sont l’expérience, la progression, la compréhension des choses qui me permettent de voir les choses différemment. J’ai appris de mes défaites comme de mes victoires. Il y a eu des hauts, des bas et à chaque moment, j’ai tiré un enseignement. C’est la somme de tout ce vécu qui me permet d’être aujourd’hui mieux armé, prêt à gagner, prêt à être performant. Je sais que je peux arriver à faire de belles choses et je mets tout en œuvre pour que ce soit du concret.

« Avant, je me contentais de l’ombre. Aujourd’hui, je veux être le n°1 »

Pendant longtemps, vous vous êtes content de l’ombre. Celle de votre frère d’abord, celle de vos partenaires d’entraînement et adversaires ensuite. Ça fait du bien de venir prendre la lumière ? C’est vrai qu’auparavant, je me contentais de cette ombre, parce que je trouvais ma place dans cette situation. Mais à force de m’affirmer, j’ai pu trouver d’autres ressources et faire naître d’autres envies. Aujourd’hui, je veux être le numéro un. Toujours dans la confrontation aux autres, avec une ambiance saine, mais l’envie d’être le meilleur. Dans le sport comme dans la vie, quand on joue à des jeux de société, le désir de gagner est là. On veut montrer qu’on est bon. C’est en chacun de nous, encore plus lorsqu’on fait du sport. L’objectif, c’est de montrer ce qu’il y a en nous, de faire la différence. Je suis dans cette dynamique-là, tout est prenant du plaisir. Toujours, le plaisir. Qu’est-ce que les derniers championnats de France, dans lesquels vous vous êtes imposés d’une main de maître, ont changé chez vous ? Ces France ne m’ont pas changé. J’ai juste rempli mon contrat (sourire). J’ai fait le job en décrochant deux billets pour les Jeux en individuel. J’étais venu pour ça, je l’ai fait. Ça faisait partie de mon plan de travail. Maintenant, la deuxième étape, c’est d’être prêt pour Rio et de faire quelque chose là-bas. Dans l’approche de votre nage, il y a un changement évident. L’application technique et tactique saute aux yeux, vous êtes beaucoup moins dans la puissance et l’effort physique pure. C’est voulu ? C’est aussi le fruit de ce que j’ai pu apprendre, avec les années, avec les épreuves. J’ai compris mes erreurs, je les ai analysées. Ce n’est pas le plus dur de comprendre. Le plus difficile, c’est de mettre en application ce qu’on a assimilé. Le changement est là. Stratégiquement, dans certains points de la course, j’ai réussi à mettre en application des choses. En laissant le dos, en me concentrant sur le crawl, j’ai pu être plus concentré. Et sortir la course parfaite, au bon moment. Ça aussi, ça s’apprend. Après les débats et autres polémiques des championnats de France, ces problèmes de chrono, etc… Est-il nécessaire au groupe France de mettre les choses au claire avant d’aller à Rio ? Je ne pense pas que le moment soit propice à cela. Il y a des athlètes qualifiés, des gens concentrés sur leurs objectifs et je ne pense pas que polémiquer à quelques semaines des Jeux soit une bonne chose. Il sera temps de régler tout ça après. L’objectif, c’est que le groupe France soit solidaire, se serre les coudes et qu’il soit le plus performant possible. Les états d’âme, les problématiques personnelles, ça sera dans un second temps. C’est la dernière ligne droite pour les Jeux, ça ne sert à rien de perdre du temps à débriefer ou autre. C’est une année olympique, c’est crucial !.

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