Lune medaille olympique c’est fortr
La rédaction

Thomas Levet, le meilleur golfeur français (28e européen), a profité des Etoiles du sport pour se détendre quelques jours en famille, avant de repartir en Floride, ce mardi, et de reprendre le chemin de l'entraînement au lendemain de Noël. Il fait le bilan de sa saison et nous évoque les prochains défis qui l'attendent.

Comment vivez-vous votre aventure aux Etoiles du sport ? C'est un événement exceptionnel. Rencontrer d'autres sportifs nous permet de comprendre que nous avons tous les mêmes problèmes et les même objectifs. J'ai discuté avec Brahim Asloum et on s'est aperçu qu'au niveau de l'adrénaline, elle était parfois au même niveau en boxe qu'au golf. Ça devient incontrôlable. Et quand on devient un champion, on essaye de la contrôler mais c'est presque impossible. Cette rencontre entre sportifs permet également de prendre des autres dans la gestion de la carrière, du stress, des sponsors ou de la presse. Quel bilan tirez-vous de votre saison 2009 ? Une victoire sur le circuit, ça n'arrive pas tous les ans. C'était un de mes buts. Je voulais être dans les 30 premiers, je tiens juste ma place (28e). J'ai bien joué les tournois majeurs, c'était important, mais ça m'a pris du jus pour le reste de l'année. Quant j'étais favori, je n'ai pas été terrible. Et quand j'étais outsider, j'ai été plutôt bon. J'ai fini la saison très fatigué et blessé. Mais j'ai continué à jouer car il y avait de gros tournoi. Où en est votre blessure ? Je la soigne en faisant du ski. Ma tendinite au genou a été créée par ma position d'adresse au golf. Mais je peux faire du vélo, du ski, je n'ai pas mal. C'est une blessure spécifique au golf. Mais je dois faire attention. Dès qu'il y aura un signe, je commencerai traitement. Là je coupe, mais je vais reprendre l'entraînement juste avant Noël sur six semaines en montant en puissance. Je reprends la compétition le 21 janvier à Abu Dahbi. La retraite, c'est quelque chose à quoi vous pensez ? Je n'ai que 41 ans. Un golfeur joue jusqu'à 50 ans. C'est à peu près l'âge que j'aurai lors de JO 2016 au Brésil. Finir sur les Jeux, ce serait magnifique. Mais il n'y a que deux Français qui seront sélectionnés. C'est la carotte pour rester à ce niveau de jeu jusque-là. Il y aura aussi la Ryder Cup en 2018. Mais bon, en golf, je peux arrêter dans un an comme dans 15 ans. Tant que j'ai ce niveau de jeu, que je m'amuse et que je gagne des tournois, je continuerai. Les JO, ça vous parle ? Je sais ce que ça représente. Une médaille olympique c'est très fort. J'y réfléchi depuis deux mois. Le plateau de la 2e place au Britsh Open, il n'est pas dans ma vitrine de trophées. Par contre, ma victoire à l'Open de Cannes est bien exposé. Alors une médaille olympique y sera bien exposée. Une médaille ça se gagne, une deuxième place dans un Tournoi, ça se fait, c'est très différent. La France est en lice pour accueillir la Ryder Cup, qu'est-ce que ça apporterait ? Ça pourrait être fabuleux pour les golfeurs français, le tourisme français et les golfs français car beaucoup sont méconnus. Quand vous accueillez la Ryder Cup, vous pourriez mettre 80 000 personnes sur le parcours. Ça veut dire sur une semaine 400 000 spectateurs, tous golfeurs. Un golfeur qui part d'Angleterre pour venir en France, il va jouer deux ou trois fois sur le chemin et idem en repartant. C'est donc très bien économiquement. Il n'y pas que le golf qui va être gagnant. Le Ministre du tourisme est à fond derrière nous. Sur six jours, vous avez l'équivalent de la coupe du monde de foot. C'est un événement très important. Et l'ambiance est incroyable. C'est un peu comme tirer le pénalty de la gagne, sauf que vous êtes au milieu des spectateurs et que tout le monde vous gueule dessus. C'est un truc de malade! La candidature est bien montée. Ça permettrait aussi de faire monter le nombre de licenciés et passer peut-être au 3e rang mondial. Est-ce également important pour l'émergence d'un golfeur français au plus haut niveau mondial ? Au plus haut niveau mondial, on en a douze, c'est déjà pas mal. On a de la qualité, mais on manque d'expérience car le golf est un sport jeune en France. La transmission du savoir commence à se faire. Qu'est-ce qui manque au golf en France ? C'est la proximité du golf par rapport à la ville. Dans beaucoup de pays, le golf est un développeur de l'immobilier. Où j'habite en Floride, ils construisent un golf et vendent les maisons autour. A Paris, on est coincé car entre le temps pour rejoindre un parcours et le temps de le faire, il faut la demi-journée. Moi, en trois minutes, j'y suis. Tiger Woods a décidé de faire une pause, quel est votre sentiment par rapport à cette annonce ? On ne peut pas se réjouir du malheur d'un mec. Il est humain. Il s'agit de problèmes conjugaux qui arrivent à tout le monde. Qui ne s'est pas engueulé avec sa femme ? Celui qui répond jamais est un menteur ! Ou qu'il n'a pas de femme ! Là, il y a eu un accident de voiture et après, c'est partie en sucette. Il faut que ça s'arrête. En mettant sa carrière entre parenthèse, ça va lui permettre d'arrêter tout ça. Est-ce une perte pour le golf ? Sur le court terme peut-être. Mais dans 20 ans, il va arrêter sa carrière, j'espère qu'il y aura quelqu'un qui prendra le relais. Ça va relancer pas mal de compétition et décomplexer pas mal de joueurs, comme les Américains. Car Woods gagne beaucoup plus sur le circuit américain que sur le circuit européen. Ils ont donc un complexe énorme par rapport à lui. Propos recueillis par Maxime Raulin à La Plagne