Au sortir d’une semaine où l’actualité « équipe de France » fut chargée, tant en A qu’en espoirs, Didier Deschamps est revenu, pour le Figaro, sur les différents sujets. A commencer par le débordement des 5 Espoirs.
L'institution au dessus de tout Concernant le protagoniste le plus connu, Yann M’Vila, la fermeté du sélectionneur est sans faille : « Même si rien n’est jamais définitif, Yann M’Vila n’a pas d’avenir pour le moment avec les Bleus. Éric Mombaerts lui a accordé sa confiance. Il a été trahi » Un discours fort, sans concession, qui remet au centre le débat de l’importance du joueur par rapport au club. « Comme dans les grands championnats étrangers, l’autorité «'club'» doit être replacée au-dessus de tout ». Un désir de mettre l’institution au-dessus du joueur, pour protéger l’entraîneur et l’image des clubs et de la sélection. « La réaction exemplaire du Stade Rennais par rapport à l’affaire des Espoirs montre qu’il y a une prise de conscience, constate Deschamps. Il faut donner les moyens aux éducateurs et aux entraîneurs d’exercer pleinement leur autorité ».
Toute cette philosophie, ce désir de remettre de l’autorité pour éviter les dérapages incessants depuis 2008, sont transposables à l’équipe de France. Une sélection pour laquelle le capitaine de 1998 a un attachement « plus fort que tout ». A charge pour ses joueurs de s’en inspirer, et à lui de transmettre cet amour et ce dévouement au coq. Une équipe de France qui doit être au centre des préoccupations : « Même pour les joueurs évoluant dans les plus grands clubs européens, l’équipe nationale doit être le fil conducteur de leur carrière ». Un avis que partageait Laurent Blanc, son prédécesseur. Mais qu’il n’a pu insuffler aux joueurs.
Le patron, c'est lui Ce lien avec le maillot bleu se forge au fur des aventures collectives, et des matchs marquants, comme celui à Madrid. « Je suis très satisfait que nous ayons réussi à créer autant de soucis à la sélection qui a remporté les trois grands derniers tournois internationaux, souligne l’ex-coach marseillais. Notre performance en Espagne donne de l’espoir. Il faut la faire fructifier lors du match amical en Italie, le 14 novembre ». Un match amical pour lequel une grosse partie du groupe présent à Madrid sera reconduite. « Les joueurs ayant participé à nos derniers matchs ont un avantage. À eux de maintenir le même niveau d’exigence ». Une envie de donner plus d’expérience à ces joueurs, pour étoffer leur bagage au très haut niveau. Et aussi afin d’affirmer des leaders, comme l’actuel capitaine, Hugo Lloris, dont la « crédibilité repose sur une exemplarité au-dessus de tout. » Didier Deschamps est aussi un fervent supporter de son ex-joueur à Monaco, Patrice Evra, qui souffre depuis 2010 d’un « décalage entre son image et ce qu’il est réellement. »
Tout cela n’a qu’un but, aller au Brésil, en restaurant une image seine de l’EDF. Mais bien qu’adepte de la discipline, Deschamps laisse son groupe se gérer. « Je ne suis pas un dictateur. J’incarne l’autorité mais je ne suis pas un policier. » Mais il sera toujours là pour éviter les dérapages : « Après, si certains joueurs veulent me tester, libres à eux… » Un savant mélange de main de fer dans un gant de velours. Une gestion de plus en plus compliquée tant la communication est difficile à maîtriser avec les moyens modernes, et l’entourage des joueurs. « Ce n’est jamais agréable d’entendre des choses négatives sur soi mais c’est parfois nécessaire pour progresser, explique-t-il. Si deux minutes plus tard, le joueur est conforté dans ses erreurs par son entourage, le message passera plus difficilement. » Là est la quadrature du cercle pour les entraîneurs français. Des choses à corriger simplement mais pas facilement. « Il y a des attitudes simples à avoir pour combler ce décalage': afficher un plaisir communicatif et se montrer disponible. » Et accepter sans broncher les décisions du patron, c'est-à-dire lui : « Quand on fait des choix, on ne fait pas plaisir à tout le monde. Les remplaçants doivent passer outre leur déception et s’insérer dans notre projet collectif. Comme en Espagne… »
Par Ryad Ouslimani
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