Melina B tacle la France manicheenne du football
La rédaction

Avec l'EDF, c'est soit noir soit blanc ! Entre lumière et obscurité, il y a ce match face à la Bosnie'J’ai apprécié la phrase de Laurent remédiant à l’emballement médiatique de ce début de campagne éliminatoire pour l’Euro 2012 : « Ce n’était pas catastrophique vendredi face à la Biélorussie, ce n’est pas fantastique aujourd’hui après ce match face à la Bosnie ».

Certes, tout va très vite dans le football… Mais il n’a pas tort de rappeler que les trois points ramenés de Bosnie ne sont pas synonymes de changements radicaux. Bien entendu, mon analyse du jeu français diverge d’un match sur l’autre mais cette équipe de France est loin d’être schizophrène. En quatre jours, les Bleus n’ont pas montré deux visages aux antipodes l’un de l’autre. Il me semble que pléthore d’antagonismes largement exagérés ont été employés.

D’abord, on a parlé d’un non-match où tout est à jeter contre la Biélorussie à un « match référence » face à la Bosnie. Il faut remettre les choses dans leur contexte : premier match officiel pour le nouveau sélectionneur ainsi que pour plusieurs joueurs. Mais surtout premier match devant le public français. Celui qui, il y a quelques mois encore, voulait la peau de tous les membres de l’organigramme du football français sans exception. Il est clair que la reconstruction ne s’improvise pas et qu’un si lourd passé ne peut se dérober sous les crampons. Notamment lorsqu’ils foulent la pelouse d’un Stade de France plein comme un œuf. Jouer libéré était impossible dans un tel contexte !

Le collectif n’a donc pas pu se mettre en place, ce qui ne veut pas dire que les joueurs alignés étaient nuls et le système de jeu inadapté ! Car les mêmes, à quelques exceptions près, étaient là aussi au match suivant. L’exemple le plus significatif est Abou Diaby. Il ne s’est pas métamorphosé, il a seulement été rassuré et a ainsi pu exprimer toute l’étendue de son talent.

Avec un résultat favorable aux Bleus, la Bosnie est ainsi devenue une équipe surévaluée tandis qu’on l’a présentée en amont comme un adversaire solide de ce groupe D. On s’aperçoit que les qualités d’un rival sont mises en exergue lorsque le doute s’installe et que la confiance fait défaut.

Ensuite, d’une équipe de France qu’on a qualifiée de jeune, inexpérimentée voire stérile, on en a fait une « équipe type » qu’il ne faut plus toucher ! On a justifié le mauvais résultat face à la Biélorussie en regrettant l’absence des « cadres » de cette équipe. Cadres qui, rappelons le quand même, n’ont rien démontré durant le court et rude périple africain cet été. Une seule victoire face à la Bosnie a permis de les oublier… Certains s’aventurent désormais à renier tous remaniements susceptibles de bousculer l’équilibre du groupe.

Personnellement, je me réjouis simplement de voir que la dernière prestation des néo-Bleus va relancer le jeu de la concurrence en équipe de France. Tous ces joueurs qui souhaitaient sans humilité ni rendement s’imposer leader de l’équipe reviendront sur la pointe des pieds avec une motivation décuplée et un état d’esprit de compétiteur.

Il sera délicat pour Gourcuff de chiper la place de Diaby ou encore pour Ribéry de venir s’installer sur le flan gauche. Non pas que ces joueurs ne soient pas indispensables mais ils devront le prouver d’une meilleure façon qu’ils ne l’ont fait lors de leurs dernières sélections. Je ne m’étends pas sur le cas Toulalan qui, lui, n’est pas prêt de revoir la couleur des Bleus.

Donc, vous l’aurez compris, il faut raison gardée. Il a suffi de presque rien pour nous redonner le sourire… Le contour d’un collectif est né. Néanmoins, le plus dur reste à faire : grandir…

Actuellement, un seul changement est net et clairement annoncé : quel décalage entre l’ancien sélectionneur et son successeur ! Les discours construits avec comme thème principal le football étaient devenus en effet une denrée rare. Désormais, les joueurs sont ravis de venir en équipe de France. Les médias ont trouvé un bon client en la personne de Laurent Blanc. Et les supporteurs réclament « le Président » en conférence de presse. Tous sont rassasiés !

Une petite déception quand même… Mono-sourcils avait le chic pour nous dégoter des perles ! Appeler en dernière minute un joueur aussi peu crédible par son nom que par son talent, le présenter comme un joker et le jeter en pâture en espérant naïvement qu’il fasse des miracles, Laurent Blanc ne sait pas le faire. Lui croit (que) bon de lancer les jeunes, leur donner du temps de jeu, et ainsi construire l’avenir. De la chute comique à l’ascension réfléchie… deux styles incomparables.

Pour cette raison, Domenech me manquera…