Guilavogui : « Quand je regarde les Bleus, j’ai un pincement au cœur »
La rédaction

À la fin du match de Ligue des Champions contre l’Austria Vienne, Josuha Guilavogui s’est longuement confié au 10 Sport sur ses « vrais » débuts avec l’Atlético Madrid et sa difficile adaptation. Le milieu de terrain international n’a en tout cas pas fait une croix sur l’équipe de France.

Josuha, vous avez joué 35 minutes contre l’Austria Vienne. Comment avez-vous vécu votre première véritable entrée en jeu avec l’Atlético Madrid ?

C’est sûr qu’on peut employer le mot « véritable » parce que la dernière fois j’ai joué quatre minutes et j’ai touché un ballon de la tête donc ça ne m’a pas permis de montrer mes qualités. Je suis plutôt content de ma rentrée, surtout que l’équipe a fait un très bon match en réussissant à avoir les trois points, ce sur quoi le coach avait insisté.

On vous a vu très appliqué. On a eu l’impression que vous essayiez de respecter les consignes du coach à la lettre...

Oui exactement. Ça me fait penser à mes premières fois avec l’équipe de France. Il ne faut surtout pas surjouer, être très appliqué, jouer très simple et respecter les consignes.

« MON TRANSFERT M’A BEAUCOUP FAIT COGITE »

Comment expliquez-vous que Diego Simeone ne vous ait jusqu’ici pas fait jouer depuis le début de saison ?

Au début les entraînements étaient beaucoup basés sur du physique et quand je suis arrivé de Saint-Étienne, j’étais parti en vacances et je n’avais pas fait de préparation physique très importante parce que j’étais en équipe de France et ensuite on avait enchaîné avec les qualifications pour la Coupe d’Europe avec le club. Donc quand je suis arrivé à Madrid, j’étais très fatigué et j’avais aussi le stress de mon premier transfert. J’ai beaucoup cogité, ça m’a pris pas mal d’énergie et je suis arrivé aussi dans une équipe qui est très au point physiquement donc il y avait un décalage.

On a vu pendant la dernière trêve internationale que le coach vous a d’ailleurs fait travailler pendant une heure tactiquement et physiquement à l’entraînement face aux jeunes du club...

On a un peu hyperbolé (sic) la chose. C’était un entraînement physique et la plupart des joueurs étaient partis en sélection. Comme j’étais le seul joueur à mon poste, j’ai fait un spécifique milieu de terrain. Après c’est vrai qu’il voulait me rentrer dedans et c’est bien parce que ça veut dire quelque part qu’il a envie de me faire progresser. C’est durant cette semaine-là que j’ai vraiment pu bosser physiquement parce que le groupe était amoindri et que le coach était sur moi c’est vrai.

« LE TEMPS FUT LONG, J’AI APPRIS L’HUMILITE »

Quels rapports vous avez justement avec Diego Simeone ?

Au début, il ne me parlait pas trop parce que je ne parlais pas espagnol. C’était l’adjoint qui me parlait en anglais. Aujourd’hui ça va mieux parce que j’ai commencé mes cours d’espagnol donc pour le comprendre c’est beaucoup plus facile. Je commence à connaître son discours et ce qu’il attend de moi.

Comment avez-vous vécu toutes ces semaines sans jouer ?

Le temps fut long parce que depuis que je suis arrivé j’ai appris à avoir beaucoup d’humilité parce que souvent je n’étais pas dans le groupe et quand j’y étais, je n’entrais pas, je n’allais pas m’échauffer... donc c’était un peu long. Mais comme le coach l’a dit, si je veux avoir du temps de jeu, il faudra que je me batte à l’entraînement parce que ceux qui sont au milieu de terrain font un boulot énorme. À moi de me mettre au diapason et c’est ce que je suis en train de faire. Je connais de mieux en mieux mon équipe. Et quand je suis arrivé, j’ai aussi dû m’adapter à un nouveau pays, une nouvelle culture, une nouvelle philosophie de jeu. Je suis arrivé sur la pointe des pieds. Ici personne ne me connaît. Je dois me battre pour grappiller du temps de jeu. C’est un beau défi. Mais maintenant c’est en train de porter ses fruits. Tant mieux.

« J’AI TOUJOURS ESPOIR POUR LES BLEUS ET LA COUPE DU MONDE »

Comment jugez-vous le niveau de votre équipe qui réalise un début de saison exceptionnel ?

L’équipe est vraiment impressionnante. Ce qui m’a vraiment marqué les premières fois ce sont l’engagement et l’intensité lors des séances d’entraînement. En France, on n’a pas la même culture de travail. Là on travaille tous les jours à la même intensité et c’est pour ça qu’on est bien sur le terrain.

Vous êtes international. Malgré votre faible temps de jeu, vous avez toujours l’espoir de retrouver l’équipe de France et d’éventuellement participer à la prochaine Coupe du monde ?

Oui, oui. Même si j’ai moins joué dans ma tête je fais encore partie du groupe France. Quand vous avez connu le groupe France, parce que je ne prétends pas être un titulaire de l’équipe de France, vous avez forcément envie d’y retourner. Quand vous regardez les matchs, vous avez toujours un petit pincement au cœur parce qu’on se dit qu’on a déjà connu ça. Mais il faut le garder en tête et se battre pour y retourner. Ça passe par des bonnes performances et des apparitions dans l’équipe. À moi de travailler et ça viendra.

À Madrid, Antoine Simonneau