J’ai carte blanche
La rédaction

Revenu au FC Nantes dans un rôle d'entraîneur en chef, Baptiste Gentili assure, dans un long entretien accordé au 10 Sport, que la priorité du club est le maintien et évoque sa relation avec Waldemar Kita.

Baptiste Gentili, vous arrivez à la tête du FC Nantes alors que le club est dans une situation très délicate. Qu'est-ce qui a motivé votre choix ?
Le prestige du FC Nantes y est pour beaucoup. C'est un beau challenge, difficile à relever mais j'ai beaucoup de fierté d'être l'entraîneur d'un club comme celui là. Après, je ne vais pas vous cacher que je rongeais mon frein depuis six mois. Même si la Corse n'est pas le pire des endroits pour écouler ses journées. Je suis un passionné et le terrain me manquait.

Certaines personnes vont taxent d'opportunisme...
C'est faux. Je ne me suis pas jeté sur le FC Nantes parce que j'étais à la rue. Je n'ai pas cet état d'esprit. Je n'ai pas dit « oui » tout de suite. J'ai pris le temps de la réflexion avant de me décider.

C'est quand même un retour étonnant puisque vous avez été démis de vos fonctions en août 2008, par le même président qui aujourd'hui vous appelle à la rescousse ?
Je suis parti par solidarité envers Michel (Der Zakarian). Je suis toujours fidèle à mes valeurs et tenir ma parole en fait partie. A l'époque, le président Kita voulait me conserver.

Pour prendre les rênes de l'équipe première ?
Si j'étais resté, ça aurait pu se passer ainsi, effectivement.

Depuis votre départ, vous êtes finalement toujours resté en contact avec Waldemar Kita ?
Oui. Les relations se sont prolongées après mon départ du club. Il m'a notamment rendu visite en Corse cet été. Je lis et j'entends beaucoup de choses autour de relations plus ou moins inamicales avec le président Kita. Moi, je me fie à ce que j'ai vécu avec l'individu et ce n'est pas du tout ça.

Vous a-t-on assuré que vous allez avoir les pleins pouvoir au niveau sportif ?
J'ai carte blanche. Il n'y a personne qui va me dire ce que je dois faire. On ne m'imposera pas mes choix. C'est simple, je ne peux pas travailler avec les idées des autres. Même si j'aurai un échange permanent avec le président. J'ai la charge du sportif, le reste ne m'intéresse pas.

« Prendre des points, rapidement »

Comment allez-vous pouvoir endiguer la spirale négative dans laquelle se trouve le FC Nantes ?
En m'appuyant d'abord sur ce qu'a fait mon prédécesseur puisqu'on sort d'une victoire contre Bastia. Je reste persuadé qu'il y a un potentiel bien supérieur à ce qui a été montré jusqu'à présent. C'est difficile de dire quel est le niveau du FC Nantes. Aujourd'hui, il mérite cette 13e place. Ma mission c'est de se rassurer et de s'éloigner au plus vite de la zone de relégation. L'essentiel, c'est de prendre des points, et rapidement.

L'objectif est donc clairement le maintien désormais ?
Oui, on ne va pas se mentir. Les spirales négatives, on ne sait pas où elles nous mènent. L'inverse non plus. Mathématiquement, rien n'est fait. Que ce soit pour la montée ou la relégation.

Avez-vous déjà analysé les faiblesses de votre équipe ?
Je reste persuadé que ce n'est pas une question de niveau. C'est plus un problème mental que technique. Un problème d'envie, de confiance. Les joueurs donnent l'impression d'avoir la peur au ventre quand ils rentrent sur le terrain. Après, il y a des paramètres extra-sportifs qui compliquent la tâche. Les médias colportent des informations qui ne rassurent ni les supporters, ni les salariés du club et encore moins les joueurs. Il faut arriver à calmer tout cela mais je sais bien que ça passera par des résultats.

Avez-vous déjà choisi votre staff ?

Oui, avec Bernard Ginès comme préparateur physique et Fabrice Grange, comme entraîneur des gardiens. On va se rapprocher, être plus solidaire pour montrer au groupe la marche à suivre.

Vous n'aurez pas d'adjoint ?
Pas pour le moment. Après si ce n'est pas suffisant, on agira en conséquence.

Si vous remplissez les objectifs qu'on vous a fixé, quels sont vos projets pour le club ?
Même si j'ai signé un contrat de deux ans, ma mission s'étalonne jusqu'au mois de juin. Après si on me donne plus de responsabilité, je veux inverser le processus actuel. Remettre le FC Nantes sur les bons rails. Lui redonner son lustre d'antan. Repartir avec les valeurs qui ont façonnés le club. Ne plus faire les mêmes erreurs.

C'est le discours que tenait vos prédécesseurs...
Il faut tolérer que les gens tâtonnent. Combien d'années a mis le glorieux FC Nantes à se construire ? Même si ça doit prendre des années, peut-être qu'aujourd'hui on est au début de cette nouvelle ère ? Vous savez quand j'étais joueur à Nice, je préparais ma valise lorsqu'on allait jouer à Marcel Saupin. J'en préparais même deux ! C'est vous dire le respect et l'admiration que je porte à ce club et à ceux qui l'ont façonné. L'exemple nantais je le garde en mémoire et je veux m'en inspirer. Aujourd'hui, le club a perdu ses valeurs. Je suis convaincu que le renouveau du club passe par là même si c'est une époque complètement différente. Les victoires se forgent par le jeu. Il faut repenser les choses notamment au niveau de la politique générale. Mettre les compétences à la formation et aux recruteurs. Sans bons recruteurs, la formation ne peut pas être de qualité même avec les meilleurs formateurs. Mais en tout cas je peux vous assurer que je ne continuerai pas si on ne veut pas tendre vers l'excellence qui a fait le FC Nantes.