Expulsé hier en début de seconde période, Kamel Chafni affirme avoir été la cible d’insultes racistes de la part de l’un des arbitres assistants de Tony Chapron. Il compte se rendre au commissariat pour porter plainte.
L’affaire ne devrait pas en rester là. On joue la 55e minute hier soir à Brest, et Kamel Chafni vient de se faire expulser par Tony Chapron, l’arbitre de la rencontre, pour avoir protesté de façon trop véhémente. Une fureur expliquée, selon les accusations du milieu auxerrois, par des insultes racistes que Johann Perruaux, l’un des arbitres assistants, lui aurait proféré quelques secondes plus tôt. L’international marocain de 29 ans, qui n’avait jamais été expulsé dans sa carrière jusque-là, s’explique aujourd’hui dans L’Equipe : « Il y a une faute qui n’est pas sifflée, je vais vers l’arbitre de touche et je lui dis que ce n’est pas normal. Lui me répond ‘’casse-toi, l’Arabe’’… Je ne l’ai pas insulté, je crois simplement que je lui ai dit que ça n’allait pas en rester là. Je vais alors voir l’arbitre de centre (M. Chapron), je lui explique ce qui s’est passé, il me met un jaune, je lui dit, lui répète que c’est inadmissible, et il me met un rouge (55e). C’est grave. Ça dépasse le cadre du foot, c’est la première fois que ça m’arrive. L’arbitre assistant était peut-être énervé mais ce qu’il a dit, ça ne se fait pas, c’est du racisme. Je suis en colère. Je vais aller au commissariat d’Auxerre et je vais porter plainte. J’espère que la Ligue va mener son enquête et qu’elle sévira. Je lui fais confiance. Si elle ne me croit pas, je n’ai plus rien à faire dans le football français. Je suis scandalisé. J’ai des témoins, et pas seulement des Auxerrois. Le Brestois Larsen Touré a entendu, tout comme le kiné de Brest. Roy Contout, mon coéquipier, a également entendu… C’est grave. Je ne suis pas violent. Je n’avais encore jamais pris un rouge dans ma carrière. Je ne lâcherai pas. Tout cela dépasse le cadre du foot. C’est un scandale. »
M. Chapron nie les accusations
Dans la soirée déjà, Gérard Bourgoin, le président de l’AJA, avait condamné l’attitude de l’arbitre-assistant, qui exerce en Ligue 1 depuis juillet 2009. « Si tel est le cas, c’est très grave, a déclaré le président auxerrois. C’est pour ça que je vais demander à la Ligue de diligenter une enquête. Il faudra tirer cette chose au clair. Il y a des joueurs de Brest qui ont entendu la même chose. Je ne pense donc pas que c’est une fantaisie du joueur. Tout le monde connaît Kamel Chafni. C’est un joueur plutôt modéré. Son comportement contestataire n’est pas normal, je ne peux pas l’admettre en tant que président. Je ne le défends pas mais on essaye de se l’expliquer. Sa déclaration l’explique. Il va certainement être très sanctionné par la Ligue mais j’espère que le corps arbitral sanctionnera encore plus sévèrement l’arbitre s’il est confirmé qu’il a fait cette déclaration-là. Je n’ai pas vu l’arbitre. Mais il faut crever cet abcès. »
Cet abcès, Tony Chapron a tenté de le botter en touche quelques minutes plus tard, lors d’une conférence de presse improvisée. « Je nie catégoriquement le fait qu'il y ait pu y avoir sur le terrain des propos racistes tenus à l'encontre de M. Chafni. (...) Je connais trop bien l'homme avant de connaître l'assistant pour vous dire que cet homme-là ne tiendrait jamais de propos racistes. Pour plusieurs raisons, parce que je le connais depuis 20 ans d'une part et d'autre part parce que ce garçon était avec moi au Bénin pour former des arbitres il y a deux ans. S'il était raciste, ça m'étonnerait qu'il soit venu, a argumenté l'arbitre principal de la rencontre. Je peux vous dire qu'il est meurtri. Je connais l'homme et c'est loin de ses valeurs. »