L’incroyable s’est produit. Le PSG s’est fait humilier à Barcelone (1-6) faisant ainsi oublier son exploit magistral du match aller. Et comme on pouvait s’y attendre, la presse et certains observateurs s’en donnent à cœur joie après cette débâcle. Unai Emery est plus que jamais dans l’œil du cyclone. La France du foot dans toute sa splendeur.
La France du foot peut souffler, le PSG s’est fait humilier. Si la prestation parisienne au Nou Camp est certes indigente, les réactions et le traitement médiatique le sont tout autant. La démonstration au match aller en a inquiété plus d’un prenant conscience que le club de la capitale pouvait faire quelque chose sur la scène européenne et surtout qu’Unai Emery a finalement les compétences pour entraîner un grand club. Finalement, tout le monde respire mieux depuis mercredi soir. Le PSG a été corrigé à Barcelone, on peut continuer à dénigrer le technicien basque et trouver des problèmes à Paris. La plupart des médias peuvent continuer à faire des Unes sur Barcelone et à ne surtout pas soutenir le club de la capitale. Plus le temps passe et plus une question me vient en tête : Et si Ibrahimovic avait raison ? Et si la France ne méritait pas le PSG ?
La trêve fût de courte durée pour Emery
Un coup d’éclat magistral contre Barcelone (4-0), une démonstration contre l’OM (5-1), une équipe en constat progrès… Mais on oublie tout. Cette culture de l’instant est insupportable mais tellement révélatrice de ce qu’est notre pays d’un point de vue footballistique. Certes ses choix au Nou Camp n’ont pas été payants que ce soit au coup d’envoi ou durant la rencontre, mais comment lui mettre toute la responsabilité sur le dos ? Comment croire qu’il est devenu un bon à rien en seulement trois semaines ? La pauvreté du débat et la comparaison incessante avec la saison dernière m’exaspèrent. Emery dispute sa première saison sur le banc du PSG, hérite du FC Barcelone en huitième de finale de la Ligue des Champions et affronte en Ligue 1 un adversaire qui aurait dominé les Parisiens au classement lors des quatre premières saisons de l’ère QSI. Mais surtout, les joueurs eux-mêmes ont avoué que la consigne du technicien basque n’était pas de jouer si bas, mais sans aucun patron sur le terrain et avec un Thiago Silva incapable de faire monter le bloc parisien, ça n’aide pas à contrer Barcelone. Mais c’est tellement plus facile de dire que c’est de la faute d’Emery…
Et l’arbitrage on en parle ?
Un autre aspect du traitement médiatique qui a suivi la débâcle parisienne m’a surpris. Pourquoi personne n’a évoqué l’arbitrage ? L’idée n’est pas de dédouaner les Parisiens de leur prestation. Les joueurs ont été en dessous de tout et ne méritent absolument pas de se qualifier. Toutefois, on ne parle pas ici d’un simple petit fait de jeu mal jugé. C’est toute la rencontre qui a été émaillée de décisions arbitrales qui ont fait débat. Gerard Piqué aurait dû se faire expulser, Neymar aurait également pu voir rouge après son geste d’humeur sur Marquinhos, même constat pour Luis Suarez qui aurait dû prendre un second jaune pour sa simulation dans la surface… qui engendre un penalty. Dans l’autre surface de réparation, il semble également surprenant que le PSG n’ait pas bénéficié d’au moins un penalty (les mains de Piqué et Mascherano ou encore le tacle de l’Argentin sur Di Maria). Javier Mascherano a d’ailleurs lui-même avoué après la rencontre qu’il avait commis une faute alors que Di Maria filait seul au but. Mais cet aspect de la rencontre n’a pas frappé la presse française, trop occupée à taper sur Emery. Et pourtant Deniz Aytekin, l’arbitre de la rencontre, a fait la Une de la presse étrangère que soit en Angleterre, en Italie, en Allemagne (son pays d’origine) et à Madrid. Et il n’est pas épargné, à tel point que Pierluigi Collina, responsable de l’arbitrage de l’UEFA, envisagerait une rétrogradation de l’arbitre allemand qui ne devrait plus arbitrer en Ligue des Champions cette saison. Finalement seule la presse catalane (c’est de bonne guerre) et la presse française ont décidé de ne pas insister sur cette information. Un rapprochement déjà entrevu avant la rencontre, puisqu’en Catalogne et en France les titres ne portaient que sur le Barça.
Comment Paris va-t-il s’en relever ?
Un traitement révélateur de l’ambiance générale envers le PSG mais qui n’explique pas l’élimination parisienne. Si cela n’a pas aidé le club de la capitale, les joueurs ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Et cette déroute au Nou Camp, qui va coller à la peau des Parisiens durant toute leur carrière, et même au-delà, pose des questions sur l’avenir du club de la capitale. Comment vont réagir les Qataris, risées de l’Europe aujourd’hui, et qui misent énormément sur l’image. Une chose est sûre, il faudra mieux gérer l’été prochain que le dernier lors duquel un entraîneur a été licencié fin mai contre toute attente pour le remplacer par un autre qui débarque fin juin avant d’être rejoint par un directeur du football mi-juillet. Cette fois-ci, il y a du temps pour se préparer à autre chose. Il faudra recruter et écouter Unai Emery qui a besoin de joueurs qui répondent à sa méthode. Parce que oui il faut continuer avec le technicien basque qu’on ne peut pas juger définitivement et si rapidement. Il faut lui laisser du temps et le laisser préparer un mercato. Ce qu’il n’a pas pu faire l’été dernier. Quoi qu’il en soit, il faudra être fort pour se relever de ce traumatisme et il ne faudra surtout pas compter sur le soutien d’un pays qui n’a rien d’un pays de football dont les gens klaxonnent dans les rues pour célébrer une défaite de son meilleur club ou s’amusent d’une telle humiliation comme si la France pouvait se targuer d’écraser le football européen. Au lieu de cela le FC Barcelone fait la Une des médias. Il y a peu de pays qui ne soutiennent pas ses équipes sur la scène européenne. La France en fait partie. Ibrahimovic avait donc bien raison, la France ne mérite pas le PSG et bien que je ne le souhaite absolument pas, Unai Emery ferait mieux d’aller dans un pays où il est respecté. Il mérite mieux. Mais c’est encore Pascal Dupraz qui résume le mieux la situation et le fond ma pensée. « Ce qui est dommage, et c’est typiquement français comme comportement, c’est que des personnes puissent s’enorgueillir de la défaite de Paris. On a vraiment un pays de merde quand même. Franchement, on se réjouit du malheur des uns et des autres, j’ai du mal à piger. En tant que Français, je pense que nous nous devons de supporter nos équipes en coupes d’Europe. » Tout est dit. Merci monsieur, mais j’ai peur que les choses ne soient pas prêtes d’évoluer dans le bon sens. @Arthur_Montagne