ASSE : les anciens décryptent le malaise
La rédaction

Le 10 Sport a sondé plusieurs joueurs ou dirigeants mythiques des Verts pour connaître leur opinion sur la relève, notamment après les deux derbies perdus face à l’OL. Les avis sont quasi-unanimes : cette équipe n’a pas la gnac.

Grégory Coupet (joueur de 1993 à 1997) : « On ne sent plus la culture de la gagne » « Je me suis forcément senti concerné par les deux derbies, surtout que c’est moi qui ai effectué le tirage au sort de la Coupe de la Ligue. Et j’ai assisté à ce que j’imaginais : des Lyonnais qui, d’un côté, ont une culture phénoménale de la gagne, et de l’autre, des joueurs de l’ASSE qui acceptent trop facilement la défaite. On ne sent plus dans ce club une vraie culture de la gagne. Qu’on ne vienne pas me dire que c’est Aulas qui a fait ceci ou cela, ou même que la notion de derby n’a pas assez été expliqué aux joueurs stéphanois. A Lyon, c’est simple, on hait la défaite, ça ne fait pas partie du vocabulaire. Je trouve qu’à l’ASSE, on l’accepte trop sans se remettre en cause »

Robert Nouzaret (entraîneur, 1998-2000) : « Je n’ai pas vu de rage chez les joueurs » «Au niveau du jeu, de l’emprise et surtout de l’état d’esprit, j’ai bien aimé car on n’était pas loin de faire un résultat. Ce que j’arrive moins à comprendre, c’est que le fait d’avoir perdu chez toi doit ensuite te donner une motivation supplémentaire, une véritable rage. Et ça, je ne l’ai pas vu. Maintenant, et au-delà de toute considération psychologique, le problème majeur de l’ASSE est qu’il manque un buteur. Il y a des occasions, mais comme personne ne les met au fond »

Patrick Revelli (joueur de 1968 à 1978) : « On se trompe d’objectif » « En championnat, je sais qu’il a été dit par le président que l’ASSE visait la 8ème place… Ce qui me gêne aujourd’hui, c’est qu’on oublie au club une chose essentielle : ce qui valorise une équipe et un club, c’est le championnat. Les coupes, c’est trop aléatoire. La Coupe de France peut nous amener en demi-finale ou au stade de France, en effet. Mais on peut aussi se faire éliminer au 2ème tour. Je pense qu’on se trompe d’objectif. »

Patrice Garande (joueur de 1987 à 1989) : « L’ASSE ne se bat pas pour redevenir ce qu’elle était » « Quand les joueurs ne se donnent pas à 100% de leurs possibilités, surtout pour un derby, il est normal que cela ait du mal à passer. Aujourd’hui, même si l’OL et l’ASSE ne sont pas au même niveau, Lyon ne domine plus le football français. Ce club est revenu à certaines valeurs, et notamment celles du derby. On a l’impression que Lyon se bat aujourd’hui pour redevenir l’équipe qu’elle était, ce qui n’est pas le cas à Saint-Etienne. »

Christian Sarramagna (joueur de 1970 à 1979, entraîneur de 1990 à 1992) : « On manque d’atouts » « Lyon a beaucoup plus d’expérience et de vécu par rapport à ce genre de confrontations. Psychologiquement, ils appréhendent moins, ils sont beaucoup plus sereins. Physiquement et techniquement, je pense qu’ils ont des atouts que Saint-Etienne n’a pas. La différence se fait sur des détails, sur des individualités. Mais quand on sait ce que représente un derby, l’envie doit être là. C’est Lyon qui en bénéficie aujourd’hui et ça ça n’aurait pas été le cas il y a quelques années. »

Gérard Soler (directeur sportif, 1998-2001) : « Rendre le club aux supporters » « Lorsque j’entends Roland (Romeyer) à propos des valeurs disparues du derby, et qu’il va devoir parler aux joueurs pour leur dire ce que cela représente, je me dis qu’il y a un vrai problème. Ca prouve surtout à quel point l’ASSE s’est renfermée sur elle-même et qu’on a isolé les joueurs de la ville et de ses supporters. Il faut rendre ce club à ses fans, ça ne peut plus durer. Au niveau sportif, je pense la même chose depuis maintenant pas mal de rencontres : on a un bon entraîneur, on a un bon effectif, mais pas onze joueurs capables d’être au même niveau au même moment. »

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