Pour que Paris comprenne qu'investissement démesuré ne rime pas toujours avec trophée, petit retour sur les placements douteux des « Madoff » et autres parvenus du football moderne?
« Bernard, tu déconnes ». Non, Bernard ne déconne pas. Ce photographe expérimenté, trahi par ses cheveux grisonnants, n’est clairement pas décidé à laisser son concurrent truster la meilleure place pour immortaliser la recrue phare du PSG. Et joue des coudes. La scène se déroule dans l’amphithéâtre du Parc des Princes, bondé de journalistes aux accents « chantants ». Leonardo, bien aidé par les fonds Qataris, réussi là le gros coup du mercato international. Javier Pastore, pépite argentine, s’engage pour cinq saisons. Alors que Chelsea lorgnait sur lui et que le Barça le suivait de près, l’ancien joueur de Palerme pose ses bagages sous la Tour Eiffel. Le témoignage fort du basculement du PSG dans une autre sphère, celle des grands d’Europe. Sur le papier. Dans les faits, la chose n’est pas si aisée. Retour sur les flops à plusieurs dizaines de millions d’euros.
Même City a beaucoup d’argent…
Il est une référence dans ce domaine. En 2008, l’homme d’affaire Mansour bin Zayed Al Nahyan, PDG du conglomérat Abu Dhabi United Group, fait main basse sur une formation absente des tableaux d’honneur depuis 1973 et leur victoire lors du Community Shield : Manchester City. Le cheikh sort le chéquier pour redorer le blason du club populaire de la ville des frères Gallagher. Il accapare quelques Brésiliens et le plus moche des Argentins. Pourtant, lors des deux saisons suivantes, City, impuissant, regarde le Big Four s’échanger les quatre première places. Il faut attendre l’an 3 après Mansour pour voir les Citizens triompher en Cup et accrocher une place sur le podium. Paris peut se rassurer : la concurrence de la monarchie parlementaire est bien plus robuste que celle rencontrée sur les pelouses de Ligue 1.
Mendieta, l’onéreux bide
Année 2000. Le bug annoncé ne se produit pas et la Lazio en profite pour glaner trois compétitions : le championnat, la coupe et la Supercoupe. Nedved et Veron, à l’origine de ces succès, quittent le bateau bleu et blanc pour aller naviguer sur des eaux plus dorées. La caisse remplie à ras-bord, la direction romaine réalise un investissement sans précédent, en s’attachant les services de Mendieta, sensiblement au même prix que Paris pour Pastore, ou de Jaap Stam, pour une quinzaine de millions d’euros. La sauce ne prendra jamais. Habituée au podium, la Lazio laisse filer la Juventus et l’ennemi AS, qui règnent sur le Scudetto cette année là. Depuis, la SS n’a renoué avec le succès qu’à une seule reprise, en Coupe d’Italie édition 2004. Et bataille encore aujourd’hui pour retrouver son lustre d’antan.
Un Lyon gavé
Entre 2002 et 2008, Lyon règne sur l’Hexagone et rafle le trophée du même nom à sept reprises. Pour la joute 2008-2009, Benzema est là, mais Juninho vieillit et les grands noms ont quitté la région. L’OL perd finalement son bien au profit de Bordeaux. Aulas, comme un junkie en manque d’adrénaline et de paillettes, met le paquet pour renouer avec la gagne. Près de 80 millions d’euros plus tard, Lyon signe Lisandro, Gomis, Cissoko, Bastos (et Lovren, au mercato hivernal). Un investissement analogue au projet qatari. Empiler les zéros ne suffit pas. L’équipe de Puel n’a pas de fond de jeu, Gerland s’ennuie, et Marseille prend la succession des Girondins. Gageons que la direction du PSG accomplisse la synthèse de ces erreurs passées pour atteindre ses objectifs. Un petit Barça-PSG en finale de Ligue des Champions, ça aurait de la gueule…
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