Groupama stadium : une réussite économique qui inspire au-delà du sport
La rédaction

Voilà 8 ans que la première pierre de la construction du nouveau stade de l’Olympique Lyonnais a été posée. Sur le plan financier, le Groupama Stadium est déjà une réussite. Un succès qui inspire d’autres acteurs du monde économique, comme le quartier de loisirs Europacity.

C’est l’aboutissement de 15 ans de tractations, de négociations et d’investissements. Quand le nouveau stade de l’Olympique Lyonnais est inauguré le 9 janvier 2016, le président du club Jean Michel Aulas déclare à la presse «  C’est un moment inouï dans ma carrière. C’est peut-être le plus beau jour de ma vie  ». Trois ans après cette inauguration en fanfare, le bilan du nouveau stade s’avère être à la hauteur de la stratégie déployée par la direction du club rhodanien depuis le début des années 2000. Car le nouvel écrin de l’OL avait un but : projeter sportivement le club de Lyon dans une autre galaxie, celle du top 20 européen. Et dans cette bataille comme dans toutes les autres, l’argent est le nerf de la guerre. Le stade doit assurer de nouveaux revenus pour le club, avec à terme 70 millions d’euros supplémentaires par rapport à l’ancien stade municipal de Gerland, et ce, chaque saison. Et les premiers résultats sont plus qu’encourageants : les revenus de l’OL ont atteint le niveau record de 289,5 millions d’euros au terme de son exercice 2017-2018, soit une croissance de 16 % sur un an. Un financement qui n’a pas été sans encombre : le stade a coûté aux alentours de 380 millions d’euros, une somme très importante lorsque l’on considère que le chiffre d’affaires de l’OL gravitait autour de 130 millions d’euros avant l’inauguration de l’enceinte. Plusieurs apports en capitaux, en bourse puis auprès d’investisseurs chinois ont été nécessaires pour financer le projet.

Europacity, Groupama Stadium, même combat ?

La filiation entre le nouveau stade de Décines dans la banlieue lyonnaise et les plus grands clubs européens eux aussi propriétaires de leurs stades (Arsenal, Bayern Munich, Real Madrid…) est évidente et a toujours été assumée par les dirigeants de l’OL. Mais ce nouveau stade s’inspire aussi et surtout des nouveaux schémas de développement du secteur du divertissement. Depuis une dizaine d’années, les acteurs de ce secteur cherchent à mettre en place de nouveaux modèles de croissance, plus complets et plus diversifiés. C’est notamment le cas de la société Alliage et Territoires, qui porte Europacity, l’immense quartier de loisirs et de culture qui doit apparaître aux portes de Paris en 2024. Les parallèles entre le Groupama Stadium et un projet comme Europacity sont en effet nombreux. Les deux infrastructures misent sur une diversité des activités proposées, pour être rentables 365 jours par an. Le stade de l’OL propose ainsi, en plus des tribunes pour assister au match, des restaurants, des boutiques, des salles de conférence pour les professionnels, tandis qu’Europacity propose des parcs, des boutiques, des salles de concert, des hôtels… Une stratégie commune qui répond à un besoin croissant des consommateurs, celui de pouvoir faire plusieurs activités sans se déplacer d’un lieu à un autre. Fini les sorties au stade qui se résument uniquement aux gradins, ou les sorties dans les boutiques qui se réduisent aux allées des centres commerciaux. L’objectif est de proposer une myriade d’activités qui s’étalent sur toute la journée, dans un seul lieu. Une offre qui plaît aux visiteurs, et qui est aussi un atout économique colossal. D’ailleurs, de nouveaux projets sont déjà dans les cartons de Jean-Michel Aulas pour accompagner le développement économique de son nouveau stade. À l’automne 2020, un centre de loisir, proposant notamment du surf sur vagues artificielles, doit ouvrir ses portes à proximité de l’enceinte. Une salle polyvalente, susceptible d’accueillir des concerts et des épreuves sportives est également prévue aux abords du stade. Enfin et surtout, 23 000 mètres carrés de bureaux devraient voir le jour, autour du Groupama Stadium. Une nouvelle zone d’activité économique forte de la région lyonnaise, pilotée par la Foncière du Montout, le bras armé de l’OL dans le secteur immobilier. Autant de sources de revenus, mais aussi de flux de potentiels visiteurs supplémentaires. Un «  effet boule de neige  » dont bénéficie toute la région. Une dynamique qui rappelle celle autour d’Europacity, puisque le quartier d’affaires Triango, avec 40 000 emplois attendus, devrait lui aussi voir le jour dans la même zone, celle du Triangle de Gonesse, dans le sillon du quartier de loisirs. En diversifiant les activités proposées et en suscitant l’apparition de nouveaux bassins d’emplois et d’activités économiques autour de leurs infrastructures, Europacity et le Groupama Stadium répondent à une même logique : celle de créer un cercle vertueux de création de richesses. Une dynamique qui s’appuie énormément sur les nouvelles technologies du digital. Ainsi, le stade de l’OL est entièrement connecté et permet aux spectateurs venus assister aux matchs d’interagir avec l’ensemble de services proposés dans l’enceinte, comme commander leurs boisons en avance pour la mi-temps ou réserver une place dans l’une des brasseries du stade. Les promoteurs d’Europacity promettent pour leur part un quartier de loisirs connecté aux smartphones des visiteurs, afin de multiplier les interactions entre leurs envies et leur environnement. Avec son propre stade, un club de football peut créer son propre écosystème économique, dont il maîtrise les coûts et les investissements. En cela, l’Olympique Lyonnais est précurseur en France. Mais son modèle économique n’est pas propre au monde sportif, et s’inspire plus globalement de l’ensemble de l’industrie des loisirs.