Fais gaffe Kakuta
La rédaction

Gaël Kakuta ne s'est pas imposé à Chelsea. Il a donc été prêté à Fulham. Normalement pour jouer. Un scénario qui a déjà perdu en route d'autres joyaux. Voici donc quelques conseils pour ne pas se planter.

Échec. Ce mot, les Français partis adolescents à l’étranger n’arrivent jamais à le prononcer. Jouer seulement cinq matchs en Premier League avec Chelsea et être prêté à Fulham, ça y ressemble pourtant. Gaël Kakuta vit à 19 ans le premier tournant de sa carrière. Description des dangers qui ont brisé les carrières d’autres « prodiges » français et qui désormais le guettent.

1- Un prêt, ok. Mais pas plus !
Le premier prêt doit être le bon. Au-delà, ça commence déjà à sentir le moisi. Jérémie Aliadière était annoncé avec autant de fastes que Gaël Kakuta. Après avoir fait le tour du banc d’Arsenal, le meilleur buteur de l’histoire de l’INF Clairefontaine a fait celui des îles britanniques avec des prêts successifs, et parfois très courts, au Celtic Glasgow, West Ham et Wolverhampton pour autant d’échecs. Un deuxième prêt, c’est souvent une façon de dire au joueur par le grand club ‘t’es gentil mais t’as pas le niveau pour jouer chez nous’.

2- Excuses bidons : s'abstenir
« Je n’ai jamais regretté mon choix. J’ai vécu de belles choses. Si c’était à refaire, je le referai. On apprend beaucoup en s’entraînant avec de grands joueurs. » Ce discours est le parfait cliché du jeune joueur qui refuse obstinément de reconnaître son échec à l’étranger. Mais c’est bien celui que nous a tenu Landry Bonnefoi, débarqué à la Juventus Turin à 18 ans en 2001 et aujourd’hui en National. En grattant un peu, l’actuel gardien d’Amiens reconnaît les limites de son expérience. « Quand on ne joue pas beaucoup, c’est un peu chiant. On perd des repères. » Où en sont ceux de Kakuta qui n’a joué qu’une vingtaine de minutes depuis son arrivée le mois dernier à Fulham ?

3- Écrase-toi, mais pas trop
Le respect des anciens, une valeur qui se serait perdue dans le football français. Taxés souvent d’arrogance dans nos clubs, nos jeunes loups semblent se transformer en agneaux dès lors qu’ils endossent les tuniques, d’entraînement le plus souvent, de grands clubs. Ce ne serait pourtant pas la bonne solution. « La seule chose que je regrette peut-être c’est d’avoir trop respecté les autres joueurs, précise Bonnefoi. Il faut plutôt foncer et penser d’abord à faire sa propre carrière. » Alors, Gaël, Gudjohnsen : tu lui rentres dedans à l’entraînement ?

4- Loin de l'infirmerie tu resteras
Ce n’est jamais bon signe quand le visage le plus familier dans un club est celui du kiné. Jérémie Aliadière devait bien connaître celui d’Arsenal avec une hernie qui lui a fait zapper presque une saison entière entre 2002 et 2003, une rupture des ligaments du genou et enfin une blessure au tendon d’Achille. En restant à Saint-Étienne, Vincent Péricard aurait peut-être moins rêvé qu’à la Juve puis en Angleterre mais peut-être n’aurait-il pas connu les erreurs de diagnostics et les mauvaises prises en charge vécues durant ses pérégrinations britanniques. Ces blessures ont flingué sa carrière. Et aussi ce qu’il en reste. Swindon Town (3e division anglaise), son club actuel, n’a pas donné suite à notre demande d’entretien arguant de la politique du club qui ne met pas à disposition de la presse les joueurs… blessés.

5- Ne pas faire parler de soi à tout prix
Nos jeunes talents en devenir ont parfois le profil de candidats rabroués de la télé-réalité. Une célébrité factice à 20 ans et l’oubli dans la foulée. Ça fait mal à la tête, surtout quand on se réveille avec en face des yeux les décors de Sheffield, Plymouth ou Stoke. Durant cette période, Vincent Péricard avait le levé de coude un peu trop facile. Il écopa en 2007 de quatre mois de prison ferme par la justice britannique pour trois conduites en état d’ivresse et pour avoir affirmé que c’était son beau-père qui conduisait lors de sa dernière arrestation.

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