Espagne : Les vraies raisons du renouveau
La rédaction

Inquiétante face à l'Italie, l’Espagne avait surpris en alignant un onze de départ dépourvu d’attaquant de pointe. Un profil qui n’est pas sans rappeler la philosophie du Barça, où Fabregas a l’habitude d’évoluer en tant qu’attaquant axial. Mais Vicente Del Bosque a fini par céder sous la pression populaire en réintégrant une vraie pointe contre l’Irlande. Score final net et sans bavure : 4-0 ! Mais les raisons de ce retour en grâce sont plus profondes.

Fustigé de toute part, Vicente Del Bosque a finalement craqué. Les nombreuses critiques venues de l’Europe entière auront eu raison de son 4-3-3 à la mode barcelonaise. Il faut dire que l’ancien entraîneur du Real n’a pas été ménagé pendant ces quatre jours qui ont séparé les deux premières rencontres de sa sélection.

Tout le monde a son mot à dire
Ancien sélectionneur de La Roja, Luis Aragones fut l’un des premiers à attaquer : « Le choix de Del Bosque n'était pas bon à mes yeux, Fabregas est plus utile derrière un vrai attaquant. » Suivi de près par Mourinho, toujours aussi taquin avec ses rivaux catalans : « Le toque entre Xavi, Iniesta et Fabregas, sans créer de danger dans la zone de Buffon, ce n’est pas bon. Les milieux ont quand même fait un gros effort, mais sans attaquant l’équipe est restée stérile. » Puis un peloton formé par des journalistes européens et par l’opinion publique a pris le relais d'Aragones. Tout ce beau monde a dû néanmoins apprécier la leçon espagnole infligée à l’Irlande (4-0), ainsi que l’apparition d’un vrai numéro 9, à savoir Fernando Torres qu’il juge, à tort, primordial dans cette victoire. En effet, les vraies raisons se situent plus bas sur le terrain.

Ces records qui tombent
Elles se trouvent plus exactement au cœur du jeu espagnol, là où les artistes du ballon rond s’expriment le mieux. En panne d’inspiration face au bloc italien, l’entrejeu espagnol a ensuite passé la première pour arracher l’égalisation, avant de lâcher les chevaux face aux Irlandais pour atomiser leurs premières victimes de cet Euro. Les Xavi, Iniesta, Busquets et Xabi Alonso ont tout simplement réalisé un match historique, pulvérisant le record du nombre de passes durant un match de championnat d’Europe avec un total de 860 passes dont 788 réussies, soit 91% !

Autant dire que les petits hommes verts ont vu rouge, surtout lorsque l’insaisissable Xavi délivrait ses merveilles de passes les unes après les autres, battant lui aussi le nombre de passes d’un même joueur pendant un match de cette compétition. Selon les statistiques de Castrol Edge, le Catalan a été l’auteur de 136 passes dont 127 réussies, ce qui représente plus de 93% de réussite ! Du jamais vu dans un championnat d’Europe, en attendant mieux, peut-être dès cette édition si les Espagnols confirment leur retour aux affaires. Quoi qu’en dise Mou, le toque à la catalane relève sensiblement le niveau de La Roja

Eric Bethsy